Eat 'Em and Smile

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17/20
Nom du groupe David Lee Roth
Nom de l'album Eat 'Em and Smile
Type Album
Date de parution 1986
Produit par Ted Templeman
Enregistré à Fantasy Studios
Style MusicalHard Rock
Membres possèdant cet album191

Tracklist

1. Yankee Rose 03:47
2. Shyboy 03:23
3. I'm Easy 02:03
4. Ladies' Nite in Buffalo? 04:08
5. Goin' Crazy 03:21
6. Tobacco Road 02:27
7. Elephant Gun 02:23
8. Big Trouble 03:56
9. Bump and Grind 02:42
10. That's Life 02:29
Total playing time 31:04

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David Lee Roth


Chronique @ samolice

12 Novembre 2011

En ce mois de juillet 1986, la France retient son souffle...

- "Ah bon! Et pourquoi donc?" se demandent probablement les plus curieux d'entre vous.

Bernard Hinault sera-t-il le premier cycliste à gagner 6 tours de France?
La calculatrice va-t-elle être enfin autorisée aux examens?
Images est-il détrôné de la tête du Top 50 par Stéphanie de Monaco?" (Pauvre de nous...)

En réalité, et bien que ces questions soient essentielles, rien de tout cela.

Non, ce qui divise la France, tout au moins la frange métal de notre population, c'est la sortie quasi-simultanée du nouvel album de Van Halen et du premier projet solo (EP excepté) de David Lee Roth. Pour être tout à fait exact, l'album de Roth succède à celui des Van Halen brothers sorti 4 mois plus tôt. Choisis ton camp camarade.

Ah, on me dit dans l'oreillette que la France se foutait pas mal de la querelle pro-Roth contre pro-Van Halen.

Exact.

Il faut plutôt traverser l'atlantique pour comprendre combien le départ de Dave, et les amabilités échangées par presse interposée qui ont suivi, ont créé un climat tendu à l'extrême. Morceaux choisis :
Sammy Hagar à propos de Dave Lee Roth : "Je n'ai rien contre lui. (...). C'est une vraie star. Mais il n'est pas pour autant un musicien vraiment doué de talent. (...). Dave a les qualités d'une star, on ne peut pas lui enlever ça mais je n'ai jamais été impressionné par sa façon de chanter" (Metal Attack, 28, Janvier 1986).
Dave : "Ce qui me fait marrer au sujet de Van Halen, c'est bien que le nouveau chanteur du groupe d'Eddie soit sorti si vite de l'oubli, pour se retrouver aussi soudainement avec un micro à la main. Voilà un mec qui m'a toujours descendu, ce qui explique que je ne lui ai jamais serré la main" (Enfer Magazine, 38, Juillet-Aout 1986).

Eddie Van Halen, limite parano, veut un contrôle total sur le groupe. Il refuse que les autres membres donnent des Interviews sans lui : c'est le groupe au complet ou rien. Ambiance...

Pour la petite histoire, j'étais à New York en août 1986, et je me souviens d'une "discussion" un soir devant le célèbre CBCG entre plusieurs amateurs de rock, discussion qui avait fini en baston, certains accusant Van Halen de tous les maux - et notamment Eddy d'être un alcoolique invétéré, ce qui était plutôt cocasse vu l'état de décomposition éthylique avancée de l'auteur de cette déclaration d'amour à l'encontre du guitare de VH! -, les autres reprochant à Dave d'avoir lâché le groupe pour la seule motivation de profits financiers (quel remarquable argument pour parler de quelqu'un qui vient de quitter la poule aux oeufs d'or VH!).
Cette anecdote est emblématique de l'impact qu'a eu cette séparation aux States. Vu depuis la France, bien évidemment, cela peut surprendre...

1986-2011. Cela fait 25 ans cette année que le conflit perdure. Happy birthday!

Depuis, il est difficile de parler des uns (VH) sans évoquer l'autre. Il est étonnant par exemple de constater la quasi parfaite symétrie des sorties respectives des deux groupes depuis. Hasard ou rivalité toujours plus exacerbée?
1986. Van Halen "5150" vs. David Lee Roth "Eat Em and Smile"
1988. Van Halen "OU812" vs. David Lee Roth "Skyscraper"
1991. Van Halen "For Unlawful Carnal Knowledge" vs. David Lee Roth "A Little Aint Enough"
1994/95. Van Halen "Balance" (janvier 95) vs. David Lee Roth "Your Filthy Little Mouth" (mars 94)
1998. Van Halen Van Halen "III" (BEURK!!!!) vs. David Lee Roth "DLR Band".

Plus surprenant encore, permettez moi de noter à nouveau la quasi parfaite symétrie dans la baisse de qualité des sorties respectives des deux groupes. C'est vraiment un marquage à la culotte digne des meilleurs défenseurs Italiens!

Mais je m'égare un peu du propos initial. Comment en est-on arrivé là? Et surtout que vaut ce premier album "solo" du roi David?

1985, alors que Van Halen est à l'apogée de son succès, avec notamment une tournée US triomphale en 1984, les fans reçoivent en pleine figure une bien mauvaise nouvelle à laquelle il ne croit guère au début - celle-ci étant annoncée un premier avril, sacré Dave... - avec le départ de son charismatique chanteur. Comme si Robert Plant avait quitté Led Zeppelin en pleine gloire.
Enorme sensation et grande tension entre Eddie et David! Les ennuis débutent après la sortie de l'Ep solo 4 titres du chanteur ("Crazy from the Heat"), uniquement des reprises, et couronné d’un disque de platine aux USA. Remonté comme une pendule, il souhaite multiplier les projets, musicien solo, acteur à Hollywood, quand Eddie aspire à une implication totalement dévouée à Van Halen (dans le même "genre", souvenons-nous des raisons du départ de Jason Newsted de Metallica).
Pour Eddie, c'est la goutte de whisky qui fait déborder le vase et Dave fait ses bagages.

Loin de se morfondre, le chanteur commence à esquisser le portrait de son groupe idéal...
A la basse, Billy Sheehan, connu pour son travail au sein de Talas notamment. Billy, qui a récemment avoué avoir été souvent approché par les frères Van Halen pour tenir la basse, en 1980 après une tournée commune Van Halen / Talas, en 1982 après l'enregistrement de Diver Down ou, plus surprenant encore, juste avant que David ne l'appelle pour lui faire part de son projet, refusera toujours, par amitié pour Michael Anthony.
Une dernière tentative, avortée, aura lieu après le désastreux III en 1998. C'est qu'ils s'accrochent les frangins!
Pour taper sur le casseroles, Gregg Bissonnette fera (très bien) le boulot.
Rayon guitare, au début du projet, Dave a en tête un guitariste époustouflant dont la réputation est grandissante...

- "Ok, on est au courant, Steve Vai bien sur".

Raté! C'est Steve Stevens, révélé avec Billy Idol, qui est le premier choix de Dave. Mauvaise pioche, l’affaire tourne court. Billy Sheehan propose alors un autre Steve, le grand Steve Vai. Merci Billy!
Révélé pour sa collaboration avec Frank Zappa, Vai est encore un inconnu du grand public lorsque le poste lui est proposé. Une intro, passée à la postérité depuis ("Yankee Rose"), suffira à attirer vers lui le regard de tous les amateurs de (hard) rock.

Le line-up est au complet. Les musiciens se mettent au boulot et le bébé vient au monde le 7 juillet 1986.
Au niveau musical, plutôt que de suivre la route tracée par l'album "1984" et son tube "Jump", avec abondance de claviers, ce que proposera - plutôt bien d'ailleurs - Van Halen avec l'album "5150" et des titre tels que "Dreams" ou "Why can’t this Be Love" ou "Love walks in", Roth reste fidèle à son style de prédilection : un BIG ROCK, plus proche de l'esprit des Van Halen I et II. Seule exception, le titre "Goin Crazy" qui aurait très bien pu être présent sur "1984", et dont les claviers sont tenus par, je vous le donne en mille : Jesse Harms, initialement claviériste chez Sammy Hagar!

Ok donc pour du big rock. Mais cela ne suffit pas à Dave. Il veut un album aux nombreuses couleurs, représentation parfaite de sa mégalomanie, et condensées en un temps record, moins de 31 minutes.

Ainsi, ce qui frappe probablement le plus l'oreille de l'auditeur, c'est l'incroyable diversité des styles appréhendés. Rarement le contenu d'un album n'aura été aussi fidèle à son contenant (sa magnifique pochette) : un patchwork de titres aux sonorités très différentes mais au final particulièrement bien connectés les uns aux autres.
L'auditeur passe de chansons typiques du style big rock de Dave ("Goin' Crazy!", "Yankee Rose", "Big Trouble", "Bump and grind"), au hard rock "boogisant" ("Shy Boy", "Elephant Gun"), à des titres mid-tempo bien groovy alliés à des sonorités plus teintées Blues/Jazz ("Ladie’s Nite In Buffalo", "Tobacco Road") ou carrément 50-60’s, ambiance crooner et music-hall davantage dans le style de l'Ep précédemment cité ("I’m Easy" et ses superbes cuivres, "That’s Life", reprise d'un standard de Sinatra).

La personnalité unique de Dave, ainsi que la qualité incroyable des arrangements proposés tout au long de l'album, permettent de maintenir un lien d'ensemble à des compositions aussi disparates. L'ordre des chansons, parfaitement agencée, participe également à cette parfaite harmonie.

Bien évidemment, au regard du CV des protagonistes, le niveau technique est bluffant mais il est toujours mis au service de compositions brillantes, exploit que Billy parviendra à reproduire avec Mr Big pour leur premier album éponyme.

Cet album est soigné dans ses moindres détails. Un travail complet, avec une attention particulière accordée aux paroles, ce qui n'est pas toujours le cas avec les groupes américains oeuvrant dans une veine "commerciale" (Oh i love you babyyyyyyyyyyyy).
Entre clin d'oeil aux fans et medias sur Yankee Rose (“Guess who’s back in circulation / Well, I don’t know what you may have hear”), humour coquin ("Ladies Night in Buffalo?", "Elephant Gun"), ou petites histoires de la vie ordinaire qui "dérape" - tout à fait dans l'esprit du Ac/Dc période Bon Scott - ("Big Trouble"), Dave a su parfaitement mettre sa musique en paroles.

Finalement, s'il est un titre qui illustre au plus au point la parfaite alchimie qui règne entre le musiciens, c'est bien ...

- "Ok, on est au courant, Yankee Rose bien sur".
Encore raté!

Si tout le monde a encore en mémoire cet hymne larger-than-life, avec la célèbre introduction au cours de laquelle Dave et Steve se répondent, voix contre guitare, c'est surtout l'immense "Shy boy", qui n'a de timide que son titre et qui a déjà été enregistré par Talas, le groupe précédent de Billy, que j'ai immédiatement à l'esprit lorsque je pense à ce disque.
Bastonnade de batterie en règle, guitare en ébullition, basse qui groove, et la voix de Roth qui plane magnifiquement sur l'ensemble. 3 minutes 25 de bonheur.
Ce titre résume en outre l'incroyable maîtrise de Steve tout au long de l'album. Y'en a un qui a dû faire la gueule en entendant ça... Dans ce style musical, - et je précise bien dans ce style musical uniquement, ce n'est donc pas la peine de m'inonder de commentaires sur le talent d'untel ou d'untel oeuvrant dans le prog ou autre thrash métal -, trouver quelqu'un de plus brillant qu'Edward Van Halen était impossible. Pour autant, Steve Vai fait mieux que limiter la casse. Il est magistral d'un bout à l'autre de l'album! Il livre ici probablement le travail le plus "accessible" de toute sa carrière… sans pour autant proposer des plans entendus mille fois par ailleurs.

Au rayon des anecdotes, il paraîtrait qu'une version du "Kids in Action" de Kim Mitchell (http://www.youtube.com/watch?v=YtkoBxuSWBU&feature=related) a été enregistrée en studio mais qu'elle n'est pas apparue sur l'album du fait des contraintes temporelles imposées par le label qui voulait sortir la galette au plus vite après celle de VH. Une démo réalisée lors de l'enregistrement de l'album et présentant cette reprise existerait. A bon entendeur...
Enfin, plus nombreux parmi nous sont ceux qui ont déjà pu entendre la version espagnole de l'album. Une idée que l'on doit bien évidemment à :

- "Ok, on est au courant, Dave bien sur" .

Encore raté!

Sonrisa Salvaje ("Sourire Sauvage") est une idée de Billy Sheehan, qui avait lu que la moitié de la population d'origine mexicaine avait entre 18 et 27 ans, une cible marketing parfaite. Cette version fut très mal reçue, accusée d'offrir de "l'espagnol de gringo". Seule et unique mauvaise pioche pour Billy. L'écoute est néanmoins agréable et plutôt originale.

Au niveau des ventes, l'album de Roth atteindra le top 4 au billboard 200 US (1 million de ventes), celui de Van Halen ("5150") la première (6 millions de galettes écoulées).

Pour autant, si vous me demandez quelle est ma préférence, je vous répondrai sans hésiter...

- "Ok, on est au courant, l’album de Dave bien sur" .

Gagné!!!!!!!
La rédaction d’Enfer Magazine (44, Janvier 1987) classe l’album de Dave numéro 1 de cette année 86 – bon en même temps avec Master of Puppets 3ème ça se discute ! -, celui de Van Halen, 19ème. Une victoire par KO plutôt qu'une victoire aux points (ou aux poings vu les relations entre Dave et ses anciens acolytes).
Le titre de l'opus, "Bouffe les et rigole", à défaut d'être d'une grande élégance, a au moins le mérite d'être explicite sur les motivations de Roth à l'époque.
Dans toute cette affaire, il y en a un qui ne s'est pas trompé : Ted Templeman, l'homme derrière la console chez Van Halen pour les 6 (!) premiers albums du groupe et qui a préféré produire l'album de Roth - à la perfection - plutôt que celui des frangins VH. Remis dans son contexte, il s'agissait là d'une sacrée preuve de confiance envers le Roth Band.

Roth pouvait-il pousser l'aventure musicale encore plus loin, plus haut, plus fort? Hélas, les albums suivant laissent à penser qu'une réponse négative s'impose. Lorsque sort son successeur "Skyscraper" en 1988, les claviers se font trop présents et les titres trop linéaires en comparaison de l'incroyable richesse de ce "Eat ‘Em and Smile" que je vous invite vivement à (re)découvrir.


24 Commentaires

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Chriscatcher - 08 Janvier 2014: Un fabuleux album qu'on ne se lasse pas de réécouter. Van Halen ou David Lee Roth ? Sur ce coup là, Diamond Dave remporte le match haut la main. Un putain de line-up et des compos de tueurs. La version espagnole vaut également son pesant de cacahuètes.
samolice - 08 Janvier 2014: J'aime bien écouter un ou deux titres de la version espagnole de temps en temps mais j'avoue me lasser un peu vite. J'ai en revanche, depuis la chro, beaucoup réécouté l'album suivant et je l'apprécie davantage maintenant qu'à sa sortie. Curieux.
ZazPanzer - 14 Avril 2014: Je reviens sur cette excellent article, thanx again Sam. Suite à ma lecture de l'autobiographie de Diamond Dave, je peux donner quelques nouveaux éléments (bien entendu c'est la version de Dave..) L'anecdote que je connaissais concernant "Beat It" est vraie à peu de choses près (voire ce que j'avais écrit plus haut), Dave n'était pas au courant qu'Eddie avait été contacté par Quincy Jones et il a découvert le titre en l'entendant sur un autoradio et en reconnaissant immédiatement Eddie.

Dave raconte comment il s'est lancé dans cette carrière solo : les sessions de 1984 ont duré plus d'un an car Eddie était concentré sur 2 choses : la bouteille, et la carrière de sa femme à la télé, qui lui avait demandé de l'aider, et Eddie passait donc son temps à enregistrer des jingles dans son studio et à faire des conneries pour Bobonne sans donner signe de vie. Pendant ce temps, Dave était au studio de Ted Templeman, et les deux attendaient sur un banc qu'Eddie daigne répondre au téléphone ou même par miracle pointer son cul. Au bout d'un moment, les deux potes Ted et Dave en ont eu juste un peu marre de se faire chier toute la journée et c'est sur une blague de l'assistant de Dave, Big Ed, qu'ils décident d'enregistrer "Just A Gigolo", puis ensuite de réaliser le clip dans l'unique but de se marrer et d'attendre Eddie. Mais la blague cartonne sur MTV, ce qui va encourager la suite !

D'autre part, Dave dit qu'à cette époque, il crevait d'envie de refaire de la scène, mais qu'Alex refusait et voulait uniquement faire 6 gros concerts pour se faire un peu de blé et rester picoler à la maison. C'est seulement quand Dave sortira ce "Eat 'Em And Smile" que le clan VH se remettra sur le pied de guerre en repartant en croisade partout dans le monde, refusant de se faire marcher sur les pieds par Dave !

Enfin, concernant les ventes du Eat 'Em And Smile, on trouve la certification Platine sur plusieurs sources du Net, Dave parle du double dans son bouquin...
samolice - 14 Avril 2014:

Merci Zaz, c'est cool quand tu as du temps libre héhé. j'ai toujours autant de mal à croire que Eddie ait pu bosser avec Jackson en cachette mais bon, c'est le point de vue de Dave. Cette bio a l'air vraiment chouette en tous les cas. Navré de constater encore à quel point Eddie est dépendant de l'alcool. Ca va finir par lui couter cher...

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