ESC

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18/20
Nom du groupe Zierler
Nom de l'album ESC
Type Album
Date de parution 16 Octobre 2015
Style MusicalMetal Progressif
Membres possèdant cet album15

Tracklist

1.
 A New Beginning
 07:24
2.
 Aggrezzor
 06:03
3.
 Darkness Delight
 07:04
4.
 Dark to the Bone
 05:17
5.
 Evil Spirit
 05:57
6.
 Married to the Cause
 06:00
7.
 No Chorus
 05:38
8.
 Rainheart
 07:12
9.
 You Can't Fix Me No More
 04:44
10.
 Water
 08:32
11.
 Whispers
 08:10

Durée totale : 01:12:01

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Zierler


Chronique @ Eternalis

29 Octobre 2015

"ESC" est-il l’album parfait ?

« L’attente est en proportion du bonheur qu’elle prépare »
Michel Dupuy

Difficile de savoir si cette citation se vérifie à chaque fois mais il y a des situations où l’attente ne possède plus de mots pour la décrire.
Neuf ans.
Dans le cas présent, il s’agit de neuf longues années séparant l’inoubliable et incommensurable "For the Love of Art and the Making" de Beyond Twilight de ce retour solo semblant à bien des égards inespéré. Car il faut le dire, nous ne l’attendions plus. Personnage public insondable et très rare, Finn Zierler n’avait pas donné de réelles nouvelles depuis 2007 et l’annonce d’une prise de recul. En 2013, un extrait d’un titre ("Aggrezzor") avait été dévoilé mais rien depuis. Rien sur les réseaux sociaux. Rien sur un site internet abandonné depuis longtemps. Rien dans les médias. L’homme aurait disparu de la surface du globe que le calme n’aurait pas été plus plat. Pourtant, des indices étaient discernables dans la pénombre, comme ces posts à l’été 2014 de la part de Kelly Sundown Carpenter (le vocaliste de "Section X") qui décrivaient un disque quasi terminé et un véritable retour dans le passé. Mais encore une fois, rien de la part du principal intéressé et encore moins d’une hypothétique sortie d’album.

Puis tout s’accéléra en quelques jours. Le 3 septembre dernier, Zierler sort enfin de son mutisme pour annoncer la sortie du disque final le 16 octobre. Il s’appellera "ESC", dévoile dans la foulée un artwork mystérieux et un label nébuleux, Vanity Music, pour la sortie du graal tant attendu.
C’est alors que certains doutes refont surface. Ces neuf années auront-elles été utilisées à bon escient ? Comment donner un successeur à un disque aussi personnel et unique que "For the Love of Art and the Making" ? Pourquoi refaire appel à Kelly ? Que va bien pouvoir apporter Per Nilsson et sa patte si particulière à la guitare ?
N’ayez crainte, une seule chose est certaine. Toutes ces questions, d’une futilité déconcertante, s’envole dès la première écoute. Il n’est plus sujet à débat ou quoique ce soit d’autres. "ESC" est une œuvre d’art dans tous les compartiments de jeu. Il dépasse tellement les clivages musicaux que l’on en vient à se trouver ridicule d’avoir pu douter à un résultat autre que celui que nous tenons entre nos mains. A autre chose qu’un nouveau chef d’œuvre.

Avec "The Devil’s Hall of Fame", "Section X" et "FTLOAATM", Beyond Twilight avait été très loin dans l’expérimentation du metal progressif en poussant dans ses derniers retranchements les concepts musicaux. Le dernier opus en date était en soi une étrangeté inédite et inégalée en la matière, composé d’une unique pièce de trente-sept minutes pour quarante-trois pistes et une multitude de possibilités d’écoutes. Nous nous disions que le meilleur moyen de faire suite était de faire différent mais Zierler ne fit pas dans la facilité pour "ESC".
Il semble évident que la quantité astronomique de travail emmagasiné en neuf ans à contribuer à l’immense richesse de ce premier épisode solo à la longueur désarmante (soixante-douze minutes), la complexité impressionnante et les niveaux de lecture multiples. Des longs dédales musicaux et schizophrènes du précédent album, "ESC" récupère l’ambiance parfois extrêmement sombre pour se recentrer autour du chant, à l’instar de "Section X" mais dans une veine plus théâtrale qu’arborait "The Devil’s Hall of Fame". Le meilleur des mondes ? Oui, et bien plus encore.

Une nouvelle dimension symphonique enveloppe premièrement un "ESC" qui développera un prisme conceptuel aux diverses facettes. Une critique incessante de notre société de masse, des médias détruisant nos pensées, d’un modernisme avilissant nos enfants mais aussi d’une pratique artistique ne devenant plus que normalité et règles à ne pas oublier sous peine de faute grave.
Tel un symbole, "A New Beginning" ouvre ce nouveau récital et s’adresse en premier lieu à ceux l’ayant attendu tout ce temps. C’est avec émotion que Kelly nous chante, de sa voix enchanteresse « I promise you no more waiting. How it pleases me to welcome you home. I know you’ve languished long without a song to wrap you in the twilight ». Le doigté unique de Finn est reconnaissable entre mille, le riff est lourd et sombre, l’ambiance chargée de ténèbres et les arrangements fourmillent à chaque recoin de composition. La première envolée lyrique est un véritable bonheur démontrant une fois de plus que Kelly est un chanteur surdoué capable de presque tout chanté. Mais là se trouve également une nouveauté de taille que nous n’avions pas anticipée. Il n’est plus seul. Truls Haugen, batteur chez Circus Maximus (mais aussi guitariste et bassiste à ses heures) assurent énormément de parties vocales (presque la moitié de l’album pour tout dire) et, comme sur les albums de Beyond Twilight, Finn a déterré un talent incroyable que personne ne connaissant en tirant la quintessence d’une identité pure. Il ne lui suffit que d’une seule phrase sur ce premier titre pour mettre tout le monde d’accord, la répétition d’une violence tétanisante du titre du morceau, comme un message qu’il souhaitait gravé au fer rouge (« This is the new beginning »). Il est un indicateur pour faire comprendre que le metal extrême sera également un univers exploré, Per Nilsson envoyant juste après un solo torturé dont son jeu porte la marque de fabrique unique.

Ne cédant jamais à la facilité, Zierler n’a pas cantonné Truls a un rôle de hurleur puisque "Aggrezzor" qui suit derrière démontre qu’il peut tout aussi jouer sur le terrain de Jorn dans une évocation très théâtrale et mélodique des lignes vocales. D’une technicité redoutable et alambiquée comme jamais, la musique est le reflet parfait d’une âme dont les tourments ne semblent s’être jamais arrêtés. Bobby Jarzombek réalise un travail incroyable derrière sa batterie en terme de précision et de rythme. Le refrain couple les deux vocalistes, Truls hurlant comme un damné pendant que Kelly noirci l’ambiance par son timbre si unique.
"ESC" fait partie de ces albums où les mots, malgré leur puissance, paraissent bien fades pour permettre la description de ce que nous ressentons à l’écoute. Les arrangements se comptant par dizaines, le fourmillement de détails faisant de chaque écoute une nouvelle découverte, l’interprétation paroxysmique de chaque musicien derrière son instrument ainsi que les compositions d’un très haut niveau d’exigence rendent l’exercice de la chronique bien futile tant il faut vivre encore et encore l’album pour s’imprégner de chaque ambiance, de chaque mélodie où suinte une noirceur mais avant tout un amour de la musique, de l’art et du talent à l’état pur.

S’il sera impossible de parler de tout, certains passages seront tout de même à mentionner tant ils interpellent. Comment passer sous silence le formidable "Dark to the Bone" et son rythme semblant provenir du souffle d’une bête en sommeil ? Le riff est lourd, l’interprétation vocale de Kelly prodigieuse mais surtout, il est impossible de passer sous silence ce break orchestral inouï de génie et de rythmes complexes. "Evil Spirit" apparait d’ailleurs comme sa suite logique mais va encore plus loin dans la noirceur et le malaise, laissant la place ici à la violence de Truls au chant. La production de Jacob Hansen permet de mettre en relief la basse et les graves avec énormément de lourdeur et de profondeur et de rendre la musique encore plus suffocante.
A côté de cela, des morceaux comme "Married to the Cause" ou "Rainheart" paraissent plus proche d’un metal progressif tel comme nous pouvions l’attendre, avec le style si particulier du danois (notamment "Married to the Cause" d’un point de vue technique). Comme l’avait été tout le concept de "FTLOAATM", "No Chorus" est une fantaisie d’un homme jouant des clichés et des stéréotypes pour écrire un texte sur les normes à l’intérieur des chansons, chanter textuellement « This song has no chorus » pour en faire un refrain et fustiger la normalité et les standards dans le monde artistique. On y retrouve d’ailleurs les sonorités les plus étranges qui avaient parcouru le précédent disque, les deux chanteurs se partagent le micro pour beaucoup de narrations fortement oppressantes et une partie soliste complètement folle et d’un niveau technique impressionnant.

C’est avec deux pavés que Zierler termine ce "ESC" certes opaque mais tellement délicieux et appétant qu’il semble vouer à tourner encore et encore. "Water" tout d’abord, très théâtral et peut-être (c’est dur à dire) le meilleur titre de l’album. La performance de Kelly y est exceptionnelle d’émotion, la montée en puissance prend pleinement aux tripes et le spleen qui glisse sur cette ligne de basse bluesy se veut d’une beauté unique. Bien moins technique, ce titre expérimente dans une voie différente, symbolisé par le break façon talkbox interprété par Truls aussi génial qu’inattendu dans un tel contexte mais finalement lumineux et indispensable. Quant à "Whispers", dépassant également les huit minutes et s’ouvrant sur un orgue sentencieux, il évoquera par certains aspects un autre projet de Kelly, à savoir Outworld (avec Rusty Cooley), particulièrement par son gros riff et le premier couplet, le refrain étant ensuite bien plus mélancolique que ce que proposait le guitariste américain.

Comment conclure ?
De très nombreuses écoutes n’auront pas permis de trancher une question fondamentale. "ESC" est-il l’album parfait ?
Il le sera pour certains, à n’en pas douter. Rarement le metal progressif (voir le metal tout court) n’aura été aussi riche, n’aura été aussi loin dans les émotions, n’aura semblé aussi travaillé dans les moindres détails et surtout, rarement une telle attente aura accouché d’un tel monstre. Il est évident qu’il restera cantonné à une certaine tranche d’auditeurs et que tous ne trouveront pas les faveurs d’un disque exigent et complexe nécessitant de s’y pencher sérieusement et d’y plonger pleinement. Si la perfection n’existe pas, Zierler s’en est pourtant, une fois de plus, dangereusement rapproché pour ne faire plus que frôler la quintessence de l’art et de la musique dans ce qu’il y a de plus noble. Ne trouvant de justification à ne pas y mettre la note maximale, "ESC" en sera dotée. Ne serait-ce que pour les moments d’infinies grandeurs qu’il déclame. L’album de l’année, de la décennie, du siècle que sais-je...mais quel album...

41 Commentaires

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David_Bordg - 16 Novembre 2015: Je l ai reçu il y a presque 15 jours, et c est une oeuvre dantesque qui demande des tas d' écoutes avant d' avoir tout aprehender! Au premier abord c est tellement unique et complique que c est a mes oreilles un peu froid, mais je l ai peu ecoute pour l instant. Une oeuvre a réécouter de nombreuses fois et sutout a presque méditer!! J ai pu déceler quelques rythmiques syncopées a la meshuggah, les musiciens sont tous ahurissants!! Et que dire de Carpenter sa voix est incroyable sur cet opus!!
David_Bordg - 27 Novembre 2015: Oh mon dieu les écoutes successives s enchainent; c est pas humain, un album aussi incroyable! Et bien si c est Finn Zierler. Un génie ce type!
trashcanjesus - 27 Janvier 2016: Cet album (que j'ai reçu il y a 10 jours) est tout bonnement une tuerie, voire un des meilleurs albums que j'aie dans ma collection. Après maintes écoutes je n'arrive pas à comprendre comment on peut créer de la musique aussi exceptionnelle. Les compos sont top, les musiciens...pardon! plutôt les magiciens sont monstrueux. Beethoven et consorts doivent se retourner dans leurs tombes. Une nouvelle ère musicale est née. Long live ZIERLER !



frozenheart - 07 Mars 2019:

Petit retour sur ce magnifique skeud, mais avec pas mal de recul. En effet au-delà d'excellentes idées d'une instrumentation sans faille et d'un sens de la composition innée, cet album s'il n'avait pas les outils de production actuel ne serait pas aussi grand, d'autant plus qu'aucun témoignage live à vu le jour??? Quatre ans plus tard je peux lui mettre une note, ça sera donc un 17/20.

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