Souvent critiqué par le public metal par son style jugé parfois trop jeune, trop ciblé ou bien dépassé à bien des égards, le néo-metal Français compte pourtant sur sa langue maternelle pour tenter de toucher ses auditeurs. Malheureusement, cette scène reste malgré tout très peu connue et ne bénéficie que d'un très faible succès à l'échelle nationale, si ce n'est que l'on reconnaît enfin le talent de certains groupes de fusion tels que
Mass Hysteria ou
Lofofora.
Membre actif du Collectif
Tomahawk et depuis peu de temps, à la tête de son propre label nommé La Voix Des Hères,
Azoah pratique un style de néo/fusion suffisamment solide pour que le trio puisse apporter sa pierre à l'édifice mais d'un autre côté, emprunte un chemin beaucoup trop convenu pour se distinguer des formations environnantes. Bien heureusement, les éléments pratiqués sur cet EP se veulent bien maîtrisés comme semble nous l'indiquer le titre d'ouverture "Al Kepun" contenant des phrasés hip-hop, son lot de hurlements sauvages et de grosses guitares s'accordant même des solos accrocheurs. Les paroles quant à elles, sont dans l'air du temps, souvent violentes, et donc fidèles aux caractéristiques du genre néo-metal.
Mais en réalité, ce qui pêche vraiment dans cette production, en plus du fait d'y retrouver des morceaux assez classiques voire tout tracés, sont les lignes mélodiques qui deviennent parfois très fragiles. Car, chaque détail a son importance et même si
Azoah dispose d'un certain potentiel émotionnel, lorsque l'instrumentation entre dans la subtilité, les vocaux ont du mal à suivre dans cette même dynamique (notamment sur le titre "Comptine Câline et Compte Sans Adultère" par exemple). De ce fait, le chanteur a sans doute du mal à se détacher de la brutalité habituelle et des phrasés hip-hop mis en avant sur des morceaux tels que "Bouillon de Cultistes" ou encore sur "Les Fourberies de Scato" et hésite donc à faire tenir les notes plus longuement. Malgré tout, le groupe hérite des lyrics percutantes de chez
Lofofora mais cherche encore et toujours l'émotion délivrée par les
Mass Hysteria. Mais revenons sur le chant révolté et fortement engagé de Reuno, célèbre leader des Français de
Lofofora, où certains passages de "Bouillon de Cultistes" y feront plus ample référence par ce style fusion/hardcore sombre et brutal. Le trio s'élance alors dans une atmosphère déchirée avec le soutien vocal d'Aïtken de La
Rose Noire et des growls musclés de Thomas.
Les morceaux n'ont bien sûr rien d'humoristiques dans leur interprétation mais rien qu'à la vue de leurs noms comme "Al Kepun" ou "Aqueux Jauni" qui pour ce dernier, aurait mérité d'aller plus loin dans la profondeur au niveau de l'outro,
Azoah nous gratifie de quelques jeux de mots et références divertissantes. Sans doute du fait de sa pochette présentant un groupe de gangsters armé en plein casino, il est à noter que la formation précise par ailleurs son genre d'appartenance, c'est-à-dire le Gangster Hardcore (peut-être s'agit-il d'un nouveau coup fourré de la part du groupe ou d'une simple touche d'humour, qui sait...). Il y a bien eu l'Autruche
Core de
Psykup, alors pourquoi pas le Gangster Hardcore de
Azoah ?
En conclusion, ce premier EP est une production simple et bien exécutée, bien que ses compositions soient généralement trop proches du néo pratiqué de nos jours. Tout ce que l'on pourrait reprocher à
Azoah, c'est son manque de personnalité qui fait qu'on puisse le confondre avec d'autres groupes du même genre. L'auditeur devrait néanmoins passer un agréable moment à l'écoute de cet EP et l'aspect direct et brutal est à vrai dire, tout ce que l'on recherche dans le nu-metal.
Mais de toute façon, comme je suis davantage spécialisé dans tout ce qui touche au grunge, au néo ou au metal alternatif/hard-rock... L'avantage, c'est aussi d'avoir au moins un chroniqueur réparti sur ces genres pour faire un peu de "pub" à ces petits groupes comme celui-ci.
Pour Azoah, effectivement, c'est bien fichu mais ça reste du très classique, d'où le 13. Après en néo, tu peux facilement trouver mieux du côté du dernier Korn (un des meilleurs de leur disco) ou de Love & Death (un premier album exquis qui laisse déjà paraître un brillant avenir). Du moins, ce sont les cas qui me viennent en tête en premier.
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