Liste des groupes Death Metal Vacuous (UK) Dreams of Dysphoria

L'appel du vide. Une sensation partagée par de très nombreuses personnes quand elles sont à proximité d'un balcon ou du bord d'une falaise. C'est peut-être aussi ce qui a motivé, métaphoriquement, ce quintet anglais appelé Vacuous (vide en français) à se jeter la tête en première dans l'univers obscène du Death Metal, au vu de la grande incertitude économique et sociale qui secoue le Royaume Uni depuis quelque temps.

Formé à Londres en 2020 autour de Max Southall (batterie), Ezra Harkin (guitare), Michael Brodsky (guitare), Damiano S. (basse) et Jo Chen (growl), Vacuous s'est fait regarder en 2021 en sortant une démo, l'EP Katabasis et un concert enregistré, le tout de manière indépendante. Repéré par 2 labels de renom (Me Saco Un Ojo et Dark Descent), le groupe travaille sur son premier album, "Dreams of Dysphoria, programmé pour la mi-octobre 2022.

Ces "rêves de malaise douloureux" se ressentent d'emblée sur "Devotion", ouverture idéale de cette œuvre sombre et enivrante. Des arpèges de guitare angoissants flirtent avec des coups de cymbales lugubres, juste avant que la formation happe l'auditeur dans un mid-tempo au riffing plutôt finaud. Une montée en puissance sublimé par le jeu diversifié de Max Southall, une basse abrasive et bien audible, des soli lugubres et le growl de Jo Chen, qui alterne grognements caverneux et cris arrachés. 6 minutes d'un Death Metal à la personnalité déjà bien présente, qui fait dresser les poils sur la nuque.

Commencer ainsi par un titre si fort pourrait représenter un handicap pour la suite mais dès "Body of Punishment", le 2ème titre, l'auditeur est rapidement rassuré. Accélérant le tempo tout en exacerbant la violence sous-jacente, le groupe enfonce le clou dans la plaie béante tout en la déchirant au passage. L'atmosphère funeste y est conservée mais avec une vilénie accrue, évitant au groupe toute complaisance futile ni redondance lassante.

Une concupiscence malsaine baigne la vicieuse "Matriarchal Blood", qui propose des couches rythmiques et un empilement de riffs qui s'imbriquent parfaitement. Loin du déballage stérile qui plombe nombre de groupes trop démonstratifs (surtout hélas en brutal death), Vacuous propose ici un assemblage rappelant le fameux cube de la série Hellraiser, qu'on peut explorer ici à volonté sans craindre de fin funeste par cénobites interposés.
"Stigmata Scourge" et "Paranoia Rites" creusent dans le même sillon purulent, contrebalancées par l'instrumentale "Lucid", qui résonne à l'image d'un beau rêve devenant un délire éveillé. Elle sert aussi de passerelle exemplaire pour le dernier titre éponyme, qui sublime l'ensemble des méfaits énoncés dans un final d'une beauté macabre. Les crochets bien enfoncés dans les tympans et le cervelet, une seule envie saisit alors l'auditeur : appuyer sur play de nouveau ...

Il faut absolument saluer le travail de Wayne Adams (enregistrement, mixage) et de Ben Jones (mastering) pour avoir offert à Vacuous l'identité sonore qui convient parfaitement à leur musique. Si je me permets de parler de points faibles, je cite la courtée durée de l'album (32 minutes), un titre supplémentaire du même acabit n'aurait pas été du tout surperflu. Mais aussi l'artwork brouillon de Luke Girchrist, qui ne rend guère hommage à la qualité globale du disque.

Franchement, tant que des groupes tels que Vacuous seront en mesure de sortir des albums aussi percutants en s'appuyant sur une personnalité bien remarquable, je resterai confiant dans la capacité du Death Metal à perdurer. Gros coup de cœur 2022, j'applaudis bien évidemment l'intrépidité du groupe et vous invite de ce pas à vite succomber à ce "Dreams of Dysphoria".