Liste des groupes Speed Metal Madryghal Dreamless Falling

Madryghal est à Rhapsody ce que Unrest est à Accept. A savoir un succédané dont les qualités sont loin de valoir l'original mais qui pourra, tout de même, s'enorgueillir de quelques vertus exprimées en des œuvres moins bien produites, moins inspirés et moins déterminantes que celles de leurs illustres ainés et qui trouvera souvent un écho relatif auprès d'un auditoire davantage obnubilé par le faste de forme étincelante que par celui d'un fond attachant.

Si l'analogie à Luca Turilli et à ses acolytes est quelques peu flatteuses tant, encore une fois, et bien évidemment, Madryghal ne saurait exceller aussi parfaitement, il n'en demeure pas moins que Fabio Spinelli et ses comparses peuvent se prévaloir de posséder quelques talents loin d'être négligeables. Tant et si bien que l'écoute de ce Dreamless Falling, premier album autoproduit de ces transalpins, procurent quelques plaisirs notoires.

Là où l'analogie démontre davantage encore toutes ces limites, c'est dans la comparaison des styles défendus par les deux formations. En effet, alors que Rhapsody n'est que l'expression de la grandiloquence, la magnificence, la vélocité et l'héroïsme d'un Power Symphonique, Madryghal, quant à lui, donne à entendre la simplicité d'un Heavy Metal, Speed Metal mélodique développant des ambiances médiévales subtiles.

Et en réalité, finalement, les seuls liens qui unissent ces deux groupes résident en une naissance commune de lieu et d'époque pour un destin tout à fait différent.

Madryghal n'est donc pas Rhapsody. Ni même Skylark ou Drakkar. Madryghal, dès son premier album, aura trouvé le moyen d'affirmer sa personnalité propre tout en s'inspirant, à l'évidence, de certaines de ces influences Power Metal les plus marquantes.

Et paradoxalement c'est même lorsque le groupe s'éloigne de ces contrés à la vélocité systématique qu'il exprime plus pleinement encore le caractère différent de son tempérament (les excellents Heir of the King, The Eleventh Tower). Madryghal est donc, sans aucun doute, un groupe plus atypique que la majorité de ces confrères transalpins et qui se paie même le luxe d'éviter ce dramatique écueil vocal dans lequel nombres de ces cousins sombrent souvent. En effet, loin de cette tendance catastrophique à tenter de dompter des notes aux hauteurs inaccessibles, Fabio Spinelli se contente de maîtriser une voix, dont certaines intonations ne sont pas sans nous évoquer Klaus Dirks (Mob Rules), en une prestation, certes, pas extraordinairement innovantes mais suffisamment bonnes pour qu'elle ne devienne pas un handicap. Seul Robes of Clown, et notamment son préambule, faillis quelques peu à cette bonne tenue vocale.

Il faudra également noter, outre les remarquables interventions aux claviers de Mauro Bertagna qui s'égare parfois en des territoires aux contours quelques peu Neo Classique, les bonnes aptitudes de composition de ces italiens. Notamment dans l'art, ô combien salutaire, du break dont ils usent avec une redoutable intelligence et une redoutable efficacité (les superbes Evil Tales, The Eleventh Tower, Robes of Clown ou encore, par exemple, Golden Trail).

Evitant tous les malheureux périls ultramontains, exception faites d'une production qui propose un ensemble manquant un peu de puissance, Dreamless Falling, premier album des Italiens de Madryghal, nous propose donc de découvrir un univers musical très enthousiasmant, empreint de naturel, d'imagination et de sincérité.