Liste des groupes Metal Symphonique Ghostwood Dreamcatcher

S'il est des formations n'ayant nullement cherché à accélérer les événements pour essaimer leurs riffs et leurs voix, ce jeune quintet ukrainien originaire de Sébastopol serait assurément du nombre. En effet, créé en 2012, ce n'est que cinq ans plus tard qu'il accouchera de son premier et présent EP répondant au nom de « Dreamcatcher ». Aussi, effeuille-t-on une auto-production modeste de ses 16 minutes où ne s'enchaînent guère plus de quatre pistes de nature rock'n'metal mélodico-symphonique gothique aux relents power et cinématiques, où les influences d' Imperia, Edenbridge, Ancient Bards, feu Gwyllion, Asylum Pyre et Nightwish ne sauraient être éludées. Cette laconique offrande pourra-t-elle dores et déjà lui autoriser l'accès au rang d'espoir, et ce, à l'heure où les cadors du genre ne laissent qu'une faible marge de manœuvre aux nouveaux entrants et où les jeunes loups aux dents longues rôdent, en quête d'élargissement de leur territoire ?

Dans cet encore vert mais poignant projet, s'harmonisent les talents de : Viktoria Vasilyeva, frontwoman au puissant et graveleux filet de voix, dont les médiums rappelleront ceux d' Annelore Vantomme (Gwyllion) ; Mikhail Kuzmin, aux guitares ; Tamara Gromova, aux claviers ; Andrey Krivosheyev, à la basse ; Dmitry Zubakin, à la batterie. De cette collaboration émane un set de compositions à la fois offensives, fringantes et délicates, témoignant d'une technicité instrumentale difficile à prendre en défaut et de lignes mélodiques aussi exigeantes dans leur élaboration que magnétiques dans leur restitution. En outre, si des arrangements de bon aloi doublés d'un mixage bien équilibré entre lignes de chant et instrumentation se font jour, la galette accuse néanmoins un manque de profondeur de champ acoustique et des finitions encore à parfaire. Mais entrons plutôt dans la cale de la petite goélette...

C'est à la lumière de ses passages les plus enfiévrés que le combo ukrainien marque ses premiers points, celui-ci s'avérant alors doté de cette rare et enviée faculté à disséminer ces arpèges d'accords qui, sans ambages, sauront déclencher un headbang bien senti chez l'aficionado du genre. Ce qu'illustre, tout d'abord, « Dreamcatcher », rayonnant mid/up tempo power symphonique gothique à mi-chemin entre Gwyllion, Asylum Pyre et Edenbridge. Déversant ses riffs acérés adossés à une rythmique résolument frondeuse parallèlement à d'enveloppantes nappes synthétiques, générant un refrain immersif à souhait mis en exergue par les ensorcelantes impulsions de la sirène, réservant, en prime, d'insoupçonnées montées en régime du corps orchestral, on comprend que cette tonique offrande joue dans la catégorie des hits en puissance, que l'on ne quittera qu'à regret. Un poil moins tubesque, le pulsionnel et ''imperien'' « Leave You Alone », lui, n'en délivre pas moins une énergie aisément communicative et d'insoupçonnés effets de contraste atmosphérique et rythmique.

Quand il ralentit un tantinet la cadence de ses frappes, le collectif est-européen ne s'avérera guère plus malhabile, loin s'en faut. Aussi, ne mettra-t-on qu'une poignée de secondes pour se voir aspiré par les vibes enchanteresses de « No Borders », enivrante ballade en mid tempo au confluent entre Imperia et Asylum Pyre. Livrant ses couplets finement ciselés relayés chacun d'un refrain catchy, glissant le long d'une radieuse rivière mélodique qu'enjolivent de délicats arpèges au piano, le caressant méfait n'aura pas tari d'arguments pour asseoir sa défense. Se chargeant en émotions au fil de sa progression et mis en habits de soie par les chatoyantes patines de la maîtresse de cérémonie, on comprend que l'instant privilégié aura bien peu de chances de rater sa cible.

Dans un souci de diversification atmosphérique, la troupe n'a pas hésité à nous plonger au cœur d'un espace d'expression metal symphonico-cinématique aussi inattendu que saisissant. Ce qu'atteste le ''nightwishien'' instrumental « Illusions », mid tempo aux airs de générique d'une grande production hollywoodienne. Abondant en variations rythmiques, délivrant d'amples et sinueuses rampes synthétiques tout en libérant une cinglante force de frappe, le grisant manifeste évolue parallèlement sur une sente mélodique certes convenue et sujette à quelques répétitions mais des plus troublantes. Distillant, en prime, des enchaînements intra piste ne souffrant d'aucune approximation doublés d'arrangements de fort bonne facture, l'effort pourra, à son tour, trouver un débouché favorable à son assimilation auprès du chaland.

Au final, le combo nous adresse un message musical tenant certes dans un mouchoir de poche mais des plus charismatiques et émouvants. Diversifié sur le plan atmosphérique et rythmique, le propos l'est, en revanche, bien moins eu égard à ses lignes de chant, la belle conservant le micro sur la totalité de notre parcours. Témoignant d'une technicité éprouvée et d'avenantes lignes mélodiques, la rondelle accuse toutefois une ingénierie du son en proie à quelques irrégularités. Il conviendrait également que nos compères se libèrent du joug de leurs maîtres inspirateurs, qu'ils varient d'un cran leurs exercices de style et consentent à l'une ou l'autre prise de risque, s'ils souhaitent maintenir en respect la sévère concurrence continuant d'agiter ce registre metal. Bref, un fringant et liant essai, pas encore un foudre de guerre...