Dans un hexagone ou les médias sclérosés et dirigés nous abreuvent de rap, r’n’b et autres raï, visant à faire rentrer de force dans les neurones de la jeunesse que ces musiques représentent nos racines, le trIo fondé par Dirk Scheuber et Peter Spilles en 1989 - soit déjà vingt ans - n’est connu et apprécié que de quelques privilégiés. Preuve en est, si il en est réellement besoin pour vous le démontrer, la discographie des hambourgeois sur
Spirit Of
Metal ne recèle pas une chronique !!!
Pourtant avec dorénavant onze albums studIo au compteur dont ce «
Dream, Tiresias ! », une présence récurrente dans les charts teutons à chaque nouvelle offrande, des hommages au cinoche comme dans le « Zone Reptile » de J. De Missolz en 2002, on aurait pu s’attendre à ce que la notoriété du
Project Pitchfork grandisse un tant soit peu en notre bonne terre de Gaule. Malheureusement ce n’est pas le cas, cette reconnaissance restant quasiment underground sur la scène métal française qui n’en est plus à un paradoxe près. A ce propos, combien d’entre vous ont-ils seulement entendu parler des excellents side-projects (Imatem et
Santa Hates You) du charismatique front man Peter Spilles ? Mais nous nous égarons, et cette review a pour but de vous donner envie de découvrir un combo qui le mérite à tous égards… Et non pas de tomber dans le déblatéré moralisateur …
En premier lieu, pour satisfaire les curieux, le nom Pitchfork est une émanatIon du film culte Scarface (1983) avec Al Pacino et plus précisément du tatouage du sieur Tony Montana. Accessoirement par ailleurs, c’est un webzine ricain crée en 1996 et à l’importance croissante, sorte de Rolling
Stone Bobo…A vous de juger.
Musicalement, le trIo allemand délivre un électro-indus Darkwave burné et dansant toujours teinté de racines gothiques. Ces dernières ayant tendance à de plus en plus s’estomper dans les titres délivrés, mais restent toujours bien présentes par les facettes visuelles se voulant résolument macabres, sombres, froides et visant à la provocatIon. Les esthétismes dépravés, les excentrismes délurés, les noirceurs vestimentaires et les maquillages sont au diapason des ambiances sordides de ce «
Dream Tiresias ! ». On ne pourra louper au jeu des comparaisons, tant le produit délivré est la résultante d’une évolutIon accouchant d’un melting pot assez unique. Un titre comme « PassIon » est à cet égard assez significatif, car tenant à la fois des ancêtres Joy DivisIon, SIouxsie and the Banshees ou
Human League (époque initiale avant la séparatIon accouchant de
Heaven Seventeen) et du combo plus contemporain ayant entrainé une genèse revival :
Das Ich.
Parallèlement à cette paternité issue de l’after-punk et de la New Wave des années 80, cet opus comme ses prédécesseurs, mérite la qualificatIon de Darkwave car les deux autres pointes du trident musical se veulent résolument électro et indus. Le côté expérimental et avant-gardiste des dissonances sonores, les concepts d’utilisatIon des claviers et boîtes à rythmes, ou le traitement artificiel et glacial du chant sont autant d’éléments typiques à ces sous-genres. Les bruitages, montages et collages, samples et consorts sont cependant nuancés de parcimonie et ne gâchent jamais les lignes mélodiques. « An
End » ou «
Promises » par exemple, conservent ainsi des lignes organiques superbes, classiques et emphatiques, dignes de la grande époque de «
China Crisis » quand dans le même temps les bases rythmiques restent empreintes de modernisme.
Project Pitchfork maîtrise sa recette avec une excellence unique et une maturité certaine, fruits de deux décennies de créatIons. Oscillant légèrement dans les tempos, restant cependant majoritairement middle, le trIo évite tous les clichés rébarbatifs et poncifs des sous-genres metal usités dans leur alchimie. Les trois germains (devenant cinq en live par l’apport de deux zikos : Achim Farber un batteur, et Carsten Klatte un gratteux) réussissent en outre, véritable cerise sur le gâteau, à ciseler leurs compos d’un nappage résolument dansant. « If I Could Be », «
Nasty Habit », « The Tide », ou encore l’hymne « Feel » ressusciteront par instant pour les nostalgiques et connaisseurs les canadiens de Blancmangé, ou pour être plus explicite pour les néophytes le Depeche Mode - saucé mystique - début quatre-vingt en versIon
Deathstar Assembly.
Au final, pour ne pas tomber dans la romance ou le fanatisme, qui ne sont pas le dessein d’une chronique, on ne peut que conseiller la découverte des
Project Pitchfork ; et ce même pour les non-adeptes du genre. Hors des sentiers battus, hors mouvances, hors produits de consommatIon, ce «
Dream, Tiresias ! » suinte la véracité, l’unicité et l’agrément auditif. Bien sûr, les thrashers, hardcoreux et consorts adeptes de metal extrême n’y trouveront pas leur compte, mais tous les autres se doivent de tenter la découverte.
Pour rester totalement impartial, et avant que vous ne le lâchiez en commentaire, un petit bémol modérera l’appréciatIon finale : le chant souffre d’une certaine linéarité due à l’utilisatIon excessive à mon goût de voice-coder. La perfectIon n’est pas de ce monde … Mais néanmoins, je serais prêt à parier que les « Jesus on
Extasy » ou autres «
Dear Superstar » puisent leurs inspiratIons quelque part.
16/20 METALPSYCHOKILLER
Je vous encourage à écouter quelque uns de leurs albums. Le Live 97 me p
Je vous encourage à écouter quelque uns de leurs albums. Le Live 97 me p
Je vous encourage à écouter quelque uns de leurs albums. Le live 97 me parait tout indiqué. Sinon, je vous conseille personnellement Daimonion ou bien Inferno.
Le meilleur album de cet excellent groupe allemand d'Electro/Dark Wave est "IO" (1994).
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