Nourri comme tant de ses homologues par les premières esquisses de
Nightwish, ce jeune quintet metal symphonique étasunien a toutefois incorporé une touche personnelle à son projet, celle qui, précisément, en fonde à la fois son caractère et son originalité. Ce dont témoignent les sept pistes de leur introductif opus dénommé «
Dragon Rider » ; auto-production égrainée sur un parcours auditif de 36 énergisantes minutes. Ce faisant, nos cinq natifs de
Los Angeles nous livrent une œuvre metal mélodico-symphonique opératique et gothique, aux relents power, dans le sillage de
Nightwish,
Amberian Dawn,
Xandria,
Dark Sarah ou encore
Ancient Bards. Tout un programme...
Ainsi, la frontwoman Alina Nikita, le claviériste Craig Higgins, le guitariste et coproducteur Laz Novak (Neutron Crush), le batteur Mike Podber et le bassiste Federico Vidal (ex-
Faethom, ex-
Gaia) nous livrent un set de compositions bien inspiré, plutôt accessible, témoignant d'une probante technicité instrumentale, d'arrangements sécurisés et d'une seyante mélodicité. Pour une mise en valeur de la rondelle, le collectif californien nous octroie un enregistrement de bon aloi cosigné Laz Novak et Anthony Laurella, ne concédant que de rares notes parasites et doublé d'un effort alloué aux finitions. En outre, s'observe un mixage bien équilibré relevant de la patte de Yaschua Duprey. A la lumière de cette offrande, le combo aurait-il déjà les armes suffisantes pour espérer s'imposer parmi les valeurs montantes de ce registre metal, au même titre que
Beyond The Black,
Elvellon,
Walk In Darkness ou
Sleeping Romance ? Musique...
C'est principalement au regard des passages les plus vivifiants que nos compères révèlent leur potentiel. Dans cette dynamique, on retiendra le frondeur et nightwishien «
Thor » pour ses riffs épais adossés à une rythmique sanguine, son léger tapping et ses gimmicks guitaristiques propices à un headbang bien senti. De plus, difficile de passer outre une ligne mélodique d'une précision d'orfèvre dont s'enorgueillissent des refrains immersifs à souhait, et ce, même si l'exercice demeure convenu. Mis en habits de lumière par les enivrantes volutes de la sirène, jouant sur ses envoûtantes modulations pour nous happer, ce rayonnant effort, tout comme le tubesque et ''xandrien'' «
Gates of
Life », aura raison des âmes les plus rétives.
Un poil plus offensives, d'autres plages ne s'avèrent pas moins impactantes. D'une part, « Battle
Storm » joue sur les contrastes atmosphériques pour tenter de nous rallier à sa cause, alternant couplets en demi-teinte et refrains colorés et typiquement ''delainiens''. Et la sauce prend, une fois encore. Ce n'est pas le galvanisant legato à la lead guitare qui démentira l'agréable sentiment d'être aux prises avec l'une des pépites de la galette. On ne pourra pas moins se soustraire aux vibes enchanteresses de «
Seven Seals » qui, dans la lignée d'
Ancient Bards, conjugue habilement phases d'accélération et ralentissements insoupçonnés.
Dans une énergie plus contenue, la troupe nord-américaine n'en décoche pas moins quelques flèches enflammées. L'élégant mid tempo «
Dragon Rider » tout comme l'engageant «
Kingdom » en sont deux illustrations. Non sans rappeler
Amberian Dawn (première période), ces rutilantes compositions se parent toutes deux de couplets finement ciselés que relayent des refrains éminemment accrocheurs. Enrichi de délicats arpèges au piano, d'une basse vrombissante, d'un grisant solo de guitare, le corps orchestral de chacun de ces efforts gagne en progressivité ce qu'il ne perd nullement en mélodicité, loin s'en faut. Renforcés par les angéliques impulsions d'une déesse bien habitée, on comprend que ces deux mouvements aux allures de hits en puissance ne rateront pas leur cible. Dans cette mouvance, s'impose également l'enfiévré « Hero's
Blood » qui, dans la veine de
Dark Sarah et
Xandria (seconde mouture), distille de magnétiques portées, savamment orchestrées et propices à l'enivrement de nos sens.
Aussi, tout au long de notre parcours, cette première livraison noue plonge au cœur d'un océan de félicité, à l'image d'un instant privilégié que l'on ne quittera qu'à regret. C'est dire que le combo californien détiendrait là les clés pour s'accaparer nos âmes. Si l'on peut déplorer le peu de prises de risques et une mise à distance encore timide de ses maîtres inspirateurs, le groupe marque de son sceau nombre de portées de son prégnant message musical. Toutefois, si la production d'ensemble reste propre, on aurait souhaité davantage de diversité atmosphérique, rythmique, vocale et stylistique, histoire de se démarquer d'une concurrence féroce dont fait encore l'objet ce registre metal. Gageons que nos cinq gladiateurs sauront rectifier le tir pour pouvoir s'affirmer, à terme, en tant que valeur montante du metal symphonique à chant féminin. Peut-être à l'instar d'un second album full length ?
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