« Alors, soudain,
Morgoth lança de grands fleuves de feu depuis le Thangorodrim, des flammes qui couraient plus vite que les Balrogs et envahirent la plaine, soudain les montagnes de fer vomirent des flammes empoisonnées de toutes sortes qui empuantirent l’air d’une odeur mortelle. Ainsi périt Ard-galen et le feu dévora ses herbes et elle devint un désert calciné de cendres étouffantes, stérile et sans vie. »
J.R.R. Tolkien « Le Silmarillion » 1977, posthume
Jadis verte et fertile plaine de la Terre du Milieu, Ard-galen devint Anfauglith ou
Dor-Nu-Fauglith suite au courroux de
Morgoth et à la bataille de
Dagor Bragollach. Fruit cosmologique de la Mythologie de Tolkien,
Dor-Nu-Fauglith donna également son patronyme au mythique premier album d’une horde satanique et sulfureuse de l’Anthologie du black metal français.
Créé en 1993 à
Paris sur les cendres d’Eurynome autour du trio infernal
Vlad Drakul (vocaux), Drac
Wervolf (guitare) et Gorthaur (basse),
Osculum Infame tire son nom latin du baiser rituel de l’anus du diable par les sorcières en prologue du sabbat. Membres actifs d’une scène hexagonale alors en pleine éclosion, les franciliens sortent trois démos dont la remarquable « I’a aem’nh s’ha-t’n » en 1995 avant de sceller l’année suivante un pacte de sang avec les provençaux de
Funeral via une split-tape devenue mythique et permettant alors aux deux entités d’inscrire leur patronyme de soufre dans la Légende. Ayant peu après assuré la première apparition scénique de son histoire sur les planches du festival allemand Folter Records Open Air,
Osculum Infame signe sur le jeune label anglais Mordgrimm et publie en décembre 1997 son premier opus «
Dor-Nu-Fauglith » sous la référence interne
Grimm Two CD.
Engagé par un prélude narrant la destruction d’Ard-galen dans un anglais saupoudré d’un accent gaulois plus qu’appuyé, le décor épique et orageux de ce premier ouvrage sonore du groupe parisien s’avère être posé par l’introduction dense et solennelle du prophétique « Under the
Sign of the
Beast » révélant l’obédience d’
Osculum Infame. Celle d’un black metal incisif et rugueux, production du milieu des années 90 oblige, mais ne ménageant aucunement le sens de l’efficacité au travers de structures impactantes et autres changements de rythme accompagnés parcimonieusement de nappes de claviers qui confèrent à «
Dor-Nu-Fauglith » une atmosphère hiératique. Dans une veine analogue, relevons avec un enthousiasme non feint l’impérial et sinistre « Vampiric
Warmaster (Part II) » s’avérant être la suite des aventures sanguinaires de
Vlad Tepes l’Empaleur et prince de Valachie initiées sur le morceau éponyme de la démo de 95, mais également le vindicatif «
Dark Wickedness » et son riff principal redoutable sur lequel
Vlad Drakul éructe son chemin de haine occulte et ses exactions innommables à venir. Articulé autour d’une vélocité mécanique et urgente de premier ordre, le frénétique et crypto-NS «
Kein Entkommen » vaudra à
Osculum Infame son aura sulfureuse au même titre que la croix celtique arborée par Drac
Wervolf sur les photos du booklet. Sans conteste du grain à moudre pour les ardents défenseurs de la morale progressiste et de la pseudo vérité universelle, même si le texte émanant de la plume de König Asura de la légion germanique infréquentable Morke n’a jamais été rendu public.
Assurément radical dans ses convictions et ses parties les plus venimeuses, «
Dor-Nu-Fauglith » surprend néanmoins à présenter une face variée et marquée par la nuance adjugeant à son ensemble l’auréole d’un album ondoyant. Premier symbole de cette bigarrure insoupçonnée, l’homérique et instrumental « When Iron Has Been Blended with
Blood » dévoile une danse de cordes acoustiques aux accents folkloriques étayant le climat archaïque ambiant de l’édifice. Pièce magistrale et faux mid-tempo dominé peut être un peu trop outrancièrement par les claviers, l’élancé « The
Nine Ghosts of the Ring of
Power » est une ode au côté obscur de l’univers de la Terre du Milieu, source d’inspiration majeure du combo, et plus particulièrement aux Nazgûl, alias les Neuf Spectres ou Cavaliers noirs missionnés par
Sauron pour retrouver l’Anneau unique pendant la guerre de l’Anneau des années 3018-3019 du Troisième Âge. Loin de la fantasy tolkienne, l’allégorique et fielleux «
Whisper of the Witch » demeure l’hymne le plus emblématique de l’opus et du trio parisien. Rapide mais empreint d’une mélancolie absconse et envoûtante, ce titre mystique prend toute sa dimension en live comme cet illustre soir de mars 2015 où
Osculum Infame avait crucifié le Glazart de
Paris avec un grand
Deviant Von Blakk au micro. Péroraison élégiaque d’un premier disque sombre et fantastique, la profession de foi finale « Among
Mist and Shadows… » constitue le digne épilogue d’une production emphatique ayant placé ses nobles artisans sur les marches du Panthéon à une époque où le black metal était encore dangereux.
Epique et paradoxalement mélancolique, mais aussi satanique, mythologique et possiblement NS, le classieux «
Dor-Nu-Fauglith » revêt la forme d’une œuvre charismatique à la personnalité affirmée malgré ses syncrétismes et quelques impairs juvéniles, comme peuvent en témoigner notamment les imparables et racés «
Dark Wickedness », «
Kein Entkommen » et «
Whisper of the Witch ». A défaut de briller d’originalité et de s’affranchir des usages et poncifs de son temps, le premier full-length d’
Osculum Infame s’avère être un monument historique et abouti du black metal metal français. Arrogant et surcoté pour certains, culte et ultime pour d’autres, le mythique et controversé gang parisien ne peut laisser indifférent et constitue aujourd’hui le projet misanthrope et narco-cathartique du tourmenté Drac
Wervolf aka DK
Deviant en intermittence avec
Arkhon Infaustus : « Even through the Shadows of the
Ages, I was meant to live under the
Sign of the
Dark Star.. »
[Mazette, arriver à citer Jean-Pierre Raffarin et François Hollande en marge d'une chronique d'Osculum Infame, fallait le faire… haha ! ;D]
Cette assurance dans le verbe, cette fluidité quasi innée dans l'expression, c'est ce qu'on appelle de l'anglais diplomatique ou EDP (English for Diplomatic and Political Purposes) :)
22 octobre 1996, visite officielle du Président Jacques Chirac à Jérusalem. Noyé en plein bain de foule, le service d'ordre du pays hôte est mis sous pression, et empêche la rencontre entre le peuple élu et le prophète français. Résultat grosse colère du "bulldozer" corrézien, à qui il ne manque que la kipa pour se fondre dans la masse, morceaux choisis : " What do you want ? Me to go back to my plane, and go back to France ? " " This is not a method. This is a provocation. Bonjour. "
Pas de doute, "France is back"… et vive le Québec libre !
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