Le 9 novembre 1989 restera une journée mémorable, celle de la chute du mur de Berlin, lorsque les habitants, apprenant la décision des autorités de ne plus soumettre le transit RDA/RFA à une autorisation préalable et draconienne, forcent pacifiquement les points de passage, donnant lieu à des scènes de liesse entre les deux populations enfin réunies, qui procèdent dès la nuit tombée aux premiers actes de démantèlement du mur. Bien que l’Allemagne soit officiellement réunifiée le 3 octobre 1990, les portes sont déjà ouvertes entre les deux blocs, qui auront honteusement été scindés durant quasiment trente ans.
C’est durant cette période bénie, alors que le
Thrashmetal n’a jamais été si populaire, que
Kreator,
Tankard,
Coroner et
Sabbat se retrouvent le 4 mars 1990 à Berlin-Est, côté de la capitale enfin accessible, pour un concert mémorable, à 40 Deutsche Marks la place, soit 20 Euros. Noise Records, label ouest-berlinois particulièrement en vogue à cette époque dans la course speed/
Thrash aux côtés de Roadrunner, Music for Nations et Combat Records, place en effet quatre de ses meilleurs poulains au Werner-Seelenbinder-Halle est-berlinois (une salle de sport reconvertie pour l’occasion), pour cette fameuse date baptisée
Thrashing East.
En outre, non seulement le concert est-il enregistré avec le Dierks Studios Recording Mobile (une installation d'enregistrement mobile à louer appartenant à Dieter Dierks, notamment utilisée pour la capture du culte Mortal Way of
Live de Sodom, durant le Sodomania tour au printemps 1988), mais aussi l’intégralité de ses quatre prestations est-elle disponible en vidéocassette VHS dès 1990, par le biais de Fotodisk / Modern Video, de grands moyens mis à disposition d’un concert incroyable.
Profitant des bonnes ventes de ses compilations
Doomsday News Volume I et II du moment, regroupant le gratin de son catalogue, Noise Records choisit par ailleurs de dédier le
Volume III de sa compilation à ce fameux concert, impeccablement illustré par Andreas
Marshall, disponible en format LP, MC et CD, et comptant en moyenne entre trois et quatre morceaux représentatifs par groupe (selon les versions), pour une heure de folie
Thrashmetal.
A l’époque, à l’aube du deathmetal prédateur et grandissant, les
Thrashers de
Kreator,
Tankard,
Sabbat et
Coroner sont au sommet de leur forme, tous en tournée européenne pour défendre leur dernier effort en date, respectivement
Extreme Aggression,
Alien, Dreameaver et
No More Color. De Flag of
Hate ou
Riot of Violence, jusqu’à DOA ou Read My Scars, en passant par Chemical invasion ou For Whose Who died, les classiques du répertoire de chaque groupe se bousculent, bénéficiant de toute la fougue et de l’énergie du moment, et du professionnalisme de l’enregistrement.
Bref, un instant live mémorable du
Thrashmetal européen, une compilation qu’on peut encore dégoter dans sa version d’origine sans se ruiner, tout en sachant que l’intégralité du set de
Kreator se trouve par ailleurs pour quelques ronds, notamment sur le CD2 de la réédition remasterisée du terrible
Extreme Aggression. Je précise enfin que le CD2 tout aussi bon de la réédition remasterisée de
Coma of Souls comprend la totalité du set de
Kreator enregistré à Fürth en Allemagne le 6 décembre 1990, tandis que Death assurait la première partie sans Chuck Schuldiner, resté au US après avoir jugé les conditions de tournée insatisfaisantes ! Mais ceci est une autre histoire.
++ FABIEN.
Merci pour la chro. En complément, pour ceux qui ne le connaissent pas, je me permets de vous conseiller le visionnage du documentaire Total thrash sur arte : https://www.arte.tv/fr/videos/118665-000-A/total-thrash/
Consacrée au thrash allemand, la première partie de ce doc' (qui va grosso merdo jusqu'à la chute du mur de Brelin) est terrible ! Le début de cette scène des eighties est racontée par les acteurs de l'époque (avec plein de vidéos, photos et autres) et c'est juste génial. Ne le ratez pas. Tu le connais Fabien ce doc'?
Je viens de regarder le reportage, et j'ai surtout aimé la première partie qui traite du thrashmetal allemand dans les années 80's, farci d'anectodes croustillantes, notamment le moment où Jürgen Reil parle d'Endless Pain. Le batteur demande à son patron dix jours de congés pour enregistrer le premier album de Kreator. Le boss répond "non" et Jürgen rétorque 'ben si". Il a donc été licencé et a enregistré Endless Pain. Idem lorsque le batteur évoque le choix du patronyme Kreator, qu'il a proposé au groupe après l'écoute de l'ultra culte Mercyful Fate - Don't Break the Oath, lorsque King Diamond clame "By the symbols of the Creator" ! Allez, un dernière anecfote pour la route, lorsque Tom Angelripper indique qu'il a pu quitter son travail dans les mines à partir d'Agent Orange. Le reportage évoque aussi brièvement le fameux concert à Berlin-Est de mars '90 au Werner-Seelenbinder-Halle, d'où ton commentaire ;) ++ FABIEN.
Perso, j'ai adoré voir que les mecs (de Kreator notamment) habitaient quasiment tous à côté les uns des autres depuis tout gamin, là où ils se retrouvaient pour faire la bringue et comment le "gouvernement" allemand aidait les "petits" jeunes en proposant des locaux (miteux certes) pour répéter. Terrible!
En Suède également, il y avait de nombreux centres de jeunesse avec du matériel à disposition pour répéter et enregistrer. Ça n'explique pas totalement pourquoi tant de groupes y ont fleuri à l'époque mais ça y forcément contribué. ++ FABIEN.
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