Des groupes de
Metal qui vivent leur style dans la vie de tous les jours, on en connait tous quelques uns. Si il est facile de penser immédiatement de penser aux frasques de différents groupes de Black
Metal, c'est quand même un peu plus compliqué quand on pense aux groupes de
Power (à moins que quelqu'un trouve un dragon à aller combattre, auquel cas ça pourrait changer)... Et encore plus quand on parle du
Doom : avec le cortège de malheur qui servent de fond de commerce au style, le vivre réellement dans sa vie de tous les jours nécessite un sacré bagage personnel à faire de vous un compétiteur valable pour le premier prix du site VDM.
Et c'est pourtant ce qui est arrivé aux grecs de
Sorrows Path. Fondé au début des années 90, le groupe a engrangé un sacré paquet d'emmerdes culminant avec le décès du bassiste Takis Drakopoulos en 1995 d'une maladie cérébrale, entrainant le split du groupe. ce n'est que vers 2006, avec la réédition de leurs démos, que l'on commença à reparler de
Sorrows Path : le succès de cette compilation entraina la reformation du groupe, puis la signature chez les allemands de Rock It Up records. Et c'est donc le deuxième album issu de ce partenariat qui se trouve aujourd'hui en train de me flatter les oreilles.
Le titre de l'album est en lui-même déja une indication à la fois du passé du groupe autant que de leur état d'esprit actuel. D'une certaine manière, le hibou qui orne la couverture (symbole de sagesse dans la Grèce antique) représente cet état d'esprit : pour atteindre véritablement la sagesse, il faut connaître le désespoir et la souffrance, à la fois dans son esprit et dans sa chair.
Comme une bonne partie des groupes grecs pratiquant du
Doom,
Sorrows Path est adepte du style Traditionnel/Epique, particulièrement la suédoise. On est donc en terrain connu, dans la droite lignée de
Candlemass,
Memento Mori ou de groupes moins connus comme
Averon. La qualité technique est là, c'est bien joué et la production est aux petits oignons, ne laissant aucun instrument sur le bord du chemin. Les mélodies sont bien troussées, à défaut d'être originales, et restent plaisantes à l'oreille. Si l'on s'en tenait simplement à celà,
Sorrows Path ne serait ni plus ni moins qu'un bon groupe de seconde zone, à l'instar d'
Averon évoqué plus haut : le genre de groupes dont on ne revends pas le CD, mais que l'on ressort de temps en temps quand on a envie d'écouter autre chose que les éternels classiques. Ce qui fait une réelle différence, c'est réellement le travail que
Sorrows Path a effectué sur les petits détails, les arrangements auxquels on ne fait pas nécessairement attention à la première écoute.
Prenons par exemple la chanson "Everything Can Change". Morceau classique par essence, elle se retrouve soudainement à basculer dans le meilleur de l'Horror
Metal théatral par la simple présence de son invité surprise au chant : Snowy Shaw. Et d'un coup, on se retrouve à écouter un morceau ressemblant à du Notre-Dame repris par
Candlemass. On peut aussi parler de ces judicieux placements de parties de guitares claires tout au long de l'album, ou de ce chant féminin à la fois spectral et hanté, qui fait doucement glisser
Sorrows Path dans une atmosphère gothique (le
Gothic Doom, une autre spécialité de la scène grecque) du plus bel effet. Et enfin, ces touches progressives dans les solos qui permettent à
Sorrows Path de montrer la capacité des musiciens à créer des ambiances différentes et à casser le moule
Doom pour voguer vers des terres plus influencées par
Fates Warning (les très belles "Venus
And The
Moon" et "The
King With A
Crown Of Thorns").
Plus concis que leur effort précédent, surtout beaucoup plus recentré sur ce qui l'essentiel, "
Doom Philosophy" se révèle être une bonne surprise que l'on peut conseiller autant aux amateurs de
Doom que de Heavy progressif. S'ils continuent sur cette voie,
Sorrows Path sera bien placer pour quitter le peloton de la seconde zone et commencer à atteindre le groupe des prochains leaders du genre.
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