Doll Doll Doll

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Nom du groupe Venetian Snares
Nom de l'album Doll Doll Doll
Type Album
Date de parution 23 Septembre 2001
Labels Hymen Records
Style MusicalElectro Industriel
Membres possèdant cet album3

Tracklist

1. Pygmalion
2. Remi
3. I Rent the Ocean
4. Dollmaker
5. Befriend a Childkiller
6. Pressure Torture
7. Macerate and Petrify
8. All the Children Are Dead

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Venetian Snares


Chronique @ Scoss

08 Mai 2012

Oscillant entre onirisme, cruauté et aggression pure, Doll, Doll, Doll est un monument de noirceur e

« Quoi? Venetian Snares sur SOM? Non mais ils sont sérieux? » Voici les pensées qui peuvent traverser l'esprit d'un connaisseur lorsqu'en « googlant » le nom du projet du génial canadien Aaron Funk, on se retrouve sur SOM. Bon... Ok, Venetian Snares est, il faut l'avouer, assez prisé des amateurs de Metal (du moins ceux qui ont la chance de connaître) et puis si cela permet à votre serviteur de sortir d'une torpeur de plusieurs mois et d'enfin pondre une foutue chronique, pourquoi pas...

Soyons clair: Venetians Snares n'a rien à faire sur un site comme SOM, encore moins avec l'étiquette Electro-Indus, car Venetian Snares n'est pas un groupe d'Electro Metal, encore moins d'Indus. Non le joujou musical d'Aaron Funk c'est tout simplement du Breakcore, un style de musique électronique expérimental proposant des rythmes survoltés et très saccadés, utilisant souvent des mesures impaires et s'affranchissant des codes de la musique comme beaucoup la conçoivent.

Oui mais voilà, Aaron Funk, est un artiste à la personnalité insaisissable, déjanté et dont le bouc et les longs cheveux laissent penser qu'il a des affinités avec la scène Metal. Et puis voilà cet album, Doll Doll Doll en 2001, l'un des trucs les plus barrés et malsains sorti dans les années 2000, mérite sa place sur SOM. Un album concept, comme notre style adoré nous a souvent offerts... oui mais pas n'importe quel concept puisque Doll, Doll, Doll traite du meurtre d'enfants. Un concept tordu qui n'est pas sans rappeler Whitehouse, duo anglais de Power Electronic bruitiste dont tous les thèmes/textes tournent autour du viol, de la pédophilie, des serial killers et des pathologies mentales, tout un programme... Ce n'est d'ailleurs pas pour rien si c'est ici l'ignoble Trevor Brown qui s'attelle à la réalisation de la pochette, lui qui a dessiné une grande partie des pochettes d'album de Whitehouse dans les années 90 (et de Once Upon the Cross de Deicide au passage).

Maintenant que le décor est planté, nous pouvons nous atteler à la dissection du monstre protéiforme sonore qu'est ce Doll, Doll, Doll, 12ème ou 13ème sortie du génial Canadien depuis 1997 (!). Une note de basse vicieuse et un grincement strident se réverbent dans les ténèbres mécaniques de Pygmalion, premier morceau de l'album. Une pulsation destructurée prend petit à petit vie et entraîne avec elle les percussions destructurées de la folie d'un enfant autiste, basses vibratoires, notes de piano désaccordé et bruitages électroniques s'entremêlent et s'entrechoquent. Aaron Funk nous montre dès les premières minutes son savoir faire, sa capacité à accélérer et décélérer, calmer les ambiances pour faire monter la tension et repartir de plus belle en ajoutant une pièce nouvelle à son puzzle musical démentiel, et nous entraîner dans le dialogue intérieur d'un enfant autiste (le thème de ce premier morceau).

Sans temps mort enchaîne Remi, suite de Pygmalion, qui déploie des ambiances fantômatiques avant d'accélérer progressivement vers un Breakcore torturé où une voix inquiétante répète inlassablement « You're Dead » dans un écho démoniaque avant de se clôre sur les pleurs d'un bébé.
Deux morceaux et plus de 13 minutes de musique (bruit?) à faire fuir les plus téméraires, tant cet improbable mélange, ces aggression percussives et le côté ultra barré de la musique retourne le cerveau. Mais il faut pouvoir dépasser cela, dépasser ses propres limites pour pouvoir s'agenouiller devant le génie du DJ le plus fou de Winnipeg.

I Rent The Ocean commence seulement à nous montrer les incroyables qualités de composition d'Aaron Funk, sa capacité à enchaîner de manière bluffante les phases musicales les plus improbables. 30 secondes d'un horrible sifflement poncuté de bruitages de terminaux d 'aéroport, avant que l'ambiance ne devienne glauque, faisant penser aux travaux les plus sombres d'Aphex Twin. Une accélération breakcore, des breaks où les basses électro tourbillonnent, puis d'un coup des choeurs d'Eglise, eux même survolés par un chant plaintif et déformé d'enfant tout de suite relayé par un improbable solo de saxophone free jazz. En arrière plan se sont greffées des cordes classiques, le tout se calme et quelques de piano jazzy s'égrènent par dessus un chant de femme dissonant et des violons hallucinés. Imaginez vos cauchemars les plus noirs, lorsque vous vous réveillez vous êtes terrorisés puis petit à petit vous êtes à même de déceler les incohérences, la foultitude de détails qui vous rappellent que tout cela n'est pas vrai. Néanmoins lorsque l'on rêve tous ces détails nous paraissent tout à fait normaux et réels, et bien c'est un peu cela la musique de Venetian Snares.

Autre exemple, Dollmaker, qui démarre par des percussions et un piano jazz, entrecoupés de stridents violoncelles, qui prennent petit à petit plus d'ampleur, le Jazz laisse alors place à un sample d'Apocalyptica interprétant Harvester Of Sorrow. Le tempo s'accélère, les violoncelles deviennent petit à petit un bruitage électronique, tandis que les percussions montent en puissance pour se termine en chaos sonore, l'ambiance change, une étrange « mélodie » puis un sample vocal de Sway & King Tech donnent le La à une orgie Breakcore presque (il est important de préciser presque) dansante, avant de se terminer sur un sample de la boîte vocale utilisée par la police lors de l'affaire JonBenét Ramsay (mini miss de 6 ans disparue et retrouvée assassinée dans la cave de ses parents le 25 décembre 1996)... Glauque!

Nous pourrions décortiquer ainsi tous les titres de ce disque infernal, l'exercice serait presque vain tant tous les morceaux sont complexes et quasiment indescriptibles. Aaron Funk compose, découpe et assemble un canevas musical d'une complexité effrayante qui doit autant à ses accélérations brutales, qu'aux moments de calme inquiétants. Oscillant entre onirisme, cruauté et aggression pure, Doll, Doll, Doll est un monument de noirceur et de surréalisme musicaux. Le sommet de l'horreur étant atteint avec Pressure and Torture, 7 minutes 48 secondes de bruit blanc entrecoupées de mélodies de klaxon débridées et de samples audio des « Miranda Tapes » des deux serial killers Leonard Lake et Charles Ng... Ignoble!

Bref, tant sur le fond que la forme, Doll Doll Doll est une oeuvre dérangeante, déroutante et noire à réserver à un public averti. Un canevas musical complexe, jusqu'au boutiste, qui révèle néanmoins des qualités de composition insoupçonnables après plusieurs écoutes. Un chef d'oeuvre du genre qui dépasse aisément certains cadors du Brutal Death ou du Grindcore en terme de mauvais goût et d'horreur car pourvu en plus d'une ambiance, d'une tension malsaine et schizophrène... et puis merde terminer son album par un morceau intitulé « All The Children Are Dead »... Aliénant et dérangeant!

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Jordanli - 29 Octobre 2014: Je sais que ça fait tard pour commenter cette chronique. Mais je viens tout juste de m'apercevoir que Venetian Snares était sur le site... Bon, faut l'avouer, c'est loin d'être évident...

Bref, bravo d'avoir eu le courage de chroniquer un album de Venetian Snares, et surtout d'avoir fait une belle chronique, intelligente et convaincante.

Aaron Funk est un artiste tellement étrange que je n'oserai même me lancer dans une analyse... J'ai déjà du mal à comprendre Igorrr, alors Aaron Funk...
Pour ma part, je trouve que Songs About My Cats est encore plus aliénant et fascinant, mais d'autant plus difficile d'accès (j'ai bien dû l'écouter plus d'une dizaine de fois pour commencer à l'apprécier).
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