Après 9 ans de bivouac passés au fin fond des vastes forêts de l’Ohio, le couple infernal Ben Deskins / Tony Tipton (guitares) revient enfin nous présenter ses meilleures prises.
Ah comme on les imagine bien tous les deux pendant toutes ces années, le soir au coin du feu de camp, avec quelques écureuils qui rôtissent lentement, rivaliser de technique et de dextérité sur leurs guitares endiablées, sortir de bons gros riffs de leurs treillis, avant de s’emmancher au son des braises qui crépitent dans la nuit... mais tout n’a pas été toujours été aussi bucolique !
Il faut dire que depuis la sortie du féroce «
Suffocated in Shrinkwrap » en 2004, ils ont eu bien des soucis avec le plus grand,
Jason (batterie), parti distribuer des pruneaux en Irak, et pousser à l’occasion l’incursion jusqu’à Omsk (Russie, ouais c’est un malade... ), pour nous pondre une belle bouse avec ses nouveaux amis de
Cranial Osteotomy ( «
Victim of Wicked
Sickness » ). Bien sur tout ceci est véridique.
Heureusement, après toutes ces mauvaises fréquentations dues à la fougue de la jeunesse, le fils prodigue se résout à revenir au bercail, plus beau, plus musclé que jamais, et bien décidé à regagner la cabane familiale pour traquer de nouveau le cerf au canif cranté.
Mais voilà-ti pas qu’en chemin,
Jason, croyant discerner au loin le cri de l’ours brun en rut, se précipite groin en avant à travers les fougères, avant de se jeter sur le pauvre Jimmy (growl) qui ne faisait que chantonner quelques comptines avec son pote Phil (Basse) en sautillant dans la forêt.
Se rendant compte in-extremis de sa méprise, mais sans pour autant s’excuser (ça reste un Marines quand même),
Jason réalise dans un unique éclair de génie qu’il est peut-être temps que papa et maman adopte deux autres fils, je le cite : « ...comme ça, qu’est-ce-qui y’aura toujours quelqu’un pour occuper d’eux... » (sans commentaire).
Croyez-moi ou non, mais c’est ainsi que la famille
Necrotic Disgorgement, à nouveau au grand complet, a pu concevoir en toute sérénité leur dernier méfait, le sémillant «
Documentaries of Dementia ».
Là tout s’enchaîne très vite, coup de fil à Steve Green l’écolo de chez
Comatose Music, qui en ce moment recycle pas mal de vieux et/ou mauvais groupes de brutal death : il est très intéressé, et se tape 300 bornes pour voir sur place les derniers morceaux de choix, vu que Ben et Tony refusent de sortir de leur territoire.
« Ok, y’a du boulot quand même... » se dit Steve, constatant que 9 années d’isolement à se nourrir de ragondins, de baies et de glands les ont un peu mis hors-circuit malgré les énormes qualités naturelles qui ont fait la force de leur 1er full-length, et surtout de feu-Regurgitation, leur mythique groupe d’origine.
En fin d’après-midi, car Steve ne tient pas à rester pour la nuit, on ne sait jamais, tout ce petit monde met donc en place plusieurs actions stratégiques afin de finaliser ce qui aurait pu être la tuerie de l’année :
Lors de la dernière décennie,
Spawn of
Possession ou
Odious Mortem entre autres, ont largement technicisé le brutal death, même
Deeds of
Flesh avec leur « Of What’s to Come », sont devenus des virtuoses en plus d’être des brutasses de précision. Donc on accentuera la technique, quite à taper dans le death technique à la
Augury ou Hour of Penible. Ce sera chose faite sur le joli lead de Pincushion Pussy à 1’’43, la jolie phrase mélodique de
Icepick Ear Sodomy ( jouée à partir de 3’’24 pendant 3mn tellement elle est jolie, snif ), et le joli morceau final He Wears the
Flesh, qui fait très groupe moderne de death technique allemand, les leads de Ben et Tony rappelant même parfois le jeune Christian Muenzer dans l’attaque, sauf qu’ils tiennent 5 secondes pas plus.
Ensuite finies les prises de son dans la cave pendant que
Jason lacère le dos de sa petite amie, on sort la grosse prod de maintenant, avec une batterie monstrueuse et le mur sonore de double grosse caisse à l’italienne, histoire d’en mettre plein la vue. Bon là c’est réussi, euh.. un peu trop à mon gout d’ailleurs, car à la première écoute, on cherche d’abord à capter ce que font les grattes derrière la batterie. Il faudra bien pour ça 2-3 écoutes assidues et la mise en place d’un petit logiciel mental séparant dans l’ouïe d’un côté la batterie et de l’autre les guitares. C’est dommage, car Tony et Benny sont très loin d’être des manchots et leurs compos parfois moyennes, parfois très bonnes méritent le détour. Bon, pour la basse, le problème ne se pose pas, qu’elle soit là ou pas, ça ne change rien.
Steve : « Le concept les gars, le concept ! Saignant et gratiné ça s’entend. Des femmes enchainées et torturées, genre 3 bombasses qui se promènent en voiture et qui se perdraient au premier croisement, les connes ! Après vous les capturez, parce que vous les avez reniflées à trois miles, et puis là c’est la boucherie... on demandera à Phlegeton, le mec de
Wormed, de nous concocter un artwork bien dégueu, il sait faire... y’a qu’à voir ce qu’il a pondu pour
Cesspool of
Vermin,
Avulsed ou
Katalepsy ».
Dernier réglage à peaufiner, si
Necrotic Disgorgement bénéficie de moyens conséquents et dorénavant d’un chanteur ultra efficace qui n’en fait jamais trop, il faut avouer que la grass de l’Ohio ne les pas motivés plus que ça pour composer les nouveaux hits du brutal death US.
En effet, malgré les titres Anal trauma, Crack
Whore Compost et le brulot
Grotesque Skeletal Reconstruction qui sont dignes de la réputation de nos braconniers, successions de tricotages effrénés, breaks suffocants, vitesse gorgasmique, force est de constater que les morceaux
Defecation Delicacy, Conceived for
Incest ou
Postmortem Fluid Evacuation sentent plutôt le remplissage... hey les gars... ça fait pas beaucoup de morceaux par an ça... et pas que des bons en plus !
Un album en demi-teinte donc, malheureusement pour les fans.
Pas assez teigneux dans l’intention, avec trop de ficelles à droite à gauche. Finalement il vaut mieux parfois une fougue approximative mais instinctive et un vieux son bien crade pour faire du sordide, au moins les morceaux baignent tous dans le même jus sale, en instaurant un climat autrement plus glauque.
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