Il faut toujours se méfier des idées reçues, des approximations que l’esprit peut créer en rapprochant des éléments semblant évidents mais pourtant clairement distincts. Car une telle facilité d’interprétation provoquera forcément, à un moment ou à un autre, une erreur de compréhension ou un jugement de valeur faussé par une approche erronée d’un sujet quelconque.
Il parait pourtant tellement évident, lorsque l’on écoute pour la première fois "
Divine Madness", que le groupe est grec, que la découverte d’une contrée beaucoup moins exotique et bien plus hostile est en soi une surprise. Si la langue chantée en soi aurait pu mettre la puce à l’oreille, cela ne justifie pas en soi une source tangible pour douter de la nationalité de
Lethargy. Car de son artwork qui aurait pu être peint par
Seth Siro
Anton à sa production symphonique tout en puissance ou plus précisément son dark metal hellénique évoquant Septic
Flesh ou
Rotting Christ, nous pouvions être à mille lieux de penser que le sextet était en réalité ukrainien. Est-ce que cela change en soi la perception d’écoute ? Légèrement oui, tout en leur accordant plus de crédit encore pour ce second album…
Musicalement, c’est un dark metal atmosphérique et symphonique que livre
Lethargy, entre Septic
Flesh (pour la pâte mélodique),
Inactive Messiah (pour le son) ou encore
Moonspell (pour l’ambiance gothique). "Buried Mourning Hearts" est une première grande réussite, mettant d’emblée les grandes qualités mélodiques des guitaristes ainsi que le travail vocal très important de
Vitaly Yavnov, parfaitement à l’aise dans chacun des registres qu’il exploite. La reprise à la lead guitare de "La Lettre à
Elise" est en soi la preuve d’une dextérité technique et d’un savoir-faire mélodique impressionnant de maturité. Mais "
Grief of
Satan" va encore plus loin, partant d’un lead mélodique imparable mais surtout d’une ligne vocale hurlée possédée et magistralement interprétée, très proche de ce que Fernando Ribeiro propose depuis "
Memorial" avec
Moonspell. Si l’on sent que les moyens financiers ne furent pas énormes pour cet album, les claviers n’en sonnent pour autant pas cheap, se révélant même cruciaux dans la mise en place des ambiances et des atmosphères évoquant les contes et les mythes de la Transylvanie. Un soli mélodique sublime vient agrémenté "
Grief of
Satan", tout juste suivi d’une partie en arpèges d’une maturité époustouflante avant de repartir sur le chant écorché et criard de l’ukrainien, toujours porté par un grand souffle épique et guerrier.
Relativement longues et très construites, les onze pièces de "
Divine Madness" (auxquelles s’ajoutent une introduction et un outro) possèdent chacune une identité marquée mais forme clairement un ensemble cohérent et lumineux, ne souffrant pas de l’opacité propre au dark metal. L’éponyme, par exemple, s’il évoque toujours
Moonspell lorsque le chant se fait hurlé, dispose de sa propre force dans les orchestrations très fines et surtout dans la très intéressante ligne de chant claire, sur laquelle les racines de l’Est prennent le dessus pour former un ensemble absolument magnifique entre les chants en chœur et la partie hurlée d’un lyrisme flamboyant. Un incroyable boulot a vraiment été réalisé sur le plan vocal, encore plus magistral lorsque l’on sait que c’est un seul et unique homme qui a réalisé tout cela et qu’il n’a en plus que 25 ans. L’ambiance plus éthérée mais toujours aussi fine de "Court of Sinners" dévoile quant à elle une plus grande part de mélancolie et de féérie, malgré une présence toujours insistante d’une noirceur latente, d’un mal qui rode, d’une bête prête à attaquer avec violence et rage.
Si l’on parle de mélancolie, il ne pourra être passé sous silence la sublime "I’m Sorry", véritable pépite de l’album. Très simple et épurée dans son approche, partant d’une simple mélodie de claviers, elle prend son envol par le chant clair si particulier de
Vitaly (qui ne manquera pas d’avoir son lot d’adeptes et de détracteurs) puis par un riff de guitare simple mais terriblement prenant et viscéral. Si la mélodie de clavecin ensuite prend des allures un peu trop mièvres, cela n’enlève en rien de la force de cette composition, très mystique. Le chant dans la langue natale du groupe sonne comme une incantation, une prière aux grands anciens. Cela sera encore plus marquée et puissant sur le bonus "Tenderness and Love", aussi indispensable que le reste du disque. Débutant là encore sur une ligne de piano belle à pleurer, c’est surtout la fluidité vocale, et la beauté pure qui en découle, qui impressionne. D’abord narratif et introspectif, puis ouvert et clair, il prend peu à peu de la hauteur pour prendre les contours d’un hymne national.
Un hymne…
Oui, aujourd’hui,
Lethargy, en sortant de nulle part et en proposant avec "
Divine Madness" seulement son deuxième album, surprend et s’inscrit déjà dans un contexte d’avenir. Là où les influences de Septic
Flesh,
Inactive Messiah ou
Moonspell sont flagrantes, la personnalité du groupe n’en devient que plus forte en imposant un métissage vocal très original et une identité de la langue rare dans ce type de metal (et encore moins lorsqu’il est réussi comme ici).
Si
Metal Scrap est un petit label, les albums récemment sortis chez eux s’inscrivent de plus en plus comme des groupes pouvant jouer un rôle dans le futur dans des styles commençant souvent à tourner en rond. "
Divine Madness" est en soi supérieur à un "Alpha Noir" ou un "
Sinful Nation" ayant pu décevoir…et s’il ne manque qu’un grand nom sur la pochette pour être déjà en haut de l’affiche, les fouineurs ne s’y tromperont pas et c’est bien avec cet album qu’ils combleront leurs longues soirées d’hiver…
Par contre il y a une erreur:
Tu parles d'un groupe Ukrainien qui ressemble à des groupes Grecs et tu évoques un "dark metal lusitanien": Peut-être voulais-tu dire Héllène? Parce que sinon je ne vois pas le rapport, "lusitanien" faisant référence au Portugal.
je pense que je vais me le commander avec le dernier Saille celui-là!
Idem que Icare, j'vais de passer à gibert pour essayer de la trouver, avec Saille et Fen.
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