Dissolution

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15/20
Nom du groupe Jours Pâles
Nom de l'album Dissolution
Type Album
Date de parution 10 Mai 2024
Style MusicalBlack Metal
Membres possèdant cet album19

Tracklist

1.
 Taciturne
 04:58
2.
 La Reine de Mes Peines (des Wagons de Détresses)
 07:06
3.
 Noire Impériale
 06:19
4.
 Les Lueurs d'Autoroutes
 04:04
5.
 Réseaux Venins
 04:11
6.
 Une Mer aux Couleurs Désunions
 02:19
7.
 Limérence
 05:41
8.
 Dissolution
 06:30
9.
 Terminal Nocturne
 04:24

Durée totale : 45:32

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Jours Pâles


Chronique @ Icare

23 Juin 2024

Un album très personnel, presque thérapeutique, qui se plait à brasser les styles et nous tirer de notre zone de confort

A l’origine, Jours Pâles est le nom du premier et unique album d’Asphodèle, duo à la musique atypique incarné par Spellbound (Aorlhac) et Audrey Sylvain (Amesoeurs, Alcest, Les Discrets). Quand la chanteuse décide de quitter le navire, Spellbound ne se laisse pas abattre et continue à composer pour ce projet personnel qui lui tient à cœur et lui permet d’exorciser ses démons. Deux nouveaux albums sortent en 2021 et en 2022 et le cap musical reste sensiblement le même, seul le nom de la formation change, passant d’Asphodèle à Jours Pâles.
Spellbound, entouré d’Alexis, Alex et Ben (respectivement guitare, basse et batterie) nous revient donc pour un troisième album sous la bannière de Jours Pâles, toujours chez Les Acteurs De L’Ombre qui soutiennent la formation depuis ses débuts.

Pour ceux qui n’auraient jamais jeté une oreille sur la musique du groupe, celui-ci évolue dans un registre black moderne et mélancolique très original, teinté de fortes influences gothiques, rock et pop, et vomissant des mélodies douces amères aux tons parfois presque naïfs enrobées dans un écrin de crasse et de déchéance urbaines.
Beaucoup de noirceur et d’amertume se dégagent de ces neuf nouvelles compositions (La Reine de mes Peines, le début du morceau éponyme avec cette basse dont les secousses évoquent des sanglots), cyniquement appuyées par ces mélodies de clavier faussement sucrées et candides. Il flotte sur ces 45 minutes une impression de malaise tenace, une sorte de dégoût, de fatigue et de rejet omniprésents parfois rehaussés par des explosions de colère ou de rancœur plus violentes, creusées par le chant aboyé vomitif et rageur de Spellbound, ce qui crée un sacré relief.
Le groupe n’a pas peur non plus d’afficher des ambitions presque symphoniques lors de certains passages à la grandiloquence maussade (le long break de toute beauté dès 1,42 minutes de Noire Impériale avec ses mélodies tristes qui, tout du long, accompagnent le morceau en filigrane, Dissolution et ses notes de guitare tourbillonnantes qui rappellent un peu Unholy Matrimony), créant un style unique et immédiatement identifiable qui peut être assez difficile à appréhender et demande une certaine ouverture d’esprit.

De fait, malgré la violence de l’ensemble, on s’éloigne toujours plus des codes du black dit classique et le quatuor explore les couloirs d’une musicalité variée, exigeante et parfois complexe où l’on peut croiser les spectres de The Old Dead Tree, Your Shapeless Beauty ou Lifelover au milieu des ruines d’un black à la fois rapide, mélodique et exalté si cher à Spellbound. Ce dernier ne semble pas se poser de limites et propose un assemblage musical qui peut parfois dérouter (Les Lueurs d’Autoroute, avec ses arpèges de guitare post rock lumineux où intervient un chant féminin et quelques parties narrées qui s’apparentent à une sorte de spoken word désabusé, Une Mer aux Couleurs Désunions, sorte d’interlude électrique et langoureuse dépressive aux faux airs de Scorpions, Terminal Nocturne, aussi poétique que déchiré) où l’auditeur tâtonne à l’aveugle dans une bruine de notes cassées et dissonantes qui se plaît à brouiller les repères.
En effet, la musique, dense et touffue, nous berce parfois de cette impression d’ivresse confuse, une brume éthylique et chimique dans laquelle des notes et des humeurs a priori inconciliables copulent en des étreintes contre-nature (Réseaux Venins, où l’on a du mal à distinguer les mélodies mixées très en retrait, tellement la voix est mise en avant, semblant parfois évoluer indépendamment de la musique) ce qui pourra tant séduire que dérouter. Quoi qu’il en soit, Dissolution est un album toujours très personnel et presque thérapeutique d’un combo qui prend un malin plaisir à brasser les styles et nous tirer sans ménagement de notre zone de confort, n’hésitant pas à nous perdre dans les méandres tortueux et les visions de déchéance issues des psychoses, des addictions et des angoisses de son géniteur tourmenté. Les riffs, tournoyants et dissonants, s’enchaînent parfois de façon abrupte, très spontanée, renforçant ce sentiment de chaos, et rappelant les lendemains de cuite difficiles ou la lente et angoissante descente de substances, entre moments de dépression avancée et bouffées d’oxygène chimique où parviennent à surnager quelques mélodies simples et belles, encore bardées d’innocence (Les Lueurs d’Autoroute, Limérence).

Voilà donc un album riche, exigent et très émotionnel qui creuse toujours plus les contrastes d’un black metal hybride que Spellbound remodèle à chaque sortie suivant ses humeurs et ses déboires. Dissolution s’adresse aux auditeurs de black metal les plus ouverts mais saura sans doute séduire tous les écorchés vifs qui traînent leur peine dans un monde ultra moderne et aseptisé en perte de valeurs où même les émotions semblent de simples marchandises à monétiser.

Rêvant d'une époque où nos esprits débridés
Remettraient de l'ordre à cette époque souillée
A l'heure des quêtes molles des cultures désaxées
Je préfère c'est certain la solitude et mes excès

Un nouveau monde se créé
Et ce n'est pas le mien
Lignes courbées toutes cabossées
Parcours sinueux à tout jamais.

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