Unreqvited est un one man band canadien qui voit le jour en 2016 à Ottawa sous l’impulsion de鬼. La même année, l’artiste sort
Disquiet, et c’est cet album qui est aujourd’hui réédité chez
Cold Records, label spécialisé dans les sorties post black/blackgaze qui inondent la scène de leurs douces harmonies depuis une bonne dizaine d’années.
L’album s’ouvre sur des arpèges aériens typiques du post rock, agrémentés de quelques notes de piano et d’un clavier en toile de fond qui tisse une ambiance onirique. Oui, vous l’aurez compris dès le paragraphe introductif, Unreqvited fait partie de ces formations de post black metal évoluant vers une musique extrêmement mélodique et lumineuse, gorgée d’émotions impalpables.
En effet, durant les 41 minutes que dure l’opus, 鬼 nous offre un condensé parfait du style : arpèges célestes, montées en puissance progressives durant lesquelles les instruments se greffent par petites touches jusqu’à l’explosion émotionnelle inévitable qui lance véritablement le morceau, voix extrêmement arrachée et mélancolique noyée dans un écho lointain, agissant comme un instrument à part entière sous forme de cris et de plaintes à remuer les tripes, notes de clavier et de piano cristallines et jeu de batterie reposant principalement sur la double pédale et la caisse claire, il va sans dire que le Canadien connaît son manuel du blackgaze sur le bout des doigts et a été biberonné au
Alcest, Les discrets et Explosions in the Sky.
Les sept titres qui composent ce
Disquiet s’enchaînent de façon très fluide, les morceaux se terminant en un fondu qui amorce habilement le début de la plage suivante, et le tout nous plonge dans une sorte de transe béate, les mélodies étant bien trouvées et très prenantes, alternant entre envolées de guitares et de clavier azuréennes simples mais efficaces. Ajoutez à cela quelques passages typiquement atmosphériques, comme le nébuleux A Tear From the Oak, ou le début de Death, au remarquable travail de claviers entremêlés (on sent parfois planer l’ombre timide de
Summoning sur certaines parties de clavier), et le tour est – extrêmement bien - joué.
Oui, encore une fois, on sera bien forcer de reconnaître que Unreqvited n’a aucune originalité et ne se distingue pas vraiment des grands noms du genre, et qu’il propose une musique certes parfaitement exécutée mais probablement trop léchée et mélodique pour ceux qui apprécient le côté plus rugueux et agressif du black. D’ailleurs, même dans ce créneau post black si décrié des puristes, le one-man-band propose une musique particulièrement douce et aérienne, parfois presque sirupeuse, la faute à un piano un peu trop mis en avant et envahissant, et aux mélodies parfois un brin faciles.
Ceci dit, force est de constater que dans l’ensemble, la magie opère, le Canadien jouant de toute évidence avec sincérité et passion une musique qui l’habite, habile mélange de post rock, de black atmosphérique et de parties plus épiques composées au clavier : les ficelles ont beau être un peu grosses, et on a beau avoir l’impression d’avoir déjà entendu plusieurs fois ces superbes plages qui nous élèvent dans les firmaments,
Disquiet nous transporte car
Disquiet est beau, tout simplement.
En un mot comme en cent, voici un groupe à découvrir et à écouter les yeux fermés pour les amateurs du genre, les autres seront toujours aussi réfractaires à ce type de musique qu’ils jugeront trop gentille et sirupeuse. Et quoi qu’il en soit, si Unreqvited ne fait pas l’unanimité, il s’en moque : il a déjà la tête dans les étoiles.
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