Oh les enfoirés !
Excusez ce début de chronique pour le moins douteux, mais c’est qu’ils m’ont bien eu les petits gars de
Werewolf Productions. Ben ouais quoi, quand tu vois sur le label de
Satanic Tyrant Werwolf un groupe appelé
Druadan Forest prétendument versé dans le black ambiant épique, au logo rouge sang et à la belle pochette aux tons gris, si tu aimes l’obscurité, la forêt et les fjords, tu te poses pas de questions, tu signes tout de suite et tu te prépares à te plonger dans une heure d’un black aux ambiances sombres, brumeuses et ritualistes qui sent l’humus et le sapin.
Perdu ! Si la musique de Ville Pallonen, alias V-
Khaoz, seul membre de
Druadan Forest, qui voit le jour en Finlande en 1998, se rapproche de groupes comme
Summoning sur ses réalisations précédentes, avec un style très riche et épique, manque de bol, sur son troisième full length que voici, le sieur a décidé de rendre un hommage à un style que visiblement il a en très haute estime, et ce sur un album complet à la durée dérisoire de 72 minutes, j’ai nommé… le dungeon synth !
Merde alors ! Le dungeon synth, ce serait pas le style un peu chiant et carrément cheap où on entend trois notes de clavier qui se répètent sans variation pendant 20 minutes (mais si, vous savez, Rundgang um die Transzendentale Säule der Singularität de
Burzum ?). Ouais, c’est ça.
Bon, je vous rassure tout de suite, pas de drame, dans le genre,
Dismal Spells from the Dragonrealm est plutôt correct, rappelant parfois Isegrimm ou
Uruk-Hai dans ces lignes de clavier, même s’il ne parvient jamais à atteindre la profondeur des ambiances de ces derniers. L’ensemble est plutôt plaisant, Unsung
Spell of no
Solace dépeint des atmosphères assez variées, tantôt féériques et elfiques, tantôt sombres et dramatiques, qui viennent même s’enrichir de très légères percussions en fond et du croassement lugubre du sorcier finlandais, et The Seizure of
Power in the Luminous Lands by the
Hands of the Stalking Fiends – oui, vous avez vu ? les noms des titres sont aussi longs que les titres eux-mêmes ! - souffle gentiment un petit vent épique sympathoche et expire des notes plus feutrées et intimistes à la fin ; ceci dit, tenez-le vous pour dit, vous ne serez pas secoués par la virtuosité musicale ou l’audace des changements de rythme :
Druadan Forest opère pendant 72 minutes un subtil jeu d’ombres et de lumières entre teintes grisâtres et bleutées, le tout s’écoulant paisiblement, trèèèèèès paisiblement le long de ces touches de clavier intemporelles – certains diraont interminables - et brumeuses, ces rares bruitages et effets (percussions, flûtes, cuivres, mais toujours en filigrane) et ces quelques chuchotements épars.
Car c’est bien là que le bât blesse : force est de reconnaître que l’ensemble est quand même sacrément longuet et manque cruellement de contrastes; les quatre compositions s’étalent entre 16 et presque 20 minutes, étirant le même thème à l’envi, et ne procédant qu’à des variations très légères et progressives qui ne sautent pas toujours à l’oreille, loin s’en faut (
Enthralled by
Majestic Winters Eternity en est le meilleur exemple). Les mauvaises langues pourraient parler de musique soporifique, restons polis et parlons plutôt de musique d’ambiance, qui possède d’ailleurs un certain charme suranné pas désagréable, dégageant des sentiments d’héroïsme, d’épopée et de rêveries d’un autre temps. Mais le tout est à mon goût bien trop minimaliste, long et répétitif, et si certains l’attribuent comme un défaut inhérent au style, qu’ils aillent écouter le dernier album d’
Elffor pour se convaincre que l’ambiant/dark/dungeon synth n’est pas toujours nécessairement chiant. La musique de
Druadan Forest est trop diluée, trop timide dans les humeurs qu’elle suggère (pourquoi ne pas mettre plus en avant les percussions, les différents samples et autres instruments à la portée plus épique pour accentuer les contrastes et renforcer les mélodies?), et si l’on associe souvent le style à l’heroïc fantasy, perso, à l’écoute de ces quatre titres, j’ai du mal à m’imaginer du barbare dégommer de l’orc à la hache, et je vois plus un frêle elfe fixer mélancoliquement la pleine lune et réfléchir au sens profond de sa vie.
Bref,
Dismal Spells from the Dragonrealm est un album honnête mais loin d’être inoubliable, pas assez varié et immersif pour vraiment captiver les non-initiés au genre. Reste que cette galette peut s’apprécier comme bande son de vos après-midi jeux de rôle ou de vos longues soirées d’hiver à paresser sous la couette avec le feu qui crépite dans l’âtre. A vous de voir, moi je préfère me repasser
The Loremasters Time.
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