Liste des groupes Death Metal Nirvana 2002 Disembodied Spirits

Quand un nouveau style se créée, il y a toujours un tri qui se fait parmi ceux qui étaient là au départ. C'est souvent au hasard des circonstances que certains deviennent connus et s'établissent comme des classiques, alors que d'autres disparaissent sans laisser de traces et retombent dans les limbes de l'underground, où au bout d'un moment quelques fanatiques égarés viendront les repêcher pour en faire un groupe "culte".

Alors quand il y a deux ou trois ans un frémissement s'est fait sentir au tour du Death Metal dit "Old school", c'est-à-dire pour simplifier datant d'avant 1993, pas mal de gens ont ressorti leurs stocks de groupes oubliés et ont fait leur possible pour faire reconnaître leur influence, avant que des labels bien inspirés et sentant le bon filon mettent le grappin dessus et sortent des ré-éditions ou des compilations, histoire de surfer sur la vague et de vendre à ceux qui n'étaient pas là à l'époque. Comme Relapse vient de faire avec Nirvana 2002, un des dix premiers groupes suédois à s'être monté avant 1989 et l'avènement public du Death Metal.

Groupe obscur, Nirvana 2002 a enregistré une douzaine de titres avant son split. Sa seule sortie un tant soit peu diffusée est cette démo trois titres, qui par le son comme par l'ambiance colle d'assez près aux Entombed, Dismember et compagnie. Bien qu'elle ne soit pas enregistrée au Sunlight, elle présente un son de guitare typiquement suédois, grésillant et agressif, d'assez bonne qualité pour l'époque et pour les moyens du groupe. Tout s'entend correctement, bien qu'évidemment la basse soit un peu enterrée dans le mix.

Concernant la musique en elle-même, elle ne paraît pas aujourd'hui d'une originalité folle. Mais elle se distingue tout de même des groupes suédois contemporains par quelques touches particulières. Sur les trois titres ici présents, Slumber est celui qui ressemble le plus à Entombed, avec un départ à 200 à l'heure, un solo vite expédié et une rythmique speedée, la batterie martelante enchaînant pilonnage de caisse claire, roulements brefs et abrupts et raids occasionnels sur les cymbales. Et puis on est surpris par un brusque coup de frein et l'arrivée inopinée d'une nappe de claviers qui tempère l'aspect Thrash et brut de décoffrage du début, en posant une ambiance glauque et onirique. Dans l'ensemble, rien à redire, les riffs sont déjà Death Metal au possible, seule la batterie sentant encore son école allemande. Zombiefication est plus classique et ne bénéficie pas du même effet de surprise, étant avant tout un titre court et rapide, nerveux, cherchant avant tout à tabasser copieusement, avec de longs riffs mélodiques balancés à toute volée, un solo éclair et un final mid-tempo assez écrasant. Pour clôturer la démo The Awakening Of... remet la barre au niveau du premier titre, en étant construit de manière semblable, mais avec un rythme décalé bien que tout aussi binaire.

Nirvana 2002 maîtrisait fort bien son art, en présentant tout ce qui a marché pour ses grands frères avec une aisance égale. Le chant lui-même, agressif et pugnace, était notable sans vraiment innover par rapport aux autres chanteurs du genre, et le sens de la mélodie sombre et étouffante était bien là. De plus, à l'instar de Tomas Lindberg pour Grotesque et plus tard At the Gates, le groupe bénéficiait d'un parolier original qui plutôt que de reproduire les poncifs alors déjà habituels, écrivait des textes centrés sur les aspects les plus tordus et sordides de l'esprit humain. Alors on peut se demander si dans d'autres circonstances, ce n'est pas Nirvana 2002 qui serait devenu une référence incontournable et Nihilist/Entombed qui serait tombé dans l'oubli. Ça tient à peu de choses, mais dans tous les cas, comme cette démo le montre, pas forcément à la qualité musicale : Nirvana 2002 n'avait clairement rien à envier à ses pairs.