Percer aujourd’hui en France avec un produit (et oui, nous sommes dans l’ère du marketing et de la consommation malheureusement !) death métal peut relever du miracle et de l’utopie tant la scène extrême hexagonale semble surcharger de groupe tous aussi brutaux qu’ils sont conformistes.
Alors, évidemment, lorsqu’il me vient entre les mains un mini album trois titres d’un groupe nommé de plus An[om]aly (prononcer Anomaly simplement), patronyme des plus traditionnels pour un combo officiant dans ce genre et avec une très jolie pochette rappelant les travaux d’
Aborted dans l’esprit (plus que dans la finalité vous en conviendrez mais les formes se retrouvent), je me demande bien ce que je vais trouver de passionnant sous ces airs relativement conventionnels.
Et bien une certaine surprise qui sera de taille au fur et à mesure de ces trois morceaux qui dévoilent un visage bien plus intéressant que l’on pouvait s’y attendre initialement.
Un death certes très brutal mais qui semble vouloir arpenter des sentiers quelques peu en marges de ceux battus en brèche par leur confrère, notamment grâce à Faab, leur vocaliste n’hésitant pas à varier son guttural très profond contre un chant se rapprochant du grind par instants, et instaurant une démence et une schizophrénie des plus passionnantes.
Coincé entre un
Aborted, un
Origin et un
Benighted des débuts, "Discorpsed" (original non ?) ouvre le bal avec violence et blasts quasi ininterrompus. Les riffs se veulent syncopés et évitent ainsi le piège de la linéarité, Faab, osant même quelques brides et éphémères passages black tient presque à bout de bras cet initiateur par son talent et sa polyvalence.
La production confectionnée avec les moyens du bord est également d’une qualité assez impressionnante pour ce qui fut probablement mis en œuvre, débordante de puissance, ni plate ni sclérosé par un surplus de technologie, il en ressort une grande sincérité et une impression d’entendre à la note près ce qui fut joué lors des cessions d’enregistrements.
Arborant des influences plus américaines dues à l’incursion d’harmoniques sifflées si propre à
Machine Head, "Deviated" défonce tout sur son passage dans un registre typiquement death sans une once d’originalité mais avec une efficacité redoutable et digne d’un char d’assaut (qui à dit
Panzerchrist ?) mais avec rapidité plus que lourdeur.
Une introduction ambiante, quoique trop courte, ouvre le déjà dernier titre (là, je suis désolé mais le track by track s’impose…). "Chromosomes", toujours aussi rapide, ne tarit pas d’argument mais semble quelques peu souffrir ici du manque de relief de la prod.
En effet, les riffs plus lourds, les changements de tempo étouffants et malsains du morceau ne semble pas mis réellement en valeur, alors qu’il s’agit sans contexte de celui prenant le plus de risque, entre interventions d’un discours (Hitler ?), d’un chant devenant rythmique musicale plus que guide parolier (et se forgeant ainsi une certaine originalité), vocaux hurlés black écorchés et ambiances malsaines ésotériques.
An[om]aly semble réellement tenir le bon bout sur ce dernier extrait, ou tout du moins touché le commencement d’une personnalité encore un peu trop absente de ce "Disconformities".
Mais tout en sachant également qu’il ne s’agit que de l’ébauche d’un, espérons-le, premier album complet, nous ne pourrons forcément juger le véritable potentiel des parisiens qu’avec un peu plus de matière entre les oreilles.
Mais il est certain que le premier essai est concluant, reste plus qu’à le transformer.
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