Liste des groupes Black Symphonique Saturnian Dimensions

Le black métal symphonique est un genre dans lequel le Royaume-Uni s'est depuis longtemps distingué. Il a en effet fourni à la scène deux figures de proue qui ont chacune dans leur style apporté leur contribution au genre. Un black symphonique résolument épique du côté de Bal Sagoth, un autre plutôt gothique chez Cradle Of Filth. Rien d'étonnant donc à ce qu'un jeune groupe britannique s'oriente vers ces horizons afin de perpétuer cet héritage.

Notre quintet se forme en 2007 (autour de membres ayant tous déjà évolué dans des formations précédemment) et livre un premier EP un an plus tard. Ayant ensuite intégré dans ses rangs deux membres supplémentaires, Saturnian s'oriente en 2012 vers un premier album. Rare formation non-norvégienne à être signée chez Indie Recordings, le groupe nous offre donc ce "Dimensions" à l'artwork très soigné. Cette vision onirique dans des tons violacés peut nous rappeler les inspirations cosmiques de Limbonic Art mais m'a surtout personnellement évoqué le poème d'Aloysius Bertrand, "La Ronde Sous La Cloche", avec ces personnages enturbannés dans le rôle des enchanteurs.

L'intro grandiloquente "Construct-Illusion" nous met tout de suite dans une ambiance épique à grand renfort de chœurs quasi-religieux et d'une pointe de chant lyrique féminin. Cet aspect présent sur ce morceau introductif sera un des axes majeurs suivis par l'album. Saturnian a voulu nous offrir un opus épique (rejoignant ainsi leurs compatriotes de Bal Sagoth, bien que la voie empruntée soit différente) et volontairement majestueux, servi en cela par le travail effectué sur le chant.

L'omniprésence des chœurs, qu'il soient féminins ou masculins, agacera certains mais offre à l'album une aura solennelle. Le souffle épique est également apporté par des passages de chant clair masculin prenant des accents étrangement proches d'un Jari Maenpaa (Wintersun) que l'on retrouvera sur "Into Etherea" ou "Shadow Of Prophecy" notamment. Les parties de clavier sont aussi bien assurées, présentes sans en faire trop.

Les britanniques varient également bien les plaisirs. On a en effet le droit à des titres black/death symphonique, tels "Eternal Eclipse" où le batteur nous gratifie de blast beats effrénés, le grunt variant lui entre un aspect black "classique" et un timbre plus grave, purement teinté death-metal. De l'autre côté des morceaux mid-tempo, comme "Aphotic" où l'alternance growl/chant féminin produira un contraste enchanteur, et même un instrumental ("Traces From The Past") offrant un intermède reposant. Quant à "The Immaculate Deception", morceau de bravoure final de plus de neuf minutes, il clôture joliment l'album avec ses soli de qualité.

Le seul véritable bémol viendra de la similitude entre les morceaux qui ne permet pas de vraiment faire sortir un titre du lot, titre qui, s'il avait existé, aurait surement propulsé cet album dans une autre dimension (et ce n'est pas un jeu de mots). Le mixage n'est par ailleurs pas le plus heureux qui soit, les chœurs "noyant" quelque peu les autres instruments mais c'est tout relatif.

Pour un premier album, Saturnian peut se vanter d'avoir réalisé une oeuvre de grande qualité. Un album à la personnalité déjà très affirmée et une maturité étonnante pour ce jeune groupe. L'avenir semble donc radieux et si la voie tracée est suivie la reconnaissance et le succès risquent d'être vite au rendez-vous.