Liste des groupes Metal Gothique Sever The Light Dies Irae

Nouvel entrant dans le si concurrentiel registre metal gothique à chant féminin, c'est non sans une extrême prudence que ce jeune quintet mexicain originaire de Mexico se lance dans l'arène. Aussi, mû par un soudain élan d'inspiration mais conscient des risques courus à trop vouloir brûler les étapes pour essaimer ses riffs, le combo latino-américain réalisera en 2022 la bagatelle de quatre singles – « Devotion », « Dark Desire », « Blinded & Miserable » et « The Beautiful One » –, soit quelques mois avant la sortie de son introductif et présent EP, « Dies Irae » ; une auto-production modeste de ses 20 minutes sur lesquelles s'enchaînent sereinement 5 pistes, dont les 4 singles sus-cités. En quoi ce frais collectif pourra-t-il alors se distinguer de ses homologues stylistiques, toujours plus nombreux à affluer ? Ce premier effort fera-t-il de Sever The Light un sérieux espoir de cet espace metal ? Ou peut-être constituera-t-il la première page d'une histoire au long cours pour la troupe ?

Dans cette première aventure, nous embarquent de concert : la chanteuse au chatoyant grain de voix, dont les médiums ne sont pas sans rappeler ceux d'Amy Lee (Evanescence), et fine claviériste Pamela Oscos  ; Diego Martinez et Alonso Huerta, aux guitares ; Leo Bustamante, à la basse ; Emilio Aparicio, à la batterie. De cette étroite collaboration émane un propos rock'n'metal atmosphérique aux relents dark gothique, dans la lignée d'Evanescence, We Are The Fallen, Lacuna Coil, Tristania et de Draconian. Un set de compositions témoignant d'une technicité instrumentale dores et déjà maîtrisée, et de sentes mélodiques savamment échafaudées et finement restituées. Qualités artistiques ayant pour corolaire un enregistrement de bon aloi, concédant cependant un léger sous-mixage des lignes de chant par rapport aux orchestrations. Mais montons sans plus attendre à bord de la frêle goélette pour une traversée que l'on espère ponctuée de terres d'abondance...

C'est en partie sur une mer houleuse que s'effectue la traversée, nos acolytes en profitant alors pour disséminer quelques séries de notes aptes à aspirer le tympan. A commencer par « Dark Desire », mid/up tempo dark atmosphérique gothique aux riffs roulants, à la confluence de Tristania et de Lacuna Coil. Sur le schéma oratoire de la Belle et la Bête, l'intrigant et néanmoins magnétique méfait alterne les angéliques impulsions de la sirène avec des growls éminemment glaçants ; un vibrant solo de guitare vient alors compléter un tableau déjà richement orné. Dans cette veine s'inscrit également « Blind & Miserable », un pulsionnel et enivrant effort aux riffs épais, dont l'engageant refrain se voit mis en exergue par les troublantes inflexions de la déesse. Un poil plus incisif, « No Sense » se pose, lui, tel un énigmatique up tempo au carrefour entre Draconian et Lacuna Coil ; égrainant ses riffs crochetés et greffé sur des arrangements instrumentaux de bonne facture, cet impulsif manifeste se fait des plus headbangants ; imposant toutefois un tortueux cheminement mélodique et de complexes séquences d'accords, cette corrosive offrande s'offrira moins immédiatement au chaland.

Quand ils nous immergent au sein d'intimistes espaces, nos compères se muent en de véritables bourreaux des cœurs en bataille, nous livrant par là même leurs mots bleus les plus sensibles. Ce qu'illustre d'une part, « Devotion », ballade atmosphérique gothique dans le sillage d' Evanescence. Disséminant de délicats arpèges au piano et s'écoulant le long d'une radieuse rivière mélodique, le poignant effort se charge en émotion au fil de sa progression. Et ce n'est pas le refrain immersif à souhait, mis en habits de soie par les félines modulations de la maîtresse de cérémonie, qui nous déboutera de ce céleste et hypnotique slow, loin s'en faut. On ne saurait davantage éluder « The Beautiful One », ballade dark gothique pétrie d'élégance, à mi-chemin entre We Are The Fallen et Tristania. Et ce, au regard de ses effets de contrastes atmosphériques, rythmiques et vocaux : d'insoupçonnées et opportunes montées en régime du corps orchestral s'offrent à nous ainsi qu'un frissonnant duo mixte en voix de contraste, des growls caverneux venant parfois se lover dans les graciles patines de la princesse. Sans doute l'une des pépites de la rondelle.

Au final, en dépit de la brièveté du message musical délivré, ce set de compositions à la fois volontiers enfiévré, parfois énigmatique, mais aussi profondément intimiste, et encensé par les troublantes volutes de la frontwoman, poussera assurément à une remise du couvert sitôt son ultime mesure envolée. D'aucuns auraient sans doute espéré des exercices de style plus variés qu'ils n'apparaissent ainsi que l'une ou l'autre prise de risque consentie par le quintet latino-américain. Encore trop proches de leurs modèles identificatoires quant aux harmoniques délivrés et ayant encore à parfaire leur ingénierie du son pour nous rallier plus immédiatement à leur cause, nos acolytes essaimeraient néanmoins de sémillantes séries de notes de leur cru et des lignes mélodiques, certes convenues, mais finement ciselées et des plus immersives. Des armes loin d'être anodines, et qui pourraient dores et déjà faire de cet inspiré combo un sérieux espoir de ce registre metal. Sans doute la première page d'une histoire au long cours concoctée par le quintet mexicain...