J'avais découvert Sunbeam
Overdrive par leur vidéo de "
Out of Plato's Cave", et ce putain de riff en chewing-gum à l'arsenic : rien que pour le kif de voir où mène la curiosité, j'avais marqué leur album "
Diama" comme cible à chroniquer.
Une petite présentation s'impose donc : issu de
Marseille, où on compte déjà ETHS, Landmarks, et
ACOD, le groupe a été créé par Tom Abrigan, qui était alors guitariste chanteur dans son projet Abrigan
And The Shrunken Heads. Désirant pouvoir se concentrer sur la guitare, il a fait appel à Karim Arnaout pour prendre le lead au micro ; le premier line-up de Sunbeam
Overdrive, qui tire son nom d'une chanson de son ancien projet, est complété avec Laurent Duclouet à la batterie, et Bruno Morgana à la basse. A noter que tout récemment, leur batteur Laurent Duclouet a décidé de quitter le groupe, il est remplacé derrière les fûts par Damien Salis (
Ze Gran Zeft, Anal Hardcore Hydrogen,…).
Pour situer leurs influences, on trouve du prog, du Djent, mélangés avec du métal alternatif des années 90 au sens large : depuis
Tool,
Deftones,
Meshuggah,
Porcupine Tree et
Soundgarden en passant par
Pantera. Avec l'envie de faire passer cette vibe 90's en l'alourdissant de manière moderne, Tom est passé à la sept cordes. Sunbeam
Overdrive a vite sorti un premier EP "Advanced 3 Tracks EP" en 2019, ce qui lui a permis de jouer à l'Euroblast Festival.
Tom Abrigan (guitare, choeurs) est le principal compositeur, et il parvient à tirer son inspiration de tout ce qui l'entoure pour le transformer en musique de manière spontanée. Il maquette ensuite lui-même les chansons , en essayant de peaufiner le son et la les compositions. Il a lui-même enregistré et mixé l'album, le mastering ayant été confié à Brett Caldas-Lima au
Tower Studio (
Megadeth,
Pain Of Salvation,
Devin Townsend Project,
Cynic, etc..). Bien que ce ne soit pas un concept album, il y a un fil conducteur autour du thème de l'élévation "comme si on suivait les crêtes d'une montagne" dixit Karim. Les textes ont été écrits par Tom au départ, et par Karim majoritairement ensuite.
L'artwork contemplatif tout en clair obscur a été réalisé par Christophe Dessaigne de Midnight Digital, qui avait déjà oeuvré pour l'ancien groupe de Tom. "
Diama", dont le nom est tiré d'un volcan du Pakistan surnommé "la montagne tueuse", est paru le 12 mai 2023 chez Tentacles Industries.
L' intro "Ascending" dessine un belle entrée en matière, avec quelques touches orientalisantes, des instruments à vent et percussions, alors qu'enfle le son des guitares.
La richesse de leur musique réside dans l'agencement de couches mélodiques et rythmiques complémentaires. Il y a un gros contraste entre des guitares rythmiques très fat, un peu à la
Periphery ou
Tesseract, et des entrelacs de guitares aériennes, qui se lient dans une belle harmonie. La principale force du groupe est de pondre des riffs moteurs mousses, catchy et malins, et pas que sur les singles "
Out If Plato's Cave" et "
Diama". Le morceau titre "
Diama" est un condensé représentatif de ce que propose le groupe, un voyage aventureux, voire tortueux, où le paysage peut changer à tout moment. On trouve aussi des synthés à pas mal d'endroits, qui mettent de petites touches années 80, entre hard et prog. Avec sa virevoltance (Jacques Chirac, sors de ce corps), Sunbeam
Overdrive me fait aussi parfois penser à The Mars Volta, surtout lorsque Karim part en volutes imprévisibles dans les aigus ("Slave to the
Void").
En effet, si la partie instrumentale est déjà très riche, l'aspect vocal n'est pas en reste : Karim a la chance d'avoir un beau timbre de voix, entre Maynard James Keenan de
Tool et Eddie Vedder de
Pearl Jam, avec un registre très étendu. A l'aise dans tous les compartiments, il peut vraiment faire tout ce qu'il veut ! Sa voix alliée à celle de Tom, qui fait de nombreux backing vocals et harmonies, donnent un côté
Alice In Chains, sans le côté scabreux ; ils chantent aussi tout en nuances, en duo sur le bonus acoustique "Fainted
Core".
Le disque est plus que généreux avec ses longues compositions, qui totalisent plus de 54 minutes de musique, avec le titre bonus. Il compte des sommets, les imparables "
Diama" et "
Out of Plato's Cave", leur superbe version de "
Hard Sun", cover de la chanson mythique du film "Into The
Wild" par Gordo Peterson (et déjà faite par Eddie Vedder). Il y a de multiples bons moments en dehors des riffs quatre étoiles pondus par tom et des lignes de chant lumineuses de Karim : le très bon refrain en unisson de "Deaf and
Blind", les couplets où s'entremêlent la basse et la dentelle de guitares claires sur "Shen", entre autres.
On a beau tout faire pour que ce soit parfait, il n'empêche que le diable se cache dans les détails, c'est le case de le dire : parfois, la multiplicité des éléments dans le tableau sonore sature un peu les sens. Il y en a tellement partout qu'à certains moments, j'ai eu la sensation de ne pas savoir où donner de l'oreille. En outre, j'ai trouvé que la mayonnaise prend un peu moins si le groupe ralentit trop, comme sur le toolesque "Diamond Shape", qui en plus dure sept minutes. Heureusement, le quatuor sait aussi aller droit au but comme sur "Crimson Stains", construit principalement sur son gros riff à rallonge façon
Moon Tooth, au mid tempo soutenu.
Il y a de quoi être impressionné par ce premier album très abouti et personnel, alliance de la plume et de l'enclume, si on peut dire. Et avec autant d'idées au mètre carré, il y a de quoi réécouter, ce qui ne gâche rien ! A voir ce que cela donne en live, avec l'énergie en prime…
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