Il suffit parfois de trois fois rien pour planter un groupe. Comme un changement de line-up, par exemple.
Formé à l'origine par Dwid Hellion (
Integrity), Thorsten Wilhelm (Vegas) et Nick Brewer (
Pale Fiction) dans le but de pratiquer une musique différente de leur terrain de jeu habituel (soit le
Negative/
Holy Terror Hardcore pour le premier et le deuxième, et le crossover/Thrash/Metalcore progressif pour le troisième) : le Neo/
Dark Folk. Le résultat s'était révélé plaisant, à défaut d'être ébouriffant, conjuguant des influences aussi sympathiques que
Death In June ou Tom Waits. Tout aurait pu en rester là, un album de Neo Folk de plus qu'on ressortirait une fois de temps en temps quand on aurait envie d'écouter autre chose que ses classiques du genre.
Et cinq ans plus tard, voilà donc que le trio revient en ne gardant du line-up original que Nick Brewer, ce coup-ci accompagné de Nathan Opposition (du groupe de Country sataniste [non non, sérieux !!]
Ancient VVisdom) et Austin Rathmell (unique musicien de The Way To Light, l'un des rares projets réellement intéressants de cette nouvelle vague venant des USA et mélangeant
Drone et Neo Folk). Opposition était déjà présent sur la paire de EPs précédant ce "
Devil Dust", il est donc assez normal de le retrouver ici, partageant à nouveau le chant avec Brewer (qui prend le pseudo de Nick Fiction quand il joue dans Roses
Never Fades).
Avec un tel line-up de gagnants, on se dit que l'on va ingurgiter une musique sombre, qui tiendra autant du drone que de la Country ou du Folk européen, le tout avec des textes bien occultes.
Bernique. Ou pas très loin.
On a juste droit à du Neo Folk de base, sans plus d'imagination que ça. Trois gars, deux guitares, deux voix et des textes qui expriment bien que la vie est triste et le monde bien noir une fois que votre femme vous a largué/trompé/s'est suicidée/se drogue/n'a pas fait la vaisselle/a oublié les bières/a accouché d'un phoque. Je schématise, mais c'est plus ou moins le truc. Comparé au précédent album, la différence est plus que notable.
Il en reste toutefois des bribes, comme dans la superbe "
Incandescent Dreams" (de très loin le sommet du disque), avec son son de guitares clair qui rappelle certains plans de Joy
Division ou des premiers The Cure, et son texte murmuré. Mais, de manière générale, là où "Fade to Black" proposait un Folk Apocalyptique honorable bien qu'encore trop timide, "
Devil Dust" se contente juste de proposer un Folk triste typiquement US dont rien ne parvient réellement à éveiller l'attention de l'auditeur. C'est bien joué, c'est classique. Quasiment toutes les chansons sont bâties sur le même modèle et l'album est à peine terminé que l'on a oublié ce que l'on vient d'écouter.
C'est vraiment dommage, compte tenu du passif de chacun des musiciens, qu'ils ne parviennent pas à nous proposer quelque chose qui soit plus personnel ou, à défaut, plus travaillé. Sans être mauvais, "
Devil Dust" est juste plat et son unique intérêt pourrait être le très beau digipack qui lui sert d'écrin, si celui-ci ne se contentait pas de simplement resservir une compilation des artworks des deux précédents EPs.
Au final, "
Devil Dust" est une preuve de plus qu'une somme de bons musiciens ne donne pas obligatoirement un bon résultat.
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