L’année 1993 marque le premier tournant de la scène deathmetal, qui doit désormais faire face au phénomène de saturation faute aux nombreux groupes et labels de qualité et d’originalité variables émergeant aux quatre coins du globe, souvent frappés d’une durée de vie éphémère. Avec une seule démo à son actif sous son ancien patronyme
Reactor, le groupe suisse
Sickening Gore obéit justement à ces critères, lâchant rapidement son premier album grâce à l’obtention d’un contrat avec la jeune écurie
Massacre Records, qui vient fraichement de sortir Transmigration, la première pierre death-atmosphérique des allemands de
Crematory.
Flanqué d’un logo stéréotypé et d’une illustration sans grande saveur, le bien nommé
Destructive Reality ne part pas sous les meilleurs auspices.
Sickening Gore joue de surcroît un deathmetal conventionnel, s’attachant à larguer des ogives basées sur la force de frappe au détriment de toute originalité. En huit titres expédiés en une courte demi-heure, sous influence forte de formations comme
Morbid Angel,
Sinister ou
Monstrosity, notre quatuor helvète ne possède ainsi pas d’identité particulière.
Au-delà de ces considérations expliquant en grande partie le faible impact que
Destructive Reality a suscité à sa sortie, il faut toutefois admettre la maîtrise remarquable de
Sickening Gore, notamment sa précision rythmique, la qualité de ses nombreux soli et la force de son growler Matt Burr, sans occulter un enregistrement équilibré et cristallin qui apporte un surcroît de puissance aux compositions. Sans faille, opposant régulièrement des blast-beats fracassants à des passages lourds ou entrainants, le couple basse batterie de Chris & Danny offre une assise solide aux guitares des frères Burr, qui nous servent quelques riffs aptes à briser les nuques les plus solides, pour retenir par exemple le terrible morceau
Blood for Tears accélérant le tempo le temps de quelques salves de guitares meurtrières ou encore l’entrainant Psychopatic Butchery s’ouvrant sur un rythme écrasant pour assommer ensuite le deathster sans bavure.
Inutile de chercher une once d’originalité ou une ambiance particulière au sein de
Destructive Reality, tant
Sickening Gore privilégie l’impact frontal de ses compositions, ayant pour mot d’ordre rapidité, brutalité, efficacité et incision. On se délecte ainsi à l’écoute de morceaux percutants & calibrés comme
Ancestral Hate,
Massacre of Innocents & Suppression of Beign et l'on s’incline devant la précision & la dextérité de notre quatuor, nous ayant montré une sacrée force en un seul et unique album.
Fabien.
Le groupe Sickening Gore assurait, avec Threnody, la première partie de Malevolent Creation lors de sa tournée européenne, plutôt catastrophique (pannes du vanne, aucune promotion, faible affluence), au printemps 1994 (la date du Gibus, Paris, en mars n'a attiré que quarante personnes !).
Parmi les nombreux concerts auxquels j'ai eu la chance d'assister depuis le début des 90's, je me souviens de deux en particulier où l'affluence avait été très faible, alors les groupes venaient de loin, bénéficiaient d'une longue discographie et d'une envergure internationale : c'était Sinister vers 2008 et Broken Hope vers 2016, dans ces eaux-là, avec cinquante personnes dans la foule. C'est en tout cas d'excellents souvenirs car on a un peu l'impression d'assister à un concert privé, et la chance de discuter librement avec les mecs ! ++ FABIEN.
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