Liste des groupes Thrash Metal Almost Dead Destruction Is All We Know

Pourquoi s'intéresser à tel groupe plutôt que tel autre ? Parier quelques pions dans la grande roulette du métal se fait parfois sur un coup de tête, enfin les oreilles qui traînent ou un coup d'œil en coin. C'est une vidéo de single qui a arrêté ma curiosité. Et voilà qu'à la faveur d'une recherche sur les responsables, à savoir Almost Dead, l'algorithme me balance un tas de vidéos choc à haut potentiel de gerbitude, que je me suis abstenu d'aller visiter : que voulez vous, si mes oreilles sont plutôt blindées, la violence visuelle heurte mon petit cœur naïf.

Formé en 2003, ce groupe de Martinez, Californie, USA, spécialisé dans le thrash/death mâtiné de hardcore, est toujours de ce monde en 2024, n'ayant gardé de son line up originel que l'imposant chanteur Tony Rolandelli ; pour le reste nous trouvons le batteur Ryan Glick (depuis 2019), le guitariste Zach Weed (depuis 2017), ainsi que Felix Portillo à la basse (depuis 2022). Le groupe s'est fait remarquer en remportant la Battle Of The Bands de Gorilla's Music en 2007.
Compte tenu de son âge vénérable, la discographie du groupe est modeste, avec cinq LPs sortis jusque là : "Almost Dead"(2007), "Internal Chaos"(2008), "Mindfucked"(2012), "Lay Me Down to Waste"(2018), et "Brutal Onslaught" en 2021. Ce dernier album en date nous avait laissé avec un thrash/groove metal entre Lamb Of God et Pantera , somme toute presque trop propre pour être honnête.

On trouve peu d'infos sur eux, j'ai juste pu mettre la main sur une interview lapidaire, heureusement récente, où les réponses tenaient sur une phrase ou deux. J'ai pu apprendre que ce sont le chanteur et le guitariste qui se partagent les compositions, tiens.
Après plusieurs années chez Art Gates Records , le groupe a signé chez Innerstrength Records. Nanti d'un artwork digne d'un groupe de grindcore DIY, "Destruction Is All We Know" se présente au matin du 26 janvier 2024, sans oripeaux ni trompettes.


Je ne sais pas ce qu'ont avalé les quatre californiens, mais leur agressivité sonore a pris plusieurs niveaux d'un coup. Finis les gentils grooves thrashys, et bonjour les méchants mornifles. La guerre démarre avec une ogive nucléaire, "Warheads In The Sky", avec une efficacité qui ne laisse pas un arbre debout.

Cependant, une bonne moitié du temps Almost Dead s'enlise dans des morceaux sans réelle direction, ou certaines idées ne sont pas exploitées pleinement (la rythmique chaloupée du riff moteur de "Nightmare Coming", qui au final ne groove... pas assez). Quelques titres plus inspirés sont portés par de très bon riffs, et une ambiance plus présente ("Within the Ashes", qui pousse le bouchon avec un très bon solo à la The Faceless).
Des nappes de synthés de film d'horreur cheap parcourent tout l'opus, dès l'intro de celui-ci.
Quand un petit effort supplémentaire est fait pour mettre de l'ambiance, même de manière désincarnée avec des guitares plus aériennes, comme sur le début de "Brutal Devotion", Almost Dead devient tout de suite plus intéressant. Aussi, appuyer sur l'accélérateur leur convient bien, et ils sont les plus efficaces dans les registres les plus brutaux ("Warhead In the Sky", "Brutal Devotion").

On retrouve du gros bourre-pif à la Slayer ou Hatebreed (pour le fumet hardcore), quelques riffs à la Pantera, sur les passages pachydermiques de certains titres ("Eight Eyes Black","Agent if Chaos"), un soupçon de black avec du tremolo picking de-ci de-là. La touche moderne, entre gros guillemets se manifeste par des passages core de la fin des années 2000 façon Suicide Silence et consorts, avec le sempiternel accord-de-la-mort, et force breakdowns. Il y a quelques soli, courts comme celui qui finit "Eight Eyes Black".
Tony screame et growle à foison, avec la totale absence de finesse que sa carrure massive laisse augurer. Il met tout de même un peu de mélodies dans ces cris de temps en temps, comme sur le refrain de "Commandments of Coercition".


A chaque fois que je mets cet album, il m'arrive la même chose : je me réjouis d'avance de ce premier missile nucléaire, mais pour trois ou quatre titres qui sortent vraiment du lot, le reste est plutôt quelconque. C'est bête à dire, mais le groupe perd dès qu'il joue la lourdeur, la demi-mesure et la nuance ("Selfish Suicide", "Agent of Chaos"). Les californiens ont beau avoir de la bouteille, ils commettent toujours des erreurs de jeunesse.
Sur le dernier morceau "Where Sinners Cry", qui commence lent mais monte en puissance de manière graduelle, et gère bien ensuite les speederies effrénées et les ralentissements, ce qui nous laisse sur une touche optimiste. Comme quoi, l'espoir est permis.