Quel drôle d’animal que ce groupe islandais, aussi attachant que surprenant au final, et quel album surprenant également que cette troisième livraison.
J’avoue ne pas connaître leurs effort précédents, mais celui-ci m’a sérieusement tapé dans l’oreille et pourquoi pas le dire, m’est allé droit au cœur. A ceci près que la séduction n’a pas été instantanée et c’est peut être l’atout essentiel de ce genre d’opus pour peu qu'on lui laisse sa chance.
Metal Progressif, bon il n’y a pas a revenir dessus : des structures pas vraiment longues mais délicatement alambiquées, des ruptures, des sauts dans le vide pour le coté prog et des guitares abrasives quand il le faut pour le coté metal. Des sonorités modernes, voire modernisantes par une certaine forme d’affectation qui reflète les canons parfois légèrement éculés de ce genre de penchant, tels le piano solennel et mélancolique, la batterie bien en avant et plutôt aseptisée. Ce dernier point pourrait déplaire à certaines oreilles ainsi qu’une forte coloration Pop et dans une moindre mesure Math Rock.L’ essentiel n’est pas là et c’est avant tout la charge émotionnelle et un coté atmosphérique qui finissent par capter l’attention sur la durée de l'album, ainsi qu’une forme de violence parfois inattendue qui contraste avec la couleur très mélodique des compos.
Le point fort du combo, au delà d’une inventivité au service d’un propos cohérent et il faut l'avouer mainstream, c’est surtout son vocaliste, Arnór Dan Arnarson, qui use fréquemment d’une voix de tête éblouissante, à l’expressivité parfois douloureuse, souvent stratosphérique, sans qu’il soit permis de penser qu’il en fait trop.
L' engagement est totalement sincère et cela se ressent. Des lignes vocales complexes au service d’un
Metal aussi aérien qu’entrainant, c’est ainsi que se déroule
Destrier. On peut penser aussi bien à la pop Norvégienne de Gazpacho, qu’aux Texans de Fair to Midland, ça fait déjà un peu trop de références pour une groupe qui a une vraie personnalité et l’explore avec brio comme par exemple dans le final industriel/bruitiste plutôt inattendu de "
Angst", en fin d'album, morceau très court, qui révèle un potentiel qu'on aimerait voir plus exploité, auquel succède par contraste "
Death Rattle", un morceau intimiste tout en pulsations organiques et nappes de synthé planantes. "See hell", est un vrai petit tube au rythme syncopé et à la mélodie des plus accrocheuses.
Rien de révolutionnaire certes, mais l'ensemble est tout de même bien ficelé et tient debout.
Destrier peut en agacer plus d'un par son coté grand public et parfois précieux, mais à l’écouter sans préjugé on peut être touché et séduit par l’art de
Agent Fresco.
C'est plutôt bien fait, c'est frais et une fois de plus Islandais.
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