Depuis janvier, 2011 semble être une année particulièrement intéressante en matière de Cyber
Metal, les groupes se développant constamment ainsi que la scène dans le même temps. Toutefois, malgré une envie certaine de progresser et de sortir de cette sphère si petite et si méconnue, il s’avère que l'ensemble des combos actuels semble tourner en rond, certains étant inspirés par
Fear Factory, d'autres par
Sybreed ou encore
Illidiance...au risque de retrouver tout le temps la même chose, notamment des riffs « djent » comme on le dit actuellement pour l'un, et des sons électro trop prédominants chez l'autre. Toutefois, l'arrivée cet été d'
ID:Vision avec un nouvel opus a changé la donne.
Avant d'adopter un nom si mystérieux, les biélorusses, à leur début en 2002, s'appelaient Iratus
Dominus et officiaient dans un black death proche de
Behemoth. Mais ce n'est qu'un peu plus tard, en 2006, que le combo décida de changer de nom afin d'officier dans une musique plus expérimentale, plus ambitieuse et plus black industriel/electro ce qui permit l'enregistrement de « Plazmadkaos » en 2007. Et arrive donc « Destination Cybermind » cette année, opus allant bien au delà du style précédemment pratiqué car axé principalement vers un cyber death black assez brutal, mélange qu'on entend peu ces derniers temps. Pourtant, le sextet ose se marginaliser et nous étonner dans le même temps. Car
ID:Vision n'est pas influencé par les groupes sus-cités, mais plutôt par son propre passé, intégrant autant d'éléments metal extrême que d'éléments cybernétiques et électroniques.
« Destination Cybermind » n'est donc pas un album à prendre à la légère, au contraire. A cheval entre compositions modernes et plus anciennes, il se démarque facilement de tous les autres albums cyber metal, par sa forte agressivité, d'abord, mais aussi par son originalité, ses ambiances et ses mélodies. Car c'est un opus mature et réfléchi que nous ont fait les biélorusses, rien n'est fait au hasard, et tout est savamment dosé, riffs, électro et concept y compris.
L'imagerie semble tout d'abord être en totale contradiction avec celle de
Sybreed et son « The
Pulse of
Awakening », la pochette étant sombre et non blanche, et le personnage, bien que dans la même posture, semble être une version alternative du processus de mécanisation/humanisation. La créature ne semble a priori pas humaine mais tend à prendre l'apparence de notre race, grâce justement, à une transformation physique imposante et surtout mécanique. Son nom,
Zarathustra XXI, est bien étrange mais est une référence à Zarathoustra/Zoroastre, penseur, prêtre et prophète persan. Son but est non seulement de nous dominer, mais en plus de nous exterminer. Sombre dessein qu'est celui de notre annihilation par mécanisation forcée, et ce, après nous avoir irradiés...
Pour commencer, « Enter the Cybermind » annonce notre entrée dans la tête de cette entité cybernétique venue d'ailleurs. L'introduction est totalement dans l'esprit : mécanique, effrayante par ces sons de guitares, et atmosphérique par l'utilisation de l'électro. Une complainte féminine suivie d'un instrument traditionnel tel un sitar apportent une dimension ethnique nous rappelant l'orient. Puis «
Human Hazard » déboule telle une furie, mixant parfaitement death metal parfois brutal, black metal et cyber metal. Après une voix synthétique, un growl profond monte en puissance, alternant avec un chant black crachant non seulement une certaine haine mais aussi une peur inquiétante.
Rien est fait dans la finesse,
ID:Vision fait dans la violence tout en ajustant les éléments cybernétiques, apocalyptiques et futuristes avec précision. Rien ne déborde, tout s'accorde, comme sur un «
Zarathustra XXI » sombre et terrible, usant non seulement d'un grand panel de chants, de sonorités électroniques, mécaniques et futuristes aux claviers, jusqu'à une fin remarquable et inconcevable, où se mêlent murmures robotiques, atmosphères, instruments traditionnels et chant ethnique. Le résultat est très mystique et ceci nous rappelle une fois encore l'histoire du vrai
Zarathustra...
La brutalité des titres, en tout cas, ne semble pas étouffer les ambiances et les harmonies, tout de même bien particulières. Il est peut-être difficile de les retenir, toutefois il est forcément facile de se retrouver plongés dans l'univers dégagé par ces biélorusses, qui décidément ont mis le paquet. «
Pandora's Box » montre une facette plus black et plus symphonique proche d'
Emperor, misant sur la puissance des claviers mais aussi des riffs, ce qui nous entraîne inéluctablement vers une fin surprenante, où des mélodies cyber et des beat électro se mêlent jusqu'à l'apparition d'un son étrange, comme celui d'un champ de force, c'est à dire un ronronnement sourd avec des semblants d'interférence électro-magnétique. Son que l'on retrouve aussi dans l'éponyme « Destination Cybermind », couplé avec des riffs death.
Précédemment, j'avais évoqué le terme « irradié », et il colle parfaitement à ce que fait ressortir un morceau tel que «
X-Ray Sun ». L'humain se retrouve exposé aux violents rayon x du soleil, ceci est mis en musique, non seulement par un aspect plus lent, moins brutal et plus cosmique, mais surtout par une ambiance plus sombre, où les voix se font beaucoup plus torturées et plaintives.
Et là l'impossible arrive : de la douceur, du calme, de la sensibilité avec «
Seven Days Before the
Fall ». Une interlude relaxante au piano et uniquement au piano, mais si annonciatrice de la suite. L'homme, bien que créé le 6e jour (dans la Bible) se retrouvera détruit en 7 jours dans l'histoire de
Zarathustra XXI .
Et cette destruction définitive se produit du côté de « Sic
Transit Gloria Mundi » (« Ainsi passe la gloire du monde » en latin), l'humain est désormais inexistant ou du moins transformé et laisse dorénavant place à ce cher Zara le XXI. Cette locution latine n'est d'ailleurs pas utilisée au hasard, puisque dans la religion catholique, il est de coutume de prononcer cette phrase lors de l'intronisation d'un nouveau pape. Zara n'est pas pape, et pourtant...Bref, musicalement, on se tient à du death metal avec des sons électros utilisés avec parcimonie, quelques notes au piano, une atmosphère sombre post apocalyptique, mais surtout, au refrain, une sorte de chant religieux monotone, répétant ce fameux « sic transit... », renforçant l'aspect cataclysmique.
Bien au delà d'un simple groupe de cyber metal,
ID:Vision franchit un cap et nous offre littéralement un chef d'oeuvre, réunissant tous les éléments appropriés pour un résultat grandiose, original et réaliste. A découvrir sans plus attendre.
Comme quoi, mieux vaut un chef d'oeuvre underground qu'un album moyen sortant d'un groupe très connu...
A part ça, l'album pondu est contaminant, la chronique envoutante, à moins que ce ne soit le contraire et 19, c'est presque un minimum objectif.
Courrez l'acheter si vous savez tout ce que ça prend pour cybermétaliser sur Blanche Russie et raconter des putains d'histoires...ou raconter des putains d'histoires.
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