Destination Anywhere a permi à Jon de se défaire de son costume de
Bon Jovi. Son costume de rock star. Cet album peut-être pour lui ce que These Days est à
Bon Jovi, d'un strict point de vue artistique. Il faudrait faire écouter ces deux disques à beaucoup de monde pour démontrer que l'homme
Bon Jovi est un bon, un songwriter de première classe pouvant prendre des risques énormes, se jetant sans aucune hésitation dans l'inconnu. La vision de
Jon Bon Jovi est loin d'être minimaliste.
En 1997, il s'éloignait plus que jamais des terres originelles de son groupe pour rentrer de plein pied dans le monde de la pop britannique, en injectant dans les artères de cet album original une bonne dose de sonorités expérimentales, et composant des titres basés avant tout sur le ressenti, sur les émotions, sans se préoccuper de savoir si tel ou tel titre serait un tube.
Destination Anywhere est un album écrit à coeur ouvert, par un Jon soucieux de bien écrire. Il gagne ici encore quelques galons pour son talent de conteur, désirant ressembler à ses modèles en écriture : Springsteen, Waits, Cohen, Dylan. On peut dire sans avoir à craindre les détracteurs du kid du New Jersey qu'il y parvient de façon remarquable.
Si effectivement les
Queen of New Orleans et Janie Don't Take Your Love To Town rappellent encore légèrement les lignes mélodiques de
Bon Jovi, tout change à partir de
Midnight in Chelsea avec sa ligne de basses ultra groovy, ses "sha la la la" inattendus qui peuvent dérouter (et énerver) plus d'un auditeur, ainsi qu'avec les It's Just Me, Learning How To
Fall, Staring
Out Your Window With A Suitcase In My
Hand et autres Little City, où tout n'est que mélancolie, atmosphère pluvieuse et nocturne, images de rues grouillantes de monde, de lumière et suintantes de solitude.
Les thèmes principaux sont toujours ceux de l'amour déçu, des ruptures et des sentiments que peut éprouver un individu dans sa contemplation du monde. Voilà ce qu'est capable de dépeindre un
Jon Bon Jovi en solo, un peu plus en profondeur qu'avec son groupe et son compère Sambora. Cela dit, tout ceci découle de l'évolution importante de
Bon Jovi dans les années 90, et qui avait débutée avec les albums Keep The
Faith et These Days à l'écoute desquels on se disait que
Bon Jovi, finalement, ne pouvait pas rester exclusivement fun et léger mais qu'au contraire, le groupe avait aussi des choses à dire sur notre monde.
Cet album a beau rester dans l'ombre immense de
Bon Jovi et même de l'album
Blaze of
Glory (le premier disque solo de Jon) il est la démonstration du talent et de la métamorphose d'un artiste, travaillant à sa façon, que cela plaise ou non.
Je note l'album de Zakk Wylde et y jetterais une oreille attentive ;)
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