Wildhunt est un trio autrichien apparu en
2012 avec un E.P. passé inaperçu lors de sa sortie. Avec une signature chez
Metal On
Metal, le distribution de ce premier album permet de croire en ce nouveau venu qui a choisi un style bien en vogue dans la deuxième moitié des 80's : le thrashmetal à tendance technique. Officiant donc dans un techno-thrash parfois alambiqué (mais pas trop, ce sentiment s'estompant au fur et à mesure des écoutes), Wildhunt peut se situer dans la veine de
Deathrow, auquel on pense immédiatement, notamment avec l'album
Deception Ignored, mais aussi
Xentrix,
Vendetta ou
Despair. Tout un concept du thrash metal européen, inventif artistiquement, mais finalement assez éphémère commercialement. Choix courageux de la part d'un groupe des années 2010, ici remarquablement mis en peinture par Paolo Girardi (
Ripper).
A mille lieues donc d'une idée crue du thrash, le trio construit ses compositions à base de plans, de breaks, de boucles rythmiques agencées de manière à constituer un maelström touffu et néanmoins efficace (du moins pour les habitués des groupes précités). L'introductif "
Age Of Torment" à la fois agressif et subtil est d'ailleurs un bel effort de composition, soigneusement agencé (le
Metallica de ...
And Justice For All n'est pas très éloigné). Tour à tour mélodique (l'intro en guitare claire de "Terror Right Below", par exemple, couplé à ses rythmiques et ses arpèges, qui précèdent une seconde partie plus furieuse, ou le final de "
Lifeless Birth") et d'une technicité remarquable, Wildhunt ne succombe pas à l'attrait des contretemps (on reste loin d'un
Mekong Delta), mais est plutôt adepte de compositions longues, agrémentées de plages rythmiques à tempo moyen (parfois) ou élevé (souvent, comme sur "History Repeats Itself"), mais toujours intéressantes (le rapide "Erlkönig", au jeu de basse délectable, ou "The
Wild Hunt" les deux titres à moins de cinq minutes). Souvent entrecoupés de ponts mélodiques (on sent que le
Metallica de la seconde partie des 80's voire le
Heathen de
Victims Of
Deception, a souvent dû tourner chez nos Viennois), les morceaux de
Descending possèdent une efficacité redoutable ("Thrill
To Kill, avec son thème récurrent et son magnifique solo).
Ajoutons à cela des vocaux de Wolfgang Elwitschger clairs et modulés, pas éloignés d'un Milo (
Deathrow) dans sa seconde partie de carrière, qui amènent une diversité certaine et bienvenue dans ce pavé de presque une heure. Il faudra néanmoins plusieurs écoutes attentives pour bien appréhender les éléments de construction des compositions. En effet, une écoute distraite pourra s'avérer rébarbative et inintéressante, les accroches successives n'apparaissant qu'à qui s'en donnera vraiment la peine (le morceau-fleuve passionnant de plus de neuf minutes "Crystal Deth (U.M.D.A."). Étalée sur plus d'une année, la production de
Descending est parfaitement délectable (miam, ce son de batterie et de basse, percutant et naturel, on croirait écouter du Harris Johns de la fin des 80's). Malgré ces atouts, notons quelques longueurs sur un ensemble de dix morceaux qui dépassent souvent les six minutes, excluant les adeptes de thrash direct et simpliste. Egalement, les refrains auraient pu être parfois plus travaillés, les lignes vocales n'évitant pas toujours l'absence de lisibilité, demandant ainsi à l'auditeur des écoutes concentrées.
A l'opposé de la démarche rétrograde de nombre de groupes ne jurant que par le
Pleasure To Kill de
Kreator, ce premier album de Wildhunt s'adresse à un public par définition restreint, susceptible de rentrer dans son univers. Reprenant partiellement les codes de la vague techno-thrash (instrumental compris, en dernière piste) en les associant à un thrash plus mélodico-classique, Wildhunt sait qu'il aura du mal à se faire reconnaître à sa juste valeur, toutefois les adeptes ne seront aucunement déçus, et auront même l'impression de revivre un sacré retour en 1988, à l'époque où un album s'écoutait à plusieurs reprises avant d'aborder ensuite un autre disque.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire