Bien qu'il soit désormais difficile de passer à côté des indispensables, que ce soit grâce à la prospérité atteinte par les médias ou aux courantes rééditions de pièces laissées à l'abandon jusque-là, il restera toujours une proportion de groupes intéressants à découvrir au hasard de nos diverses pérégrinations musicales. En témoigne cet album de
Deamon, combo originaire du Canada, formé en 1997 autour de Cory Malone au poste de vocaliste ainsi qu'à la guitare aux côtés de Matt Ralph, Jose Gogniat à la basse et poussant quelques backing vocals, et James
Mace derrière les fûts. Mais c'est après un premier full-length et quelques rotations de line-up que le groupe nous revient en 2006 avec ce bien-nommé
Descend Dethrone, additionné de Shawn Carrier à la batterie en remplacement de James
Mace et Ron McLean succédant à Matt Ralph, Jose Gogniat cédant quant à lui sa place à Topon Das. C'est donc fort d'un line-up entièrement remanié que Cory Malone et ses comparses tentent de s'imposer dans un univers death metal en pleine expansion, et bien souvent saturé à vrai dire.
Doté d'une remarquable illustration sombre, gratifiant le groupe d'une empreinte supplémentaire, l'album affiche le ton d'emblée en assenant des riffs particulièrement brutaux et assommants, alternant judicieusement les plans d'une lourdeur implacable avec des parties plus tapageuses, régulièrement complétés par un break ou solo dégageant habituellement une atmosphère sombre et menaçante, parfois apportant un cachet plus mélodieux à l'image du très bon
Messiah Despised. L'on peut aussi bien noter
Gutted et son couplet plus entraînant, sans oublier le terrible Reviled. Là-dessus, Cory Malone lâche des vocaux littéralement abyssaux, agrémentés de quelques éructations plus écorchées, enfonçant dès lors complètement le clou. Enfin, le couple basse/batterie soutient impeccablement l'ensemble, en toute sobriété, mais de façon robuste et bien sentie. La production, quant à elle, fort bien équilibrée, sert tout à fait la musique proposée en dotant les guitares d'un son particulièrement massif et incisif, celui de la batterie étant quant à lui clair et puissant, tandis que la basse ne dépareille pas un instant et reste largement audible malgré une masse sonore déjà bien occupée, le chant parvenant enfin à s'imposer sans problème. Ainsi, durant une brève trentaine de minutes, le groupe écrase tout sur son passage avec une puissance et une lourdeur peu communes, enchaînant les titres dévastateurs à l'instar de Rise ou l'écrasant éponyme, et malgré une certaine uniformité globale du fait de mécanismes récurrents, il réussit à tirer son épingle du jeu grâce à une inspiration manifeste, chacun des morceaux possédant le relief nécessaire afin d'éviter la lassitude et parvenant habilement à se distinguer les uns des autres, bénéficiant parallèlement d'un certain dynamisme en dépit de la lourdeur des compositions.
Écumant la scène underground depuis maintenant de nombreuses années,
Deamon est l'une de ces formations inspirées et pleines de vigueur, sans prétention, mais qui malgré son conformisme assumé s'avère loin d'être dénuée d'atouts ni de charme. Dès lors, sans bouleverser d'un brin le monde du death metal, cet album reste à conseiller à tout amateur de death brutal lourd et puissant, racé, et aux colorations old school indéniables.
Pour ceux, donc, qui requièreraient une note afin de mieux cerner mon avis sur l'album, je la déterminerais probablement à 14. Cependant, je n'adhère pas tout à fait à cette démarche, mes ressentis restant trop particuliers et parfois singuliers pour être réellement appréciés de cette façon, mais cela ne m'empêche pas de pouvoir estimer assez précisément la valeur relative d'une oeuvre, ayant malgré tout tergiversé à plusieurs reprises sur la décision de noter ou non mes albums.
Comme toi, je suis toujours en difficulté lorsqu'il faut noter ce genre d'album, à l'instar de certains disgorge ou le dernier Hour of Penance. On pourrait leur mettre un 16 ou un 17 pour la puissance, la maitrise et la claque qu'on prend.
Cependant, la banalité des composition et la linéarité de l'album ( aucun morceau n'est mauvais, mais aucun ne marque l'auditeur) tendraient à mettre un 10 maxi.
Du ccoup ta note me parait censée.
Ne trouve tu pas qu'il y a quand meme une énorme influence Cannibal Corpse époque The Bleeding et Vile
Autrement, mes réticences à noter une oeuvre ne sont pas liées à une quelconque difficulté pour la cerner ou l'évaluer harmonieusement, mais comme je le disais précédemment du fait de la vision unilatérale qu'une échelle de notation implique. Cela dit, le manque de diversité de cet album a effectivement un impact sur l'appréciation générale, puisqu'on y trouve moins de plaisirs en conséquence...
Par contre, en dehors de certains assauts sans détours, je ne perçois aucune similitude particulière entre la musique de Deamon et Cannibal Corpse, bien qu'ils évoluent sur un terrain semblable.
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