Désarmée

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13/20
Nom du groupe Sutton Hoo
Nom de l'album Désarmée
Type EP
Date de parution Janvier 2015
Style MusicalMetal Mélodique
Membres possèdant cet album1

Tracklist

1. Sans Amour 04:28
2. Le Dilemme 04:34
3. Désarmé 04:19
4. Corps à Corps 03:17
5. La Fin 04:56
Total playing time 21:34

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Sutton Hoo


Chronique @ ericb4

08 Avril 2015

Quelques fêlures alternent avec de belles qualités harmoniques à l'aune de cette œuvre introductive...

Un vent aussi tourmenté que pénétrant vient nous envahir à l'aune de cette jeune auto-production de metal mélodique française. Sur près de vingt-deux minutes que compte cet EP, les cinq titres, d'une durée à peu près égale, nous font alors voyager aux confins de textes finement sculptés, évoquant aussi bien l'amour, la sexualité que la guerre. Leur mise en valeur repose sur des arrangements de bonne facture et sur une orchestration loin de se montrer maladroite dans son principe d'émission. Découvrons alors ce que recèle cette menue rondelle.

Sutton Hoo est un quintet né en 2012, composé de : Morgane Dautriche, parolière et chanteuse à la voix chaude et puissante ; Pascal Toilliez, chanteur et batteur à la frappe sèche et enjouée ; Sylvain Legrand, claviériste au toucher délicat ; Didier Puigbo, bassiste aux accords mélodieux et François Schulmewitz, chanteur et guitariste aux riffs tonitruants. Pour l'occasion, a été sollicitée la participation de Taos (Anaturna). Le combo évolue ainsi dans un metal mélodique atmosphérique, un poil gothique, avec une touche heavy. Aussi, il s'est inspiré de formations telles que Lacuna Coil, Autumn, Kingfisher Sky, pour n'en citer que quelques unes, que l'on retrouve sur le plan vocal comme sur l'axe instrumental.

La première prise de contact avec l'opus s'effectue à l'instar de la pochette dont l'artwork est l'oeuvre d'Aurel sur le plan conceptuel, la création étant du fait d'Amandine. Par un subtil jeu de contrastes, en noir et blanc, on y perçoit une terre dévastée, nombre de maisons éventrées, comme le symptôme récurrent des affres d'une guerre sans merci, le tout sur fond de ciel dépressif. Au premier plan, gît une jeune femme agenouillée, toute de blanc vêtue, tête baissée et l'air grave, semblant livrée à un triste sort. Ces éléments graphiques ainsi que le titre, « Désarmée », renseignent déjà sur l'esprit du contenu des textes et des musiques de la galette.

La seconde étape consiste en une visite globale, nous conduisant à déceler un enregistrement plutôt propre et autorisant des enchaînements sans failles le long de l'opus. Quant au mixage, sans être déconcertant, sur certaines plages, celui-ci n'a pas toujours permis de bien mettre en relief les parties vocales par rapport à l'orchestration. C'est dire qu'on aurait souhaité un équilibrage plus affiné des différentes sections. Ces aspects techniques généraux tout comme le mastering ont été laissés aux mains d'Hugo.

Le groupe a souhaité donner quelques jolies colorations mélodiques à son produit. Il le fait de bien belle manière sur l'entame en mid-tempo et à l'empreinte atmosphérique « Sans Amour ». Des riffs dénués de tout artifice instrumental éveillent ici nos sens. Et ce, avant que des nappes synthétiques ne viennent tapisser l'espace sonore de leur suave présence. D'autre part, c'est d'une voix rock installée dans des médiums chatoyants, dans l'ombre de Cristina Scabbia (Lacuna Coil), que la belle nous entraîne sur des couplets nuancés, mais sous-mixés, et surtout au coeur de refrains des plus invitants. On aura remarqué, par ailleurs, un joli break autorisant un bref mais agréable piano/voix, avant qu'une bondissante reprise, au rythme d'une roborative batterie et sous l'égide d'un hypnotique refrain, ne nous agrippe le pavillon. Tout aussi harmonieux, l'outro « La Fin » nous offre une riche palette de variations rythmiques, un tapping martelant, et surtout de savoureux arpèges par un piano bien inspiré. C'est au son d'un fulminant orage que démarre cette piste aux couplets bien customisés et aux refrains aériens quasi magnétiques. Pour faire corps avec l'atmosphère tourmentée mise en relief par une section rythmique délibérément irrégulière dans ses assauts, les inflexions vocales de la sirène s'avèrent aussi déchirantes qu'enivrantes. On observe, en outre, un break sous-tendu par un pont en piano/guitare, rapidement repris par une lumineuse impulsion vocale. Et ce, avant qu'un second pont, alimenté par ces deux mêmes instruments, ne s'invite à nos tympans. Cette fois, une profondeur de champ acoustique vient habiller un piano/voix alors devenu fringant. C'est sur une ultime note orageuse, sur fond de pluies diluviennes, que le silence nous étreint brutalement.

Le propos musical s'est voulu également diversifié dans ses ambiances comme dans sa palette rythmique. Ou l'art de savoir harmoniser les contrastes... C'est dans cette mouvance que « Le Dilemme » nous attire dans ses filets. Il nous accueille avec une rythmique incisive et des riffs crochus avant de nous caler dans un mid-tempo à la manière d'Autumn. Les couplets, une fois de plus, sont bien ciselés. Toutefois, les refrains pêchent un peu par une ligne mélodique un poil plus linéaire que prévu, et donc moins incitative à l'adhésion que sur les morceaux sus-cités. Ce qui ne remet ni en cause la finesse du timbre et les immersives envolées de la chanteuse, ni le break aux intéressantes sinuosités synthétiques, ni même la progressive et entraînante reprise vocale. Dommage cependant que la chute en fin de piste soit aussi radicale. Ambiances diversifiées aussi sur « Déasarmé », titre à la rythmique à la fois dynamique, souple et progressive, que se plaisent à chevaucher des riffs échevelés. Ici, les couplets se font aériens, planants, et les refrains puissants, l'ensemble étant mis en exergue par l'empreinte vocale claire et suave de l'impétrante, à la façon de Kingfisher Sky. En outre, un intrigant serpent synthétique rampe sur la piste. Malheureusement, la sortie s'avère un peu flottante, voire brumeuse et la césure radicale.

Enfin, le combo s'est essayé au délicat exercice de l'inscription de grunts dans son espace oral. Et cela, sur l'énigmatique « Corps à Corps ». Une énergique section rythmique, devenant syncopée par moments, se double de riffs acérés pour une incursion dans les méandres d'un titre tortueux, au chemin harmonique peu rassurant. Doublé de grunts caverneux, rajoutant encore à la torpeur du moment vécu, le titre, pourtant délicatement écrit, en définitive, peine à nous mener sereinement jusqu'au bout. Enfin, là encore, on aurait souhaité un dégradé de tonalités pour clore le chapitre.

On ressort de l'écoute de cet album avec le sentiment d'être en phase avec un groupe qui en a sous le pied et qui n'a pas plaint sa peine pour nous concocter cette première proposition artistique. Cela dit, un travail plus affiné sur les finitions et un équilibre plus marqué au mixage auraient contribué à conférer à l'ensemble plus d'impact concernant les lignes de chant notamment.
Sinon, on aurait pu espérer une jolie ballade, dans un registre metal qui le permet amplement. De plus, un instrumental d'une durée significative aurait complété une entame ou constitué un interlude atmosphérique intéressant, assurant ainsi des variations relatives aux enchaînements de pistes. Par ailleurs, exercice assez fréquent dans cette mouvance, une fresque de plus de six ou sept minutes aux ambiances et aux espaces techniques variés, aurait parachevé cette toile aux qualités déjà avérées. C'est peut-être ce qui manque pour passer d'un EP à un album full length d'ampleur convaincante. Avec une touche d'originalité supplémentaire, le projet pourrait alors plus largement remporter les suffrages.

A condition de ne pas céder à la tentation de la comparaison avec des formations plus aguerries dans ce registre, on conseillera l'opus aux amateurs de metal mélodique à chant féminin. L'ouverture à la nouveauté aidant, malgré quelques carences, cet EP pourrait être apte à éveiller d'authentiques plaisirs chez les aficionados du genre. Aussi, le propos musical serait également susceptible de faire l'objet d'une attention particulière auprès d'un public orienté metal atmosphérique, gothique, voire heavy. Enfin, un auditorat élargi à un univers rock mélodique progressif peut aussi s'envisager.

A l'instar de cette production, sujette à quelques faux pas de jeunesse mais contenant plusieurs passages bien enlevés, le groupe a une belle marge de progression devant lui. Il lui faudra encore prendre le temps de densifier, en la diversifiant, son instrumentation, peaufiner certaines lignes mélodiques, pour s'installer avec sérénité dans la durée. Toutefois, on a déjà là quelques atouts pour alimenter un projet plus immersif encore. Il ne reste plus qu'à optimiser leur mise en valeur. Le combo en a l'énergie et la capacité nécessaires à cet effet. Comptons sur ses talents de composition et d'écriture pour nous offrir d'ici quelques temps un mémorable album full length !...

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