Jeune quintet de heavy mélodique écossais originaire de
Glasgow, sorti de terre en 2017,
Darkness Divine ne tardera pas à sortir de l'ombre, réalisant dans la foulée ses premières prestations scéniques, avant d'accoucher, en 2018, de son introductif EP, le bien-nommé «
Prelude ». Prudent dans sa démarche, ce n'est que quatre longues années plus tard que le combo reviendra dans les rangs, doté, cette fois, de son premier et présent album full length, «
Departure » ; auto-production voyant s'égrainer 10 pistes sur un ruban auditif de près de 50 généreuses minutes. Dans un registre metal en proie à une féroce concurrence, quelles seraient les armes de cette verte formation pour opposer une farouche résistance face à leurs nombreux homologues ?
Dans cette aventure, nous embarquent de concert la chanteuse aux puissantes inflexions Toni Benedetti-Martin, les guitaristes David Fulton (Transcension) et Stewart MacGillivray (en remplacement de Graeme McShane), le bassiste Gary McNeill (Transcension), et John "Pinky" Martin derrière les fûts. De cette étroite collaboration émane un propos éminemment solaire, volontiers pulsionnel, un brin romantique, où l'ombre de
Halestorm,
Battle Beast,
Sister Sin,
Ela et
Bif Naked, plane sur nombre d'arpèges dispensés. En outre, l'opus bénéficie d'une qualité d'enregistrement de bonne facture et d'un mixage équilibrant à parités égales lignes de chant et instrumentation. Mais entrons sans plus attendre dans la cale du navire en quête de pépites intimement enfouies dans ses entrailles...
C'est sur une cadence effrénée que s'effectue le plus clair de la traversée, le collectif écossais trouvant alors les clés pour aspirer le tympan sans avoir à forcer le trait. Ainsi, sous l'impact de ses furieux coups de boutoir, parallèlement à ses riffs épais, son martelant tapping et à une invitante ligne mélodique, c'est sans ambages que le frondeur et ''halestormien'' « 15 Seconds » nous retiendra dans ses filets. On ne résistera pas davantage à l'envie de s'adonner à un headbang bien senti sur « Mirror », mordant effort dans le sillage d'
Ela, pourvu de deux grisants soli de guitare et mis en exergue par les toniques impulsions de la sirène. Et comment ne pas se sentir porté par les vibes enivrantes de l'offensif et tubesque «
Stranger » ? Une véritable torche incendiaire, dans la veine de
Bif Naked, laissant entrevoir un fin legato du lead guitariste assorti d'une basse claquante et d'un incessant rougeoiement des fûts.
Moins immédiatement lisibles, d'autres espaces d'expression ne sauront pas moins nous assigner à résidence. Ce qu'atteste, d'une part, «
Everflow », mordant manifeste heavy progressif à la croisée des chemins entre
Battle Beast et
Sister Sin, au regard de son intarissable et communicative énergie, et de ses insoupçonnées et galvanisantes montées en régime. S'écoulant pourtant sur une sente mélodique sujette à quelques linéarités, mais jouissant d'enchaînements intra piste ultra sécurisés, les cinglants et ''halestormiens'' « Crawling » et «
Nocturnal Poetry » ne pourront davantage être éludés. Dans cette mouvance, sous-tendus par les corrosives modulations de la belle, ici muée en une redoutable prédatrice, et leurs riffs de guitare des plus tranchants, l'éruptif « Handful of Minutes » comme le magmatique «
Thorns » ne lâcheront pas leur proie d'un iota.
Quand ils en viennent à tamiser leur ambiance, nos acolytes s'y adonner avec une infinie délicatesse, nous adressant alors leurs mots bleus les plus sensibles. Ce qu'illustre, en premier lieu, « This Is
War », power ballade aux riffs émoussés et génératrice d'une infiltrant cheminement d'harmoniques, que n'auraient nullement reniée ni
Battle Beast, ni
Ela. Mise en habits de soie par les chatoyantes volutes de la maîtresse de cérémonie, se dotant parallèlement d'un fringant solo de guitare, la tendre aubade fera plier l'échine à plus d'une âme rétive au moment même où elle ravira le pavillon de l'aficionado du genre intimiste. L'émotion ne sera guère moins au rendez-vous de nos attentes sur «
Halo », ballade a-rythmique et atmosphérique, romantique jusqu'au bout des ongles, s'écoulant sur un délicat et chavirant guitare acoustique/voix.
Au final, à l'aune de ce démoniaque et pénétrant opus, le combo nous livre un propos à la production d'ensemble plutôt soignée et surtout propice à un headbang ininterrompu. Développant une sidérante force de frappe assortie d'une technicité instrumentale dores et déjà maîtrisée et de lignes mélodiques certes volontiers convenues mais finement esquissées, le trépidant méfait ne se quittera qu'avec l'indicible espoir d'y revenir sitôt l'ultime mesure envolée. Aussi, effeuille-t-on un classique du heavy mélodique à chant féminin, laissant entrevoir un set de compositions bien inspiré autant qu'un réel potentiel technique et esthétique affiché par un quintet en phase avec son sujet, soit un arsenal défensif loin d'être anodin et susceptible de le placer parmi les sérieux espoirs de ce registre metal. Bref, une ogive aux effets dévstateurs lancée par la formation écossaise...
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