Attention, cette cassette est "raw".
Pas "enregistrée dans un studio professionnel", mais bel et bien "raw". Jouissant d'un son à mi-chemin entre la casserole rouillée et le mixer, appréhender cette oeuvre de
Satanize, groupe que je ne connaissais absolument pas avant l'écoute de ce "
Demonic Conquest in Jerusalem", ne fût pas une chose aisée.
Car il y a des groupes auxquelles la production "playschool-like" sied parfaitement (citons les premiers me venant en tête, Paysage d'Hiver,
Darkspace ou encore
Burzum). Mais il y en a d'autres qui usent et abusent de ce moyen afin de rester le plus "Trve" possible (LA référence en la matière reste le malsain mais inaudible
Satanic Warmaster): cette dernière classe est parfois agaçante.
Le cas
Satanize ferait partie, selon moi, de la deuxième catégorie. A cependant ajouter à une troisième : l'absence de moyens. Et oui, le blackist moyen qui donne "sa vie pour
Satan" (dixit un trop grand nombre de groupes) passe sa vie dans sa cave à siroter de la bière rance, à manger des broccolis froids et des rats pour cause de musique trop "undeground". Et, comme vous l'aurez deviné, ne sont pas aptes à investir dans un studio d'enregistrement décent.
Alors on se débrouille avec les moyens du bord. On emprunte le radio-cassette option "Karaoké" rose de la petite dernière, et on enregistre dans sa cave (ou en forêt, véridique,
Ethereal Woods, ça vous dit quelques chose ?), sans souci de son propre. De toutes façons, on s'en fout, le "Trve" excuse tout.
Bref, qu'en est-il de ce "
Demonic Conquest..." enregistré pour l'équivalent de mon budget tabac mensuel ?
Pour le moins assez efficace, je dois le reconnaître. La production, bien qu'assez horrible, ne gêne pas outre mesure le beumeux moyen habitué aux grosses tatanes des grands maîtres. Sans servir leur art, elle ne le dénature pas non plus.
Chose que je dois ajouter, je n'ai pas la cassette, mais la version CD (réedition de 2010) de cette oeuvre, sortie initialement un an plus tôt. Et dans les deux cas, le constat est le même : la pochette est moche; Le recyclage d'icônes et autres peintures religieuses, pardon, mais ça va bien cinq minutes. La typo gothique Dafont et l'imagerie, passons, mais arrêtez, arrêtez avec ces manies de détourner les toiles des grands maîtres ou les icones d'illustres inconnus, et faites fonctionne vos mains, nom de
Satan ! (Ben oui, je ne vais quand même pas dire "dieu", ce serait hors-propos)
Musicalement, la galette est d'assez courte durée pour être appréciée. Ni trop courte, ni trop massive, elle est d'une durée assez parfaite pour une production "Trve" pareille. Le groupe n'évite cependant pas les longueurs parfois vraiment saoulantes ("Invocação ao Reino das Sombras", quel titre ennuyeux).
Mais globalement, le groupe s'en tire avec les honneurs, car on trouve quand même de quoi manger sur cette pièce de Black. De très bons riffs, comme sur "
Infection of flesh", une voix possédée et parfois surprenante ("Into Thy
Obscure Realm"), et une batterie sobre alternant mid-tempos et blasts souvent assez longs. Pour une fois que je trouve une galette de "TBM" accrocheuse, je ne vais pas cracher dans la soupe.
En résumé,
Satanize nous offre un disque correct, ni bon, ni mauvais, qui fera passer un bon moment aux pvristes et aux curieux. Soyons francs, ça ne casse pas trois pattes à un curé, mais l'efficacité est là. Et c'est tout ce qu'on demande.
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