Zifir signifie le goudron en turc et c'est dire si le Black de ces messieurs est pour le moins sombre et noir. Etrange me direz-vous, de trouver des groupes de Black
Metal en Turquie qui prônent le satanisme et sont fondés sur un sentiment anti-religieux et blasphématoire. Mais ce n'est pas l'un des seuls, on compte aussi
Zulmet, Lucem,
Ohol Yeg ou autres
Ilkim Oulanem, et le Malin peut les compter parmi ses enfants, l'obscurité, la misanthropie, et la noirceur de l'esprit n'ayant aucun rapport avec l'origine d'une personne...
A l'écoute de
Zifir, on se croirait à une messe noire, plus particulièrement sur ce dernier jet incantatoire "
Demoniac Ethics", autrement dit l'éthique démoniaque, la science des démons, et vous pourrez presque y déceler une présence maléfique et malsaine en écoutant le dernier rejeton des Turcs. Depuis ses débuts, le groupe livre un Black pour le moins suffocant, angoissant et irrespirable, plus particulièrement sur les deux premiers full-length "
You Must Come with Us" et "
Protest Against Humanity" fleurant bon la dépression et offrant un plongeon dans les abîmes. Quant à "
Kingdom of Nothingness", le précédent jet de 2017, il m'avait laissé un peu sur ma faim, je le trouvais beaucoup moins prenant, mollasson, et sans grandes variations tant au niveau du chant que de la rythmique. Ceci dit, en dépit de mid-tempo pratiquement omniprésents sur ce nouvel opus, les compos sont plus riches, et les titres sont beaucoup plus limpides donc pour ma part, cet album est bien plus plaisant à écouter que son prédécesseur, même si personnellement, je ne trouve pas l'artwork attrayant...
Voilà un album lourd, pesant et difficile d'accès que j'appréhende moi-même différemment selon les écoutes, le Black de
Zifir étant tellement angoissant et l'atmosphère si plombée et particulière. Le chant est assez proche de Count Youri Pestilentis
Von Ginquie du one man band
Zulmet, bien raw et rocailleux, excepté sur les passages incantatoires en chant clair inspirant le chaos et la malfaisance. C'est qu'il y a des albums que j'apprécie selon les instants, mes humeurs, mes états d'âme, et même si l'on peut éventuellement attribuer une note sur un ensemble d'écoutes, je ne mettrai pas de note à cet album car mon avis reste mitigé à chaque nouveau rituel auditif... En outre, l'atmosphère est si prégnante d'un côté et de l'autre si toxique et irrespirable que l'écouter à foison pourrait s'avérer nocif alors qu'avec parcimonie c'est un disque que je savoure amplement. Entre autres, ce "
Demoniac Ethics" inspire un profond malaise et l'ambiance, l'atmosphère, se veulent vraiment uniques donc c'est extrêmement loin d'être un mauvais disque chiant et sans saveur.
En somme, il est certain qu'un gros travail a été effectué pour instiller un tel parfum de mort, et provoquer chez l'auditeur un profond malaise au point que vous pourriez en pâtir au bout d'un nombre prolongé d'écoutes. Comme dit, à vous ou non de choisir de balancer vers le côté obscur en écoutant à outrance ce "
Demoniac Ethics" et laisser les démons qui sommeillent en vous se propager... En tous cas, le feeling est là, et ceux qui recherchent l'émotion et une expérience auditive unique peuvent se jeter sur cet album; quant aux fans de Black à la vitesse d'exécution accrue, véloce et technique, passez votre chemin, vous n'y trouverez qu'une petite déjection sonore...
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