Depuis près de deux décennies déjà, nombreuses sont les formations metal symphonique à chant féminin à se succéder au sein du prolifique espace metal brésilien, le plus souvent inspirées par
Nightwish et consorts, dont ce jeune quintet originaire d'Araçatuba. Encore inconnu dans nos contrées et peu popularisé dans son pays, le combo sud-américain entend pourtant marcher sur les pas de ses compatriotes de
Vandroya,
Brightstorm,
Lyria ou Finita, et jouer les outsiders avec lesquels il faudra désormais compter. Toutefois, tenter de faire trembler les
Beyond The Black,
Elvellon,
Sleeping Romance,
Metalwings et autres
Walk In Darkness relèverait de la gageure pour les nouveaux entrants. Consciente de cet état de fait, la vaillante troupe a pris le temps nécessaire à la maturité de ses compositions, n'accouchant de son premier bébé, le présent EP 5 titres «
Delirium », qu'une année suite à sa sortie de terre, en 2014.
A bord de l'astronef, nous accueillent : la frontwoman aux cristallines modulations Bruna Moreira, suivie de Larissa Melinsky et Daniel Constuchenko aux guitares, Luis Monteiro à la basse et Guilherme Moura à la batterie. De cette étroite collaboration émane un laconique message musical, n'excédant guère les 25 minutes, mais jouissant d'une ingénierie du son de fort bonne facture. Enregistré, mixé et mastérisé aux Oásis Studios par le claviériste Éder Muchiutti, l'opus ne laisse entrevoir que d'infimes sonorités parasites tout en dispensant une péréquation de l'espace sonore entre lignes de chant et instrumentation. Des arrangements orchestraux aux petits oignons doublés d'une belle profondeur de champ acoustique viennent compléter le tableau, autorisant dès lors l'écoute d'un seul tenant de la menue rondelle. De quoi nous pousser à la lecture des cinq vivifiantes, envoûtantes et romantiques pistes d'obédience rock'n'metal mélodico-symphonique aux enchaînements sécurisés...
Le combo brésilien semble doté de cette capacité à concocter ces séries d'accords qui font mouche, nous assignant dès lors à résidence. Ainsi, on n'éludera que malaisément les vibes enchanteresses exhalant des entrailles de «
Painful Fate » ; tubesque et ''nightwishien'' mid tempo aux riffs épais, à la basse résolument vrombissante et agrémenté d'un léger tapping, voguant sur une ligne mélodique aussi exigeante eu égard à son jeu d'écriture qu'ensorcelante. Mis en exergue par les chatoyantes inflexions de la sirène, couplets finement ciselés et refrains immersifs à souhait glissent avec célérité dans nos tympans alanguis. Dans cette dynamique, décochant ses riffs en tirs en rafale adossés à une rythmique au débit certes contenu mais crocheté, et bien qu'un poil plus complexe quant à sa technicité instrumentale, l'enivrant et ''delainien'' mid tempo syncopé « Empty
Search » s'avère tout aussi apte à figurer dans les charts.
Lorsque le convoi orchestral s'emballe un tantinet, l'aficionado du genre ne résistera pas davantage à la vague de submersion qui va s'abattre sur lui. Et ce, à l'aune de «
Beyond the
Cry », entraînant et charismatique effort rock'n'metal mélodico-symphonique que n'auraient renié ni
Delain ni
Xandria ni même
Within Temptation. Glissant sur un infiltrant cheminement d'harmoniques et pourvu d'un bref et intrigant mais seyant solo de guitare, cette tonique offrande se fait aussi dévorante que frissonnante. Autre hit en puissance à mettre à l'actif de nos acolytes, qui ne sera pas sans générer un headbang bien senti et qui, assurément, ne s'évanouira qu'à l'ultime souffle du brûlot.
Assurément la pépite de la galette, synonyme de must have signé par la troupe sud-américaine.
Quand il nous mène en d'intimistes espaces, le collectif nous adresse ses mots bleus les plus sensibles, avec, pour effet, de nous pousser dans nos ultimes retranchements et de voir perler la petite larme sur la joue. Aussi, harmonisant de délicats arpèges au piano, une rythmique émoussée, une gracile flûte samplée et un habile picking à la guitare acoustique, suivant parallèlement le courant d'une radieuse rivière mélodique, l'hispanisante ballade atmosphérique «
Beneath » ne saurait rater sa cible. A la maîtresse de cérémonie, eu égard à ses enveloppantes et sinueuses volutes, de contribuer à rendre cet instant privilégié des plus poignants. Bref, une corde de plus, et non des moindres, à ajouter à l'arc de nos acolytes... Et ce ne sont ni les sensibles gammes échappées du maître instrument à touches ni les limpides patines de la belle infiltrant « Candle Light » qui nous feront lâcher prise, tant s'en faut. Fortement chargée en émotions, et non sans rappeler un
Stream Of Passion estampé « Darker Days », cette mélancolique ballade a-rythmique à la coloration latina fera plier l'échine à plus d'une âme rétive.
Au final, nos acolytes nous offrent un set de compositions à l'inspiration féconde, témoignant d'un réel potentiel technique, au demeurant judicieusement exploité, et de qualités mélodiques difficiles à prendre en défaut. Ayant soigné sa production d'ensemble tout comme ses enchaînements inter-pistes et ses arrangements, la troupe nous immerge au cœur d'un propos certes dans un mouchoir de poche mais octroyant un confort auditif que d'aucuns pourraient avoir à lui envier. Ce faisant, la formation brésilienne devra, en revanche, se détacher quelque peu de l'empreinte de ses maîtres inspirateurs pour permettre à son projet de gagner en épaisseur artistique.
Si l'on appréciera la diversité atmosphérique du propos, et notamment la touche latina, on aurait cependant souhaité une palette plus étoffée en matière d'exercices de style (instrumentaux, fresques, alternatives stylistiques...), l'une ou l'autre joute oratoire inscrite au cahier des charges ainsi qu'un zeste d'originalité supplémentaire pour nous sustenter. Mais nos compères ont encore le temps de peaufiner leurs gammes et de revenir plus fort dans la course, par le truchement d'un album full length, par exemple, que l'on espère sorti de terre dans un avenir proche. Nos acolytes auront alors de quoi tenir la dragée haute à leurs concurrents patentés, d'où qu'ils viennent. Wait and see...
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