Bien que l’
Europe représente désormais une force de frappe considérable sur la scène brutaldeath actuelle, certains pays restent encore en retrait, tel l’Espagne qui manque encore de formations véritablement motrices dans le style,
Avulsed (le groupe de l’incontournable Dave
Rotten) alignant quant à lui des réalisations d’une qualité assez variable au fil des ans. Formé en 1996, fort de deux albums et désormais signé chez le label nord américain
Brutal Bands (
Devourment,
Element, Incinerate),
Human Mincer pourrait bien devenir la future sensation hispanique de cette scène extrême.
Enregistré au Sandman Studio madrilène et masterisé par le célèbre Allan Douches (
Beneath the
Massacre),
Degradation Paradox impressionne d’entrée par la puissance et la qualité du son. Le couple basse / batterie très tapageur de David & Guillemoth soutient remarquablement le riffing massif de Miguel et son palm muting déchirant. L’accordage très bas des guitares et l’addition du guttural de Phlegeton, d’un grognement porcin à la limite de la caricature (on reste toutefois loin des déglutitions d’
Angel Ochoa dont que ne suis pas spécialement fan), donnent alors une coloration proche du slamdeath. Toutefois, le côté rapide et complexe des compositions de
Human Mincer rappelle avant tout son ancrage dans des sphères brutaldeath & techniques.
Degradation Paradox lâche ainsi une série de salves destructrices, tel Sculpturing Himself
Atrocity et Dyskinetic
Martyr Modification aux riffs assassins, ou encore Macromutation Overflowed et le très bon Turbulent Migratorious Conceptions aux successions de blast-beats et palm muting particulièrement serrés. En revanche, l’utilisation abusive d’harmoniques et l’extrême lourdeur des guitares empêchent le détachement des morceaux, instaurant dès lors une certaine linéarité durant les 26 courtes minutes de l’album.
Degradation Paradox marque un palier important dans la carrière de
Human Mincer, qui gagne incontestablement en précision et professionnalisme entre deux albums. Sa brutalité est telle, qu’il ne se recommande en premier lieu qu'aux amateurs de sensations fortes, ne craignant pas les avalanches de blast-beats et les tremblements gutturaux. Toutefois, malgré une technique et une maîtrise notoires, le groupe espagnol ne parvient pas à briser l’interchangeabilité de ses morceaux, manquant parallèlement d’une pleine personnalité, comme nombre de ses homologues actuels. En tout cas, la puissance dégagée par son nouvel effort reste fichtrement impressionnante, invitant chaque deathster à suivre désormais sa carrière de très près.
Fabien.
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