Reality Grey fait partie de ces formations à la carrière pour le moins atypique. En effet, le groupe italien s'est formé il y a déjà dix ans mais ne comptait jusque là à son actif qu'un seul full-length, un EP et une démo. Pire encore, le groupe n'avait plus refait parler de lui depuis ce dernier EP ("
Day Zero") sorti il y a déjà 6 ans. Le label compatriote Bakerteam, qui a parfois le nez creux (comme en témoigne l'excellent premier album de
Lahmia en
2012) propose alors un deal au désormais quintet pour la mise en boîte d'un second album.
Reality Grey débarque alors cette année avec "
Define Redemption", une offrande de neuf titres et quarante minutes qui marque donc la reprise d'activité du combo. L'album se voit agrémenté d'un artwork sombre et sobre, sérieux à défaut d'être transcendant. Comme toujours avec une période aussi longue d'inactivité, couplée à des changements de line-up ( nouveau batteur et guitariste notamment) on est en droit de se poser quelques questions quant à la santé du groupe, voyons voir ce qu'il en est.
Dès que démarre "Ascension Lapse", on est d'entrée surpris (dans le bon sens du terme) par cette prod monstrueuse de puissance et de clarté : les grattes sont tranchantes, la batterie tabasse, un véritable mur du son nous est offert.
Reality Grey peut dès lors laisser parler tout son potentiel (contrairement à son premier album à la production assez bancale) et nous offrir sa musique : un death mélo aux accents modernes où la puissance est le maître mot.
Le riffing proposé puise dans diverses influences : acéré et agressif, typique du mélodeath dans certains cas ("
Deadlock", "I
Despise"), parfois saccadé avec cette dimension ouvertement moderne ("Ascension Lapse") empruntant au core ou encore massif et bien lourd ("
Rot Of
Nation" ou "
Hypocrisy Breeds
Hatred"). Le jeu de batterie est le plus souvent tapageur (n'hésitant pas à placer des blasts meurtriers) mais offre également quelques cassures qu'on pourrait apparenter à des breakdowns. Quant aux vocaux, Tommaso propose la classique alternance scream/growl (même s'il s'avère plus efficace dans ce dernier), poussant plus rarement vers un chant clair axé metalcore (titre d'ouverture et de fin).
Si le rythme de l'opus est majoritairement très soutenu et que l'aspect ultra-puissant et, osons le mot, "brutal" prédomine,
Reality Grey fait montre d'une grande intelligence. Dans l'agencement de ses titres d'une part, intercalant des pistes groovy aux riffs accrocheurs entre ses brûlots ("
Rot Of
Nation" ou le magistral mid-tempo "
Hypocrisy Breeds
Hatred"). Dans leur composition même d'autre part, systématiquement illuminés par des solis magnifiques et très travaillés (celui de "
Dead Lock" qui fait pas mal penser à
Words Of Farewell) mais également par de rares passages plus édulcorés (le refrain du morceau-titre final).
Que dire en conclusion ? Eh bien
Reality Grey marque pas mal de points avec ce second album, qui pourrait bien être celui de la révélation les concernant. Les italiens ne manquent en effet pas de grand chose (peut-être quelques refrains plus mémorables, une ou deux tueries) pour venir talonner les sommets dans ce mélodeath moderne qui fait de plus en plus parler de lui. "
Define Redemption" devrait ravir les amateurs de puissance, technique et modernité.
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