Liste des groupes Death Technique Fecundation Decomposition of Existence

Ce n'est un secret pour personne, en matière de musique, la Corée du Sud n'est pas vraiment connue pour produire autre chose que de la K-pop. Et pourtant, il existe bel et bien des groupes de metal originaires de ce petit pays asiatique, ne serait-ce que le groupe de death mélodique Remnants Of The Fallen. Mais cette scène, bien qu'ayant encore du chemin à faire puisque mal connue en dehors de la péninsule, est toutefois pleine de ressources. Et c'est ce que nous allons voir avec le groupe d'aujourd'hui nommé Fecundation.

Formé en 2013 à Séoul par le chanteur guitariste Jong Ha Jeong et le batteur Jae Yoon Kim, le combo s'est entretemps entouré d'un bassiste et a sorti un premier album en 2015 nommé "Cadaveric Rigidity". Seulement, celui-ci n'a pas vraiment fait parler de lui. Mais les Sud-Coréens n'ont nullement baissé les bras, revenant en force avec un deuxième album qui, lui, risque de faire plus de bruit. Un changement de membre est toutefois à signaler depuis le dernier opus : l'arrivée d'un nouveau bassiste, Kei Sunano.

En jetant un œil sur la pochette, on est en droit de se demander en quoi cet album se distinguera des autres puisqu'on se retrouve plongé dans une atmosphère assez putride de par ce foetus en plein milieu d'un univers faisant penser à un estomac en décomposition, un peu comme le dernier méfait de Cenotaph, ou encore au regard de ces titres de chansons qui, comme les Turcs cités un peu avant, relèvent tous des champs lexicaux de l'infection ou de la maladie ? A noter toutefois que les Sud-Coréens, à l'inverse des Turcs, ne raffolent pas des titres à rallonge. Mais se limiter à la pochette serait extrêmement réducteur...

Après une introduction laissant entendre les gargouillements morbides d'un estomac en pleine décomposition pendant près d'une minute, voilà que débarque le premier titre "Abolishment of Existence" ; celui-ci a à peine démarré que l'on est pris dans un tourbillon de violence, à la fois par la vitesse d'exécution des instruments, et parce que dix secondes plus tard, on se retrouve écrasé par un slam pachydermique à la Disgorge, avant de repartir à fond les manettes dans la tourmente. Pas de doute, les Coréens sont là, et ils ont envie de faire le plus mal possible.

Les Coréens se définissent comme un groupe de death technique. Effectivement, la musique jouée ici est très technique ; que ce soient par les changements de rythmes comme sur "Putrid Dead Flesh" ou encore les soli endiablés de "Intestinal Diverticulum", nos acolytes nous prouvent qu'il y a du niveau derrière. Mais cette appellation est à nuancer car, dans l'ensemble, on est beaucoup plus proche de Suffocation que d'Obscura. La preuve : bien qu'il y ait une haute technicité, les musiciens ne cherchent pas à jouer à "qui fera plus complexe que moi", la basse n'est pas aussi jazzy que chez leurs confrères allemands, et nos instrumentistes n'étendent pas leur niveau sur de longs morceaux, chacune des neuf chansons de l'album tournant autour des trois minutes et quelques. Ce faisant, on retrouve quelques slams comme sur "Odd Maggots Hatch" que n'aurait pas reniés Disgorge, dissimulés ici et là pour bien insister sur la violence qui va s'abattre sur celui qui posera ses oreilles sur ce disque, et ils ne sont jamais de trop.

Bien évidemment, le brutal death metal étant un style rongé jusqu'à l'os, on peut se demander si ce disque parviendra à se différencier de la masse. Non pas que ce soit mauvais ou indigeste, mais disons que ça reste vraiment dans les canons du style. Un autre point négatif est que les puristes pourront éventuellement reprocher à la production d'être un peu trop propre, ne faisant pas ressortir le côté poisseux du disque. Mais ça, c'est selon l'opinion de chacun. Donc pas de nouveauté à l'horizon puisque la seule once d'originalité ne se trouve que dans le fait que les musiciens soient sud-coréens. Cependant, on détient un bon disque qui, en plus, est bien équilibré et s''écoute facilement d'une traite. Une fois notre parcours achevé, on en vient à penser que la Corée du Sud peut se targuer d'avoir chez elle du death metal de qualité !