La scène metal française marseillaise à produit ces dernières années un petit nombre de formations à fort potentiel dont certaines ont pu faire une percée non négligeable hors de nos frontières à l'instar de
Galderia,
ACOD ou
Stonecast. Elles n'ont certes pas pu surfer sur un succès comparable à celui de leurs aînés comme
Dagoba ou
Eths, mais ont pu néanmoins attirer l'attention et constituer une fanbase plutôt fidèle au cours des années.
Debackliner allait alors tenter, lui aussi, de rejoindre cette petite famille.
Debackliner s'est formé sur les cendres d'un "The
Omega" plein de fougue mais alors encore immature. C'est lors de l'enregistrement de leur album éponyme en 2014 que les choses vont se stabiliser et prendre un tout autre tournant en particulier artistique. Les deux têtes pensantes du combo, Tom Pognante & Remi Caleca, dont la musique se veut résolument Heavy malgré de fortes velléités modernes, vont se séparer de leur frontman du moment Jtrom. Un gros challenge se présente alors: il ne s'agit pas seulement de faire le bon choix artistique, mais aussi de sauver un album qui aurait très bien pu ne jamais voir le jour. Le groupe s'en remet donc aux conseils de leur ingé son et co-producteur Tom Tiberi, à la tête du Freaky Dog Studio, artisan d'une grande partie des productions discographiques locales, pour le choix du futur chanteur.
Ce choix se porte sur Bob Saliba, un gaillard sur-actif de la scène locale, alors guitariste soliste & compositeur de
Stonecast; chanteur clair dans
Ninmah, se permettant aussi bon nombre d'incursions dans le rock prog via son projet solo Bob
Oliver Lee ou Quiet
Human avant d'être aussi recruté dans
Galderia. Bon nombre des disques de ces formations ayant été enregistrés au Freaky Dog Studio, c'est en écoutant l'album de Quiet
Human "
Leaders to the Starry Skies" que le groupe jette son dévolu sur leur futur frontman. Fait rare, le nouveau chanteur est alors directement auditionné sur les prises de l'album en cours d'enregistrement, difficile de faire plus direct pour convaincre le reste du groupe, et est alors directement recruté.
Ce premier album est un album résolument taillé pour le live avec sa section rythmique bougrement efficace grâce à la batterie de Serge Servise & la basse galopante de Tom Pognante. Ses guitares omniprésentes rappelent souvent Iron Maiden, l'une des influences majeures du groupe, mais sont à des milliers de kilomètres malgré tout sur le plan du rendu et de l'atmosphère qui s'en dégage. L'alchimie entre les 2 guitaristes Remi Caleca et Eric Luvera est du plus bel effet. Et la voix rocailleuse, chaude, aussi bien à l'aise dans les aigus que dans les graves de Bob Saliba peut aussi rappeler l'école Coverdale ou
Jorn Lande, et apporte la touche finale qui aurait cruellement manqué à l'ensemble. A noter les nombreuses incursions vocales du guitaristes Remi pour les voix death qui rajoutent une certaine originalité et une violence certaine.
Pandora démarre l'album et pose les bases de l'ensemble dans une rigueur qui restera constante tout le long, refrain prenant et riff entêtant, suivie d'un Rise of
Angel beaucoup plus énigmatique mais tout aussi énergique où les voix death de Remi donnent la réplique à celles puissantes et mélodiques de Bob.
Children of the
Night et son thème un peu kitsh nous rappelle les 80s et présente une intro toute en progression particulièrement intéressante, la partie narrative grave de Bob apporte une ambiance supplémentaire. Vient ensuite le single de l'album
Werewolf qui résume bien l'album: rentre dedans, mélodique, riffs cisaillés et efficaces et des lignes vocales impeccables. Erase the Hordes nous plonge un tantinet dans des sonorités orientales où le chanteur se lâche et démontre la puissance de sa voix qui pourrait tout aussi bien coller à un disque de heavy rock; le solo de guitare y est là encore vraiment réussi et de haute volée.
Mr Jack aborde le thème du célèbre tueur en série et balance de nouveau une sacrée puissance dans les tympans avant de laisser la place à The
Omega, clin d'oeil à l'ancienne identité du groupe, titre plus long et joliment orchestré dans sa partie prog centrale, refrain de nouveau redoutable et final rendant hommage au bon Heavy.
Jolly Roger nous fait lui voguer sur un vieux galion et annonce encore un titre plus long qu'à l'accoutumée. La song est sacrément réussie même si l'allusion à Iron Maiden est ici plus évidente... Un titre sur lequel le démonstratif Bob arborera un tricorne lors des quelques concerts du groupe...
Circle est le titre ultime de ce disque. Ce morceau direct et percutant, violent et chaleureux à la fois, rend hommage à tous ceux qui ont soutenu le groupe jusque là. Attention touchante d'un groupe à ses supporters mais qui n'empêchera malheureusement pas
Debackliner de splitter quelques mois après la sortie de l'album en cette année 2016, via le label
Pitch Black Records, faisant pourtant bénéficier au groupe d'une distribution mondiale.
Cet album est un condensé d'énergie d'un groupe qui se sera brûlé les ailes un peu trop vite, ses membres préférant retourner à leurs autres aspirations ou projets respectifs et évoquant banalement des divergences artistiques lors de leur séparation. Un mélange de Heavy bien classique dans son style, mais sacrément moderne dans ses sonorités et indubitablement authentique dans son approche créative. Il aura aussi peut-être permis d'être révélateur de talents et nous faire espérer un jour une suite à suivre sinon pour
Debackliner, pour d'autres formations à venir...
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