Reconnu sur la scène underground avant même d’avoir sorti son premier full length,
Heresiarch n’est pas réputé pour faire dans la dentelle. En effet,
Hammer of Intransigence et
Waelwulf avaient déjà fait parler la poudre en 2011 et 2014, et tous les amateurs de cette scène blackened death néo zélandaise ultra barbare et extrême attendaient impatiemment le premier véritable album de la horde de
Wellington.
Eh bien, autant dire que les nostalgiques de
Diocletian et des débuts de
Witchrist en auront pour leur argent : à l’image du char d’assaut qui illustre si subtilement la pochette,
Death Ordinance ne semble vouloir laisser aucun survivant durant ces 42 minutes de destruction totale. Sur le Consecrating
Fire introductif, la machine
Heresiarch se met lentement en branle, se frayant un chemin sanglant et broyant impitoyablement les corps morts ou vivants qui se trouvent sur son passage avec une lourdeur obscène qui donne le tournis. Cette volonté de tout annihiler s’incarne d’emblée par un son titanesque, un mur réellement écrasant formé par la guitare et la basse ainsi que la frappe lourde du batteur, d’ailleurs force est de constater que depuis
Waelwulf, le quatuor a bien affûté ses armes pour préparer sa nouvelle bataille, notamment les vocaux de N.H. toujours plus démentiels, avec un guttural plus inhumain et maladif que jamais, et cette flopée de soli hystériques qui nous tombent dessus sans crier gare comme une pluie de napalm qui nous ronge la chair jusqu’à l’os.
Ceci dit, ce n’est qu’avec Storming Upon Knaves que le carnage commence vraiment, titre de 3,18 minutes à la sauvagerie jouissive et incontrôlable mené par un martelage de fût épileptique et continu, un riffing gras et lourdingue qui siffle comme des milliers d’obus déchirant un ciel en flammes et un soli hurlant qui pue le chaos et la déchéance mentale. Là-dessus,
Harbinger vient encore accélérer le rythme, avec ces salves de batterie mitrailleuse et ce riffing roulant et bourdonnant qui nous assomme de sa lourdeur poisseuse. C’est sur ce genre de morceaux qu’
Heresiarch délivre pleinement sa puissance de feu, libérant une violence inouïe et implacable comparable à celle d’un berserker en pleine crise d’amok (le terrible début de
Ruination à la folie quasiment grind, le court et terrassant Lupine Epoch). Il se dégage de l’ensemble de l’album une bestialité exaltée et jubilatoire, incontestablement guerrière, qui alterne avec une ambiance terriblement poisseuse exhalant la mort par tous ses pores, et on penserait presque à un croisement jouissif entre Sadistik
Execution - sans le côté fun – et
Archgoat – l'aura sataniste en moins: en un mot comme en cent, les membres volent, les os craquent, et le sang gicle par hectolitres, bref, on n’est pas là pour rigoler.
Ceci dit, à l’image de ses confrères de
Diocletian,
Heresiarch sait donner un certain relief à ses titres, et parvient heureusement à aérer un peu l’ensemble, alternant les rythmes, et passant parfois d’une sauvagerie hystérique à une menace plus sourde et rampante (
Ruination, avec certains mid gras et d’autres rythmes lents et écrasants qui nous oppressent dans cette débauche de violence, Righteous Upsurgence à la lourdeur jupitérienne et à l’ambiance à couper au couteau). Par contre, lorsque le quatuor s’essaye à des titres plus longs où la pesanteur domine, la sauce ne prend qu’à moitié (Iron Harvest, par exemple, ou
Desert of
Ash à l’arrière-goût de
Witchrist qui clôt l’album en tirant un peu en longueur), car soyons clairs, ce n’est pas ce qu’on attend des Néo Zélandais.
En bref, tous les metalleux de l’extrême adeptes d’un war metal ultra brutal peuvent se jeter sur ce premier album d’
Heresiarch les yeux fermés.
Pas novateur pour un son, très compact et un peu difficile à s’enfiler d’une traite tant il est lourd et suffocant,
Death Ordinance fait parfaitement le taf, à savoir tout annihiler sur son passage. Le vieux tank
Bolt Thrower a fini par rendre l’âme l’année dernière après trente ans de bons et loyaux services ? Qu'à celà ne tienne, en 2017, la nouvelle machine de guerre s’appelle
Heresiarch et elle est bien plus violente, puissante et destructrice que la précédente. Vivement la troisième guerre mondiale, putain !
Assurément un album qui va compter cette année dans le genre.
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