Terre de conflits depuis ses origines, de par son histoire et sa situation géopolitique, Israël n’est pas réputé pour être un berceau métallique, bien que le territoire hébraïque abrite certaines formations de notoriété publique comme
Melechesh,
Orphaned Land,
Betzefer ou encore
Bishop Of Hexen. En ce début 2015, c’est un de ses derniers rejetons,
Shredhead, actif depuis 2007, officiant dans un « thrash-metal » de facture « old-school » et prenant ses racines musicales du côté de la Bay
Area, qui fait parlé de lui. Composé de Yotam Nagor à la guitare, de Aharon Ragoza au chant, de Roey Kahana à la batterie et de Leelo à la basse, le combo publie son deuxième long format intitulé «
Death Is Righteous » chez Mighty Music.
« Devils race » débarque sans crier gare, sans que les présentations d’usage ne soient faites ou la moindre introduction de bienvenu, à grands coups de riffs puissants et rapides. D’entrée, nous sommes interpellés par la qualité du son, concocté par Tue Madsen, qui joue véritablement les gros bras et ajoute du poil aux compositions des israéliens. Côté puissance,
Shredhead n’est pas en reste, les accords « speedés » et furieux se succèdent comme sur « Devils race », évidemment, mais aussi sur accélérations rageuses de « The lie » et de « Last words are lost », le deuxième couplet de « LPBZ » ou encore les refrains du morceau titre ou celui de « Witness hell ».
Afin de donner de la variété son propos,
Shredhead a su incorporer de nombreux breaks massifs (« The lie »), pachydermiques ou lourds (« Hallucinations », « Witness hell »), saccadés (« LPBZ », « Last words are lost »), ou alambiqués (« Devils race »), annihilant, de ce fait, tout sentiment de linéarité. Ces cassures renforcent également l’impact des accélérations et vice-versa.
Douées d’une redoutable efficacité, les compositions du quatuor présentent aussi un côté moderne inédit jusqu’alors, de par les plans saccadés, des chœurs « hardcore » virils ou, au travers des passages « groovy », lorgnant directement sur les légendaires
Pantera, le timbre de Aharon Ragoza n’est pas sans rappeler celui de Phil Anselmo, frôlant même le plagiat par moment. Il suffit de jeter une oreille à « Devils race », au refrain de « Can’t be left alive » ou, les morceaux « The lie » ou « I am » pour en être convaincu. D’ailleurs, outre son influence « panteraesque » évidente, ce titre dénote du reste de l’opus d’abord par un riff principal féroce et massif, puis par un « groove » imparable, mais surtout par un accordage des guitares plus bas, rendant le son plus gras et moins générique, amenant une facette plus sale et brute, une piste sur laquelle
Shredhead devrait insister pour son futur. A ce morceau, j’ajouterai le hargneux et violent « Hallucinations » qui sort du lot par sa férocité, « Witness hell » pour son efficacité, et, « Can’t be left alive » dont le rythme entraînant est une véritable invitation au headbanging.
Si «
Death Is Righteous » se révèle qualitativement supérieur à «
Human race », il persiste cependant quelques défauts. D’abord, et du aux origines du groupe, il aurait été de bon aloi d’apporter quelques touches exotiques à l’ensemble, ce qui aurait apporté une personnalité plus affirmée aux morceaux de «
Death Is Righteous », qui, il faut bien le reconnaître, en sont totalement dénuée. Aussi, et même si cela amène de la modernité, l’influence
Pantera est bien trop audible. Pour finir, quelques parties flirtant avec le quelconque ou le « bateau » (le refrain banal de « LPBZ » par exemple) et certains riffs redondants, comme sur « Walk with the dead », auront raison de mon enthousiasme.
La volonté indéniable du groupe est d’attraper l’auditeur à la gorge, pour ne relâcher l’emprise qu’en toute fin de disque et, force est de constater, que cette entreprise de constriction est assez bien réussie. Le riffing féroce, la rythmique alambiquée, entrecoupée de moments « groovy », les breaks massifs, vont laisser quelques nuques douloureuses. Mais le fantôme
Pantera, bien trop visible, le manque de personnalité et quelques passages « passe-partout » viendront noircir le tableau. «
Death Is Righteous » se révèle bien supérieur à son prédécesseur et souligne donc les nombreux progrès accomplis par
Shredhead, ce qui est évidemment encourageant pour leur avenir.
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