En arriver quasiment à son dixième album en presque 2O années et n'avoir q'un seul album noté sur la base de
Spirit of
Metal, faut avouer qu'il faut le faire. Méconnaissance générale de ce côté-ci du Rhin donc pour
Bitterness. C'est fort de ce petit exploit que nos Allemands déboulent en force avec les armes prêtes à séduire le chaland. Jugez plutôt : un mix et mastering confiés aux mains expérimentées d'Harris Johns, ex-chantre des gloires old-school germaniques, une pochette colorée du spécialiste Bouzikov, et une distribution effectuée par G.U.C., label Germain déjà porteur de
Antipeewee ou
Deny The Urge. Faut dire que
Bitterness tourne énormément, surtout en Allemagne :
Plus de 300 concerts à leur actif, voilà de quoi aborder ce nouvel album avec des à priori plutôt favorables à l'heure de découvrir ce trio.
La base musicale de
Bitterness est très axée thrash. Les riffs sont efficaces dès le tapageur "A
Bullet, A Day", et le son parfait pour le genre. Somme toute assez classique, le thrash de nos Allemands du Sud peut évoquer la scène américaine de la côte ouest autant que celle de leur pays d'origine dans les moments les plus furieux (le
Destruction le plus mélodique). Les vocaux de Frank Urscher évoquent un Schmier qui renierait ses cris, avec un grain et un placement de voix assez similaire.
Plus posé quoi, à l'image du titre éponyme, mid-tempo pesant réussi qui renvoie un peu sur sa petite accélération vers un
Holy Moses, mais finit en un fade-out bien... fade.
Pas exempt d'influences de la première vague de thrash Bay-
Area,
Bitterness réussit le grand écart entre les deux scènes, avec un petit parfum
Heathen parfois loin d'être dégueulasse, la classe en moins ("
Blood Feud").
Ainsi, tout au long des 9 morceaux (dont un instrumental final que n'aurait pas renié le
Testament période The New Order, et une intro anecdotique),
Bitterness lorgne vers les eaux où
Artillery, Flotsam&Jetsam ou
Necronomicon pour faire l'écart des deux côtés de l'Atlantique ("Let
God Sort 'Em All" vrai abécédaire) nagent depuis quelques années/albums.
Pas déméritant toutefois dans ses développements ("None
More Black"), ni maladroit,
Bitterness applique consciencieusement les figures "made in thrash metal", avec riffs alternés, palm-mutings et plans typiques du genre (le début de "Forward Into the
Past", bien punchy, mais mille fois entendu, malgré de chouettes soli). Autre exemple, le gros morceau du disque ("
Blood Feud" 7'31" au compteur) qui ouvre en arpèges pour prendre une rythmique épaisse toute Exodusienne, si sa puissance n'est pas remise en cause, l'influence
Metallica pointe le bout du nez en milieu de titre sur un pont typique, contribuant à faire de l'album un melting pot de différentes influences nobles, mais sans réellement décoller, ni coller au plafond. Et surtout terriblement convenu.
La recette concoctée par
Bitterness est simple, et fait le grand écart entre deux scènes. Mais pour un groupe aussi ancien, le manque de personnalité reste flagrant. Ajoutez néanmoins un zeste de mélodie bienvenue à cette potion, et
Bitterness constitue la recette idéale pour passer trois petits quarts d'heure pas déplaisants, parfois même bien amenés, mais nullement indispensables, faute à une identité somme toute assez peu présente, qui ne provoquera guère de rejets massifs, mais assez peu d'émotions au final.
Petite faute sur le nom du groupe au début de ta conclusion sinon excellente chronique comme d'habitude ;)
C'est corrigé, merci.
A quelques exceptions près (Slayer, Overkill), je ne suis pas très fan du Trash Bay Area. Je lui préfère le trash plus evil comme les sorties des groupes Bonded ou Assassin (des Ex-Sodom) que je vous conseille au passage. Aucune chance a priori que je ne m'attarde sur cette galette donc. Merci pour la chro.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire