L’émotion pure. Simple. Sincère. Crue et honnête, avec autant de fragilité que de délicatesse, d’approximation que de vérité. Cela reflète souvent les premiers pas, les premiers mots, les instants encore fugaces où l’innocence permet de se découvrir totalement, de ne rien prévoir ni calculer par anticipation à une quelconque réaction connue. L’instant béni où le résultat n’a d’autre objectif que de représenter fidèlement une pensée ressentie et non consentie par l’autre. L’innocence, simplement…
Artistiquement, c’est majoritairement ces premiers pas qui, de manière nostalgique, représentent la quintessence d’un talent, d’une âme et de ce que voulait vraiment réaliser le fondateur de l’œuvre à l’époque. Les premiers albums sont souvent les préférés et ce n’est pas un hasard. Les influences y sont parfois flagrantes, les défauts peuvent être présents mais une vibe positive en ressort souvent, bien que rien ne soit évidemment systématique dans ce milieu.
Lorsque l’on découvre
Nine Skies, un nom apparait instinctivement :
Steven Wilson. Dans la musique, dans les mélodies vocales, les arrangements, le son…on peut autant penser à son projet solo qu’à
Porcupine Tree ou Blackfield…
Certes, le résultat est encore fragile et la production friable est là pour le rappeler mais pour un premier ep trois titres (de plus présenté dans un très esthétique digipack A5), il est indéniable qu’un talent certain se dégage de "
Dark Void". Formé par Anne-Claire et Eric, la première composant et écrivant les paroles tout autant que l’aspect graphique et photographique du groupe (dont le très réussie artwork qui n’est pas sans rappeler le travail de Jerry Uelsmann, notamment connu pour son travail sur le "Train of Thought" de
Dream Theater) et le second jouant la musique et s’occupant de la conception des riffs.
Musicalement, on retrouve cette atmosphère lente et emplie de tristesse, se basant sur des arpèges et des mélodies très fines, flirtant plus volontiers avec le rock progressif car le metal ou le doom comme on peut le voir sur les fiches promo de
Nine Skies. "
Dark Void" est probablement le titre ressemblant le plus à
Porcupine Tree, les similitudes vocales étant parfois proche d’un certain mimétisme. Bien que la production manque de puissance, le style pratiqué s’exerce parfaitement car il demande une émotion plus qu’une agression. Les mélodies de guitares accrochent facilement l’auditeur pendant que la batterie tisse une rythmique faussement simple, se complexifiant sur le final pour justement prendre ses lettres progressives plus intensément. "Last
Winter" se veut ensuite plus chargé, avec plusieurs pistes vocales et des chœurs qui apportent un aspect plus grandiloquent à l’ensemble.
"She’s Gone" est le titre le plus intéressant de l’ep, principalement car elle se veut la plus originale et qu’elle incorpore des éléments nouveaux. Le saxophone apporte une mélancolie immense, pleine de beauté et porteuse d’émotions funestes. Une âme se dégage véritablement de la fin de la composition, où l’instrument se mêle à un solo de guitare ainsi qu’à une voix fatiguée, affaiblie et à bout de souffle.
Au final, il est difficile de juger véritablement un si court extrait pour un groupe, l’ensemble ne faisant que dix minutes. Néanmoins, il est possible de remarquer un talent certain et une qualité d’écriture qui, si elle empreinte beaucoup d’idées à ses pairs, laisse entrevoir de belles choses pour l’avenir.
Pas de note car je trouverais cela peu utile ici, mais un bon début pour mettre le pied à l’étrier. Reste à confirmer ça sur un premier album !
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