Au cœur des premiers instants du deathmetal suédois, principalement à Stockholm,
Carnage se forme dès 1989 autour du guitariste Michael Amott, qui débauche successivement deux compères du tout aussi jeune
Dismember fondé une année auparavant, à savoir Fred Etsby puis David Blomqvist, ce dernier ayant également joué quelques mois au sein d'
Entombed en 1989. Peu après la sortie de la demo-tape
Infestation of Evil, le quatuor (sans Johnny Dordevic) rejoint dès février 1990 l’ingénieur du son Tomas Skogsberg aux Sunlight Studios pour les sessions de son premier album
Dark Recollections, succédant ainsi à
Entombed (Ex-
Nihilist) qui termine tout juste l’enregistrement de Left
Hand Path.
Si Michael Amott reste le principal acteur du groupe,
Dark Recollections contient toutefois quatre morceaux issus du répertoire de
Dismember, à savoir Blasphemies Of The
Flesh,
Deranged From
Blood, Self-
Dissection et Death
Evocation. Ami avec Bill Steer et Jeff Walker du groupe
Carcass avec qui il correspond régulièrement, le jeune leader rejoint parallèlement leur petit label
Necrosis Records, branche d’Earache ne comptant qu’un album des hardcore-grinders d’Electro-Hippies (l’ancien groupe de Jeff) ainsi que le culte
Horrified des deathsters de
Repulsion.
Dark Recollections part ainsi avec un handicap dès sa sortie en fin d’année 1990, souffrant directement d’une comparaison avec Left
Hand Path ayant déjà renversé la jeune communauté deathmetal, partageant le même ingénieur du son et le même illustrateur. Sa parution chez
Necrosis Records davantage considéré comme un sous-label d’Earache et sans les mêmes outils promotionnels, mais aussi son partage initial en split-CD avec un Hallucinating
Anxiety des norvégiens de
Cadaver encombrant, sont également autant d'éléments pénalisant l’album à l'époque.
Intrinsèquement,
Dark Recollections n’a pourtant guère à rougir face à son concurrent direct, bluffant par sa qualité de mise en place et d’interprétation malgré la jeunesse de ses interprètes. Le riffing entêtant du titre éponyme en ouverture, les passages poignants de
Deranged From
Blood, la lourdeur du climat de Blasphemies of the
Flesh sont autant d’atouts poussant l’album vers les sommets du genre, hier comme aujourd’hui. Cet ensemble dégage en outre une atmosphère incroyablement dense et sombre, renforcée par le son granuleux des guitares d’Amott & Blomqvist (l’une des plus belles captures de Tomas Skogsberg) et par le chant guttural très grave de Matti Karki.
Exécuté de main de maître,
Dark Recollections séduit ainsi grâce à son riffing tranchant et ses breaks percutants, apportant un plaisir d’écoute toujours renouvelé. Dans l’ombre de Left
Hand Path à sa sortie, l’album compte parmi les réalisations cultes du deathmetal suédois, ayant largement contribué à la reconnaissance du style. Malheureusement, très peu de temps après la sortie du disque, le jeune prodige Michael Amott quitte la formation pour s’embarquer en Angleterre rejoindre
Carcass, lui ayant déjà proposé le poste de second guitariste par le passé. De leur côté, Etsby, Karki & Blomqvist reprennent en main les activités de
Dismember en s’inscrivant dans la parfaite continuité de
Carnage, formation d'une durée de vie certes éphémère mais inestimable et inoubliable dans les esprits.
Fabien.
Oui effectivement, Dark Recollections dégage une ambiance très sombre, qui m’avait de suite séduit à sa sortie et l’avait même hissé en première place de mes quelques albums de deathmetal suédois de l’époque, peut-être par souci de démarcation de mes confrères, qui sait ? Le temps passant, bien de que mon estime de Left Hand Path eût toujours été très forte et ne fût jamais démentie, je dois admettre combien ce disque est progressivement passé d’une seconde place dans mes albums deathmetal scandinaves à cette adoration sans limite. Dans tous les cas, nous avons affaire à deux monuments du style. Quant à cette piètre rédaction, je viens de la rendre un peu plus acceptable. ++ FABIEN.
Disque n'ayant en effet aucunement à rougir face au premier Entombed, seule la sortie un brin tardive par rapport à Left Hand Path a manqué à ce disque référentiel. Sombre, prenant, et néanmoins mélodique à souhait. Soulignons bien sûr également la qualité des 2 démos, incluses dans la réédition Earache de 2000. This is deathmetal.
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