Encore un énième groupe de metal symphonique à chant féminin, sans doute voué comme tant de ses pairs à une disparition prématurée des tabloïds me direz-vous, et vous auriez raison, à quelques nuances près toutefois...
Né en 2019 d'une idée originale communément partagée du claviériste Ruben Wijga (ex-Revamp, ex-
Epica (live)...), du guitariste
Jord Otto (ex-Vuur, ex-Revamp, ex-
Mayan (live)...) et de la mezzo-soprano et parolière Marcela Bovio (
Mayan, ex-
Stream Of Passion, guest chez
Epica,
Ayreon,
The Gathering, Vuur, projet solo...),
Dark Horse White Horse est un projet metal symphonique progressif harmonisant les talents et les influences de trois artistes aguerris, aux parcours pour le moins éclectiques, jouant à plein la carte de la complémentarité de styles pour tenter de l'emporter. Quelles seraient alors ses atouts majeurs pour faire du trio néerlandais un épouvantail parmi ses si nombreux homologues ?
Déjà à la tête de deux singles («
Black Hole » et «
Judgement Day », tous deux sortis en 2020), le combo accouchera dans la foulée d'un EP éponyme modeste de ses 22 minutes sur lesquelles ne se succèdent guère plus de cinq pistes (dont les deux singles). Dans ce dessein, nos trois gladiateurs se voient escortés, pour l'occasion, par l'expérimenté batteur Ariën van Weesenbeek (
Epica,
Mayan, ex-
God Dethroned, guest chez
Delain,
Imperia...) et le claquant bassiste Siebe Sijpkens (Phantom
Elite, Inferum (live)...). De cette étroite collaboration émane un propos certes dans un mouchoir de poche mais racé, volontiers pulsionnel, voire rageur, empreint d'insoupçonnées subtilités mélodiques et des plus enivrantes, dans le sillage de
Stream Of Passion, Revamp,
Xandria,
Delain, Volturian et consorts, la touche personnelle en prime.
Le laconique effort jouit d'une ingénierie du son rutilante signée Jos Driessen (sollicité, entre autres, par
Ayreon,
Epica,
Blind Guardian,
Mayan,
Ex Libris,
Xandria,
Stream Of Passion). Mastérisé et mixé par le claviériste Joost van den Broek (Star One, ex-
After Forever, guest chez
Ayreon,
Epica,
End Of The Dream, Revamp,
Xandria...), tout comme
Mayan,
Nemesea,
Powerwolf, HDK,
Sound Storm, parmi tant d'autres, l'opus bénéficie d'une péréquation de l'espace sonore entre lignes de chant et instrumentation. Une carte de visite loin d'être anodine, témoignant d'un réel souhait de la part de nos acolytes d'en découdre sérieusement, et ce, dans un registre metal où abondent les jeunes loups aux dents longues...
C'est sur une cadence effrénée que s'effectue la majeure partie de la traversée, l'inspiré combo essaimant çà et là quelques gemmes sur son chemin. Et la magie ne tardera pas à opérer sous le joug des vibes enchanteresses inscrites dans l'adn du tempétueux «
Judgement Day » ; un mid/up tempo aux riffs épais, où vrombit une basse fulminante et où se déploient tels des fils d'une toile d'araignée les magnétiques modulations de la sirène, que l'on découvre un poil plus puissantes et aiguës qu'à l'accoutumée, doublées d'une parfaite tenue de note et assorties d'une délicate touche latina. Aussi savoure-t-on un cocktail heavy mélodico-symphonique et progressif à mi-chemin entre un
Stream Of Passion des premiers émois,
Xandria et Revamp, où de subtils effets de contrastes atmosphériques se doublent d'un refrain catchy. Bref, une tubesque offrande qui pourrait bien laisser quelques traces indélébiles dans les mémoires de ceux qui y auront plongé le tympan.
Plus complexes sans pour autant tomber dans les travers d'un technicisme exacerbé, s'ils peuvent nécessiter plusieurs écoutes circonstanciées avant de se voir apprivoisés, d'autres passages ne se révéleront guère moins impactants. Ce qu'atteste, tout d'abord, «
Black Hole », un mid tempo metal symphonique progressif aussi étourdissant que pétri d'élégance, où de délicats arpèges au piano cohabitent avec une section rythmique insatiablement frondeuse et où les franches attaques dans les notes en voix de tête de la belle interpelleront autant qu'elles saisiront le fan d'un classique
Stream Of Passion. Bien qu'empreint de ponts instrumentaux un brin dissonants, eu égard à ses enchaînements intra piste ultra sécurisés et ses arrangements d'excellente facture, le brûlot poussera irrémédiablement à une remise du couvert sitôt l'ultime mesure envolée. Empreint de sensualité et d'une intarissable vivacité, l'intrigant et organique « The
Spider », lui, feint de nous égarer de son inspirant tracé mélodique pour mieux nous retenir in fine. Se faisant à la fois magmatique, tourmenté et frissonnant, ce mid/up tempo aux riffs corrosifs à la confluence de
Stream Of Passion,
Delain et Volturian, ne manque ni d'allant ni de panache. Et la sauce prend, une fois de plus...
Mais la troupe est allée jusqu'à repousser plus loin encore ses propres limites, s'affranchissant dès lors des frontières qu'imposent les codes d'un metal symphonique classique pour flirter avec le metal moderne et l'électro rock. Une prise de risque parfaitement assumée et relevée de main de maître par nos acolytes. Aussi, si d'énigmatiques rampes synthétiques et de nombreuses variations rythmiques s'invitent à la danse, c'est d'un battement d'ailes que l'entêtant refrain exhalant des entrailles de « Get
Out » cueillera le tympan du chaland. Mis en habits de lumière par les poignantes montées dans les notes haut perchées de la belle, ce mid tempo progressif estampé metal moderne, au carrefour entre
Delain, Metalite et Volturian, ne lâchera pas sa proie d'un iota. Dans une visée électro, un zeste expérimentale, le mid/up tempo à la basse vrombissante «
Cursed », pour sa part, abonde en coups de théâtre. Se plaisant à nous projeter sur des charbons ardents sur lesquels semblent danser les puissantes et rayonnantes impulsions de la princesse et de glaçants choeurs spectraux, le mystérieux et tonique effort ne se quittera qu'à regret.
Fruit d'un travail de longue haleine, porté par la féconde inspiration compositionnelle de ses auteurs patentés, marqué tant par la prégnance que par l'imprévisibilité de ses cheminements d'harmoniques et doté d'un petit supplément d'âme le rendant particulièrement liant, ce premier essai n'aura pas tari d'armes pour asseoir sa défense.
Plus encore, s'éloignant à l'envi de leurs modèles identificatoires sans pour autant tourner le dos à leurs fondamentaux symphoniques, nos libertaires compères personnalisent autant leur propos qu'ils lui confèrent une belle épaisseur artistique. Sans omettre ni les soufflantes volutes de Marcela, ici ponctuées de screams d'une belle tenue, nous faisant alors découvrir une autre facette des talents de la diva, ni les prouesses techniques des instrumentistes, ni une production d'ensemble ne souffrant pas l'ombre d'une irrégularité. Aussi, nos gladiateurs nous insufflent-ils une vague aussi dévastatrice qu'imprévisible...
Le single "Judgement Day" est vachement heavy, avec de super riffs. Par contre du coup, la chanteuse est trop clean je trouve, sauf lorsqu'elle se lâche plus sur la fin...
Merci pour ce retour! Il est vrai que Marcela exploite aujourd'hui plus largement qu'hier son énorme potentiel, offrant par là même de nouvelles facettes de ses talents. En fait, à la lumière de sa chatoyante tessiture et de ses vibrantes et identifiables modulations, que l'on décèle sur la majeure partie de l'opus, on la retrouve fidèle à ce qu'elle fut chez Stream Of passion. Et ce, tout en démontrant sa capacité à se renouveler, notamment au regard de ses prises de risques en voix de tête, au demeurant parfaitement asssumées. Une manière habile d'unifier les tendances, finalement, état de fait permettant aux fans d'hier et d'aujourd'hui de s'y retrouver.
J'ai écouté d'autres titres, c'est vraiment bien, et le contraste entre la musique et le chant est intriguant. C'est marrant, elle a l'air toute douce, espiègle, alors que les autres derrière envoient du pâté...
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