Absent du microcosme métallique depuis une bonne dizaine d’année, depuis l’extinction d’
Anorexia Nervosa, Stefan Bayle (guitare) effectue son come-back avec son nouveau projet,
Au Champ Des Morts. Le quatuor, composé alors de Stephan Bayle (guitare), de Wilheim (batterie, Neurasthénie,
Execution), de Cécile Gonzales (basse, Olen’k) et de Migreich (guitare,
Vulv), publia en 2016, un Ep 2 titres prometteur intitulé «
Le Jour Se Lève ». Cet enregistrement scellera la base de ce premier full-lenght nommé «
Dans la Joie », publié à la fin du premier mois de cette cinquième année post-apocalyptique, et qui verra le quatuor évolué en trio après le départ de Migreich.
En préambule, il est nécessaire de souligner que, tout comme «
Le Jour Se Lève », l’artwork de «
Dans la Joie » est l’œuvre de Dehn Sora, et que cet enregistrement s’est effectué aux Drudenhaus Studio, sous la houlette du maître à penser de la formation, Stephan Bayle, le tout, mis en publication par Debemur Morti Production.
Inutile de préciser que le titre, l’imagerie et le contenu de ce disque, sont antinomiques, car de joie, il n’en est aucunement question dans ce premier méfait d’
Au Champ Des Morts. Faussement estampillé « post black-metal » par son label, «
Dans la Joie » est un album lorgnant directement sur un black-metal hautement dépressif. En effet, le véritable point fort de ce disque, réside dans les ambiances développées, à la fois obscures, désenchantées et suicidaires. Le morceau éponyme, « Le Sang, La
Mort, La Chute » ou « L’Etoile Du Matin » fileraient le bourdon au plus gai des clowns, l’envie de se pendre au bout d’une corde, est bien réelle.
Ces atmosphères sont renforcées par de nombreuses harmonies magnifiques et très addictives comme sur «
Dans la Joie », « La Fin Du Monde », « Après Le
Carnage » ou « Nos Décombres ». Ces mélodies mélancoliques et tristement belles, attraperont les futures proies auditives pour les amener dans l’univers du combo, situé au tréfonds de l’obscurité abyssale des ténèbres, où la lumière ne sera jamais plus.
Les structures des compositions alternent entre moments écrasants ou pesants (« Le Sang, La
Mort, La Chute » ou « L’Etoile Du Matin »), aériens, planants et apaisés comme le majestueux « La Fin Du Monde », le tout, souvent transcendé par des blasts furieux (« Nos Décombres », « Après Le
Carnage » ou « Contempler L’Abîme »), assurant un dynamisme certain à l’ensemble, permettant à «
Dans la Joie » de ne jamais s’essouffler, la globalité est enrobée, évidemment, d’une tristesse communicative et envoûtante.
La production et la mise en son de cet enregistrement est assez impressionnante, surtout pour un premier album. Tous les instruments sont parfaitement audibles et équilibrés, le son est massif et organique, puisque les captations se sont faites en conditions « live », sur de vieux amplis Marschall et avec des pédales d’effet des années 80. A ce propos, il est à noter que «
Dans la Joie » ne renferme absolument aucune note de synthé.
Nonobstant l’interprétation sans faille des compositions, Stefan Bayle étonne par son organe vocal. Ses éructations, bien qu’ancrées dans le style pratiqué, se veulent plus désespérées que la moyenne et, très souvent, empreintes de souffrance, ajoutant à l’obscurité ambiante de l’ensemble, qui n’en manque pourtant pas. Les thématiques abordées tournent autour de la mort sous toutes ses formes, passant de la mort individuelle, par la mort du monde actuel, les charniers, l’errance ou la déconstruction.
«
Dans la Joie » est très peu souvent mis en défaut et, si votre serviteur voudrait jouer les rabat-joie, je dirais que certains titres traînent un peu en longueur. Aussi, la délivrance de cette œuvre en configuration scénique me laisse sceptique, car, sous la forme d’un trio, cela relèvera d’un véritable défi, la formation sera certainement attendue au tournant.
Même si «
Le Jour Se Lève » en augurait, «
Dans la Joie » est une immense surprise, pour un premier essai,
Au Champ Des Morts réalise presque un coup de maître. «
Dans la Joie » est un condensé de mélancolie et de tristesse, à la fois addictives et envoûtantes, qui ne laissera personne indifférent.
Au Champ Des Morts s’impose clairement comme un outsider sérieux dans le genre, sur lequel il faudra compter.
Merci pour ta chronique!
Merci pour la chro. Poto
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