Vivier inépuisable du heavymetal européen (sans oublier le Royaume-Uni), l’Allemagne a compté une légion de formations dès la fin des années 70, et plus particulièrement durant les années 80. La sortie du quatrième album d’Accept en 1982, avec son morceau d’ouverture ‘Fast as a Shark’ à la rapidité explosive, aura été quant à lui l’un des détonateurs de l’accélération du rythme et de l’intensification du double pédalage sur la grosse-caisse chez ses compatriotes. Toutefois, si l’âge d’or de ce courant nommé speedmetal peut être précisément être situé vers 84-86, et son plus gros foyer européen outre-Rhin (sans compter le même phénomène outre-Atlantique (US/Canada)), ses contours auront toujours eu du mal à être définis, notamment en Allemagne, scindée d’un côté avec les groupes speed plus ou moins édulcorés penchant vers un heavymetal à la Accept et de l’autre vers un thrashmetal agressif à la
Destruction (qui déboule dans le paysage dès 1984), avec au centre une poignée de fous furieux pied au plancher comme
Mad Butcher. Bref, dès 1984, c’est une avalanche speed teutonne qui déboule, pour citer les premiers albums d’
Atlain,
Brainfever,
Grave Digger,
Gravestone,
Living Death,
Running Wild,
Steeler,
Stormwitch ou
Tyrant.
Formé en 1982 autour d’Essen dans le bassin de la Ruhr,
Lions Breed s’ancre quant à lui dans la mouvance heavy/speed exempte de thrash, style qui dominera progressivement sous l’essor de Sodom,
Kreator et
Destruction. Si sa première demo-tape de 1983 renferme encore un heavymetal traditionnel, son premier disque
Damn the Night paru en 1985 (et idéalement capturé au prolifique 'studio Wahn' de Ralf Hubert) accélère quant à lui largement le tempo, à grands renforts de double pédalage, particulièrement sur les morceaux Heavy Current, Searover, All
Night Be Damned, Neon City et
Lady of the
Night, qui forment à eux cinq le socle purement speed de l’album.
Outre le couple basse / batterie si entrainant de la paire Bork / Ecker et la voix d’Ulrich Rohmann si harmonieuse, le point fort de
Lions Breed réside dans le talent de ses deux guitaristes, Thomas Sopha et Alex Julius, gratifiant chaque morceau de soli mélodieux et vertueux, pour citer l’intervention magique de Thomas au cœur d’Heavy Current. De plus, grâce à leur montée en puissance et à leurs mélodies directement accrocheuses, chaque titre s’imprime facilement dans l’esprit, pour revenir immanquablement trotter dans un coin de la tête,
Damn the Night ne demandant au final qu’à retourner noblement dans la platine.
L’année 1985 est faste pour le jeune label allemand
Earthshaker dirigé par Alex Thubeauville, fort des bons albums livrés par
Steeler,
Living Death,
Mad Butcher,
Atlain,
Breaker, Xxaron et
Lions Breed. L’écurie sera toutefois aussi éphémère que notre groupe allemand, Alex Thubeauville continuant l’aventure en fondant le précieux label Aaarrg Records aux côtés de Ralf Hubert (
Mekong Delta), tandis que toute l’équipe de
Lions Breed se rebaptisera
Scanner dès 1986, après le départ de son chanteur, en se dirigeant vers un power/speed mélodique qui lui apportera une reconnaissance internationale grâce l’album Hypertrace paru chez Noise Records en 1988. Moins connue, la première partie de carrière du quintette est en tout cas remarquable. Solide, harmonieux et entrainant,
Damn the Night dégage en effet une fraicheur et une énergie éclatantes, disque pleinement inscrit au cœur de cette vague heavy/speed teutonne qui traverse une belle année 85.
++ FABIEN.
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