Les italiens de
Damn Freaks ne semblent toujours pas avoir digérer la fin de leur décennie fétiche, voulant faire de « retour vers le passé » leur leitmotiv. Nous voilà donc revenu approximativement 30 ans en arrière, période faste du
Hard Rock dans sa forme la plus commerciale, période peuplée d’êtres dont les coiffes auraient fait blanchir Louis 14 comme il devait l’être après une bonne saignée.
Notre quatuor de Florence signe ainsi son premier essai avec Mighty Music, toujours avide de diversité musicale, avec en prime un bel artwork très coloré et qui a le mérite de planter le décor. Cet album éponyme bénéficie d’un mixage réalisé par Harry
Hess et des prouesses vocales de Lacopo Meille, officiant également dans
Tygers Of Pan Tang. Allons-y !!! C’est parti pour une promenade de près de 40 minutes au pays des cheveux longs permanentés et peroxydés, des batteries gigantesques et des accessoires vestimentaires aussi nombreux qu’improbables.
Avec une indécrottable bonne humeur,
Damn Freaks officie dans version américaine la plus édulcorée du hard made 80’s, plus proche donc d’un
Bon Jovi, d’un
Ratt ou encore d’un
Dokken que d’un
Slayer ou
Exodus. Plutôt que de ne jurer par la rapidité et la violence, il est plutôt ici question de mélodies sucrées et surtout conformes à la recette originale, et sans prise de risque aucune.
Tel le chevalier qui servait la cause du
Lion Blanc, vous retrouverez une machine à riff, incarnée par Marco Tori, qui pourrait, à quelques détails près (et pas seulement capillaires), être fils spirituel de Vito Bratta. Dès le mid tempo «
Poison Apple », notre homme use et abuse des riffs emblématiques et de soli à tout va, comme à la belle époque. Malheureusement un tel déballage de plans peut paraître bien prétentieux et loin d’être indispensable. Les lyrics pétris d’insouciance de ce «
Poison Apple » en font un titre est passable, et vous renverra peut-être (ou peut-être pas) à vos préoccupations post-adolescentes… Lacopo Mielle adopte ce tirant lui aussi typique de cette période, ne dénaturant absolument pas l’ensemble. Mais sur ce titre, ainsi que dans d’autres, les backings se révèlent encore trop approximatifs et absolument pas mis en valeur par un mixage faible et manquant de relief.
Damn Freaks ne se cantonne heureusement pas au mid tempo, montrant aussi une bonne vigueur dans la rapidité dans « Break The Chains » (tiens donc…) cassant une certaine monotonie qui aurait pu être fatale à l’album. Mais pour ce second titre, il manque aussi ce « je ne sais quoi » qui pourrait permettre de casser une linéarité trop présente. De même, il manque ce petit surplus d’énergie qui fait que l’ensemble décolle très difficilement.
Manque d’audace, peu original, un peu anémié,… le tableau que je dresse peut paraître bien négatif, il y a tout de même de bonnes surprises telles que «
Dream Highway », ou encore le groovy «
Burning Up », proche d’un
Winger proposant un contenu attachant et bien léché.
Oui, il y a aussi des ballades, trois pour être précis, et là, tout comme peut être, je crains le pire et m’apprête à dégainer. « Sea Of Love » ne fera pas exception, se montrant bien trop brut de décoffrage, notamment au niveau des arrangements quasi-inexistants et qui auraient pu donner le soupçon d’authenticité que nous attendons tous… « Secret
Path » se montrera un peu plus intéressant et convaincant, permettant à Lacopo d’adopter une voix plus posée et une harmonisation à plusieurs guitares apportant plus de corps. Enfin, « Broken
Wings » offre un titre acoustique et surtout un peu plus de diversité. De bonnes harmonies vocales se mêlant avec une section rythmique arrivant un peu plus tardivement mais capable de faire mouche. Est-ce finalement là le style de prédilection de notre formation ?
Côté son, ça pêche un peu, on sent bien cette volonté d’apporter un son suranné mais là on frise le pénible. Harry
Hess a dû s’arracher le peu de cheveux qui lui reste pour éviter un son qui aurait pu être trop brouillon, surtout pour les morceaux les plus rapides. Mission réussie pour notre homme, du moins en partie, le son manquant malheureusement de puissance et de mordant. Au surprise, ce côté un peu « rond » convient parfaitement à la ballade « The Way I Feel » qui s’en trouve sublimée, grâce notamment à la profondeur de la batterie.
Les 8 titres fleurent encore un certain amateurisme, offrant un contenu un peu trop simple et calqué sur ses ainés pour ne pas trahir un manque de maîtrise. Un lot d’imperfections, peut être, mais des compositions ayant ce côté positif et authentique, parfois même attachant. Est-ce que le groupe aurait percé dans les années 80 ? Y’a du riff, y’a de la technique et y’a tous les ingrédients pertinents du hard FM et du Hair metal… 30 ans plus jeunes et avec une belle tronche de Bad boy post-pubère peut-être. Est-ce que le groupe peut percer de nos jours ? Il y a des redondances, du déjà entendu, certes mais aussi des inconditionnels diront que le voyage vers le passé ne s’avère pas si désagréable. Pour les autres,
Damn Freaks ne sera qu’un énième maillage dans le canevas des nombreuses formations nostalgiques. Et qui s’embrasse à regretter le passé perd le présent…
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire