Liste des groupes Metal Symphonique Dakuri Dakuri & Friends (Acoustic)

Après Anna Fiori, Anabantha, Dryadia, Elitania, Fortaleza, Lithian, Melphomene, Mutum, parmi tant d'autres formations issues de la prolifique scène metal symphonique à chant féminin mexicaine, c'est au tour de ce jeune combo créé en 2019 à Mexico de se lancer dans l'arène, non sans afficher une certaine prudence dans sa démarche. En effet, déjà à la tête de cinq singles (« Prophecy », « Vision », « Time Out » et « La Bruja » en 2020, suivis de « Inner Mist » un an plus tard), le collectif latino-américain en a repris quatre pour son introductif et présent EP, « Dakuri & Friends » ; auto-production modeste de ses 17 minutes, où les-dits singles nous sont livrés en version acoustique et dispensés sous forme de duos féminins et mixtes en guitare/voix. Une originale et intimiste mise en bouche offrant un regard alternatif des plus subtils aux versions initiales, que l'aficionado du genre ne saurait éluder...

Pour rappel, le guitariste/bassiste Alex Rojo et sa comparse, l'auteure/compositrice et interprète au gracile filet de voix Itzi Guadiana, et leurs acolytes nous immergent originellement au cœur d'un metal mélodico-symphonique classique aux relents latino, dans la veine de Stream Of Passion, Diabulus In Musica, Against Myself, Fortaleza, Anabantha, et consorts. Cette fois, nos deux maîtres d'oeuvre évoluent de concert, conférant à leur propos authenticité, félinité, sensualité et chatoyance. Pour l'occasion, ont été requises les empreintes de vocalistes aguerris, dont Jhoana Storm (Eluria), Beth Santillán (Everlight), Cheves Miranda (Wry Clown, Lemuria) et Uidemar Draven (Ulthar). De plus, la laconique offrande se voit valorisée par une qualité d'enregistrement difficile à prendre en défaut, celle-ci n'accusant que d'infimes sonorités parasites. Mais entrons sans plus attendre dans la petite goélette en quête de pépites intimement enfouies dans sa cale...

Nos compères ont équilibré à parités égales pistes enfiévrées, mises à l'honneur par des duos mixtes, et plages tamisées, encensées, quant à elles, par des voix féminines claires en parfaite osmose. Parmi les titres les plus énergisants, s'inscrit, en premier lieu, « Vision », entraînant mid/up tempo power symphonique aux riffs crochetés et aux fulgurantes accélérations, dans le sillage coalisé d'Against Myself et Anabantha. Ici dispensé en un aérien et délicat low tempo aux subtils arrangements instrumentaux, le méfait laisse entrevoir un duo mixte en voix claires évoluant à l'unisson, les attaques en voix de gorge de Cheves Miranda se lovant dans les fluides ondulations de la princesse. D'autre part, eu égard à son radieux paysage de notes et ses enchaînements des plus sécurisants, le travestissement acoustique de l'engageant mid/up tempo « Time Out » ne saurait davantage esquivé. Mettant en regard les sensibles impulsions d' Uidemar Draven et l'angélique filet de voix de la diva, ce manifeste dans la veine de Diabulus In Musica se fait des plus enveloppants.

Lorsque la cadence se fait un poil moins vive, le spectacle ne sera pas moins au rendez-vous de nos attentes, le combo offrant dès lors d'hypnotiques alternatives aux versions originales. D'une part, s'écoulant au fil d'une mélodicité toute de fines nuances cousue et non sans évoquer Fortaleza, la ballade atmosphérique « Inner Mist » se voit ici magnifiée par un duo de déesses en totale symbiose, les cristallines patines de Jhoana Storm trouvant écho dans les subtiles variations de la maîtresse de cérémonie. Et la sauce prend, sans tarder. Non moins envoûtant, le mid tempo « Prophecy », à la confluence de Stream Of Passion et Fortaleza, se voit ici mué en une ballade romantique jusqu'au bout des ongles doublée d'une magnétique touche latina. Unissant alors les caressantes et limpides inflexions de Beth Santillán et de la frontwoman, l'instant privilégié laissera quelques traces indélébiles dans les mémoires de ceux qui y auront plongé le pavillon.

Pour son premier jet, le combo mexicain nous livre une œuvre des plus enivrantes et pétrie d'élégance, où authenticité formelle rime avec chatoyance atmosphérique. Jouissant d'une production d'ensemble et d'arrangements instrumentaux de bonne facture, le modeste opus nous gratifie parallèlement de duos bien habités et opportunément positionnés dans la tracklist. Démarrer les hostilités par un set de compositions en version acoustique est une démarche peu courue par leurs pairs, certes apte à procurer d'authentiques plaisirs pour les fans du genre, mais aussi constitutive d'une réelle prise de risques pour un groupe encore peu popularisé dans ce registre metal. Mais nos valeureux gladiateurs ont encore bien le temps d'affûter leurs armes pour se muer en de redoutables challengers. On pourra néanmoins s'immerger dans cet océan de félicité, pour de grisantes escapades acoustiques...