Autant le deathmetal connait de sérieuses avancées techniques ces dernières années, autant de nombreuses formations s’évertuent inversement à conserver l’essence même du style des premières années,
Winterwolf étant largement rattaché à cette seconde mouvance. Le groupe finlandais se forme en 1997, mais est rapidement mis en sommeil au profit de l’investissement de ses interprètes au sein de
Deathchain. Le line up original lui redonne toutefois une seconde vie en 2006, pour finalement rejoindre l’écurie Xtreem Music et livrer son premier album complet à l’automne 2009, tout d’abord en simple version vinyle, le format CD ne suivant qu’au début de l’année suivante.
Winterwolf compte notamment en son antre Antti Boman, l’ancien growler de
Demilich, dont chaque deathster garde en mémoire ses régurgitations particulièrement chargées en hémoglobine. Antti partage pour l’heure son micro avec Tommi Viranta et, loin de ses déjections du passé, possède désormais un timbre vocal toujours gras mais bien plus limpide, en totale adéquation avec le chant plus rageur de son acolyte.
Musicalement, si
Cycle of the Werewolf bénéficie d’un ancrage purement old school, ses compositions étant bâties sur une alternance de rythmiques tapageuses & accrocheuses, et un riffing privilégiant le feeling à toute forme de technique, le premier album de la troupe ne sonne pas finlandais pour deux sous, quoiqu'un peu
Demilich sur les bords. En effet, dès les premiers accords, la ressemblance avec le son des premiers albums d’
Entombed et
Dismember saute aux oreilles.
Winterwolf est en effet parvenu à la manière des germains de
Fleshcrawl à trouver le grain de guitare si particulier que les groupes suédois de l’époque obtenaient aux Sunlight Studios de Tomas Skogsberg, avec cette distorsion granuleuse si caractéristique.
Il ne suffit ainsi que du titre d'ouverture Phamtoms of Madness pour effectuer le rapprochement avec les oeuvres cultes Left
Hand Path et Like An
Ever Flowing
Stream des deux précurseurs suscités, et s'immerger corps et âme dans cette atmosphère qu’une densité à couper au couteau. Les thèmes de lycanthropie abordés par
Winterwolf et idéalement mis en image par ce loup garou aux cent visages, collent ainsi judicieusement à ce climat de mort, qui saisit directement aux tripes.
Cycle of the Werewolf contient ainsi son lot de pépites, depuis les guitares fines & entêtantes de Lycantrophic
Aeons jusqu’au rythmes percutants d’All Shall Be Eaten, en passant par l’impensable Shadows Howling and
Doom aux accélérations fracassantes, sans compter sur la force de son break central et de son solo court mais idéal. Multipliant les clins d’oeil aux ténors de la vieille époque, notamment au cours de la reprise
Cenotaph de l'invincible
Bolt Thrower,
Winterwolf parvient en revanche difficilement à varier le riffing de ses morceaux, qui manquent d'une singularisation permettant de faire la différence.
Plongeant immédiatement le deathster quelques vingt années en arrière,
Winterwolf livre ainsi un brillant hommage aux débuts du deathmetal suédois, en reprenant habilement ses codes pour une bonne leçon d’efficacité. Toutefois, si
Cycle of the Werewolf possède indéniablement la couleur d’un culte Left
Hand Path ou d’un
Dark Recollections, restituant leur ambiance épaisse avec brio, il ne renferme pleinement ni la folie, ni le riffing si meurtrier des premières oeuvres d’
Entombed ou
Carnage, restant parfois le fruit d’un travail encore trop scolaire.
Fabien.
Disque sympathique et pas prise de tête.
Même si le chant d'Antti Boman est considérablement moins gras que dans Demilich, on reconnait quand même bien son timbre.
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